A tous ceux, très nombreux, qui pensent que hors UE l’Angleterre est perdue, adressons un grand rire moqueur. L’inverse paraît plus probable.
Grâce à la démocratie, tant haïe par les technocrates de Bruxelles, l’esprit de tempête redonne une âme au peuple anglais. La patience est une de leurs grandes qualités. Il a le don de subir longtemps sans broncher. Le goût du risque en est une autre. Les Anglais sont un peuple fier, pragmatique, libéral. Dans ce pays de libre échange et de commerce par excellence, l’aigle de la liberté a refait surface. C’est le peuple et non pas l’élite qui a rétabli la souveraineté que la Grande-Bretagne n’a d’ailleurs jamais entièrement abandonnée puisqu’elle avait conservé sa propre monnaie.
L’Angleterre a montré un autre visage d’elle-même, un visage longtemps caché, celui de sa fibre patriotique. Je dis bien : l’Angleterre autrement dit le peuple et l’élite du pays. Il ne faut pas oublier que c’est le gouvernement qui a décidé de faire voter le peuple alors que la Constitution ne l’y obligeait pas de même qu’il n’est pas non plus légalement obligé de se tenir au résultat du vote. En guise de comparaison, les cantons et le peuple suisses ont un pouvoir constitutionnel non pas de consultation mais de décision. Or force et de constater que la liste des initiatives acceptées par le peuple mais non appliquées est déjà assez longue alors même que l’Assemblée fédérale est tenue par la Constitution, sur laquelle tous les membres ont prêté serment, de mettre en œuvre les décisions du peuple. Dernier exemple en date : l’initiative du 9 février 2014 sur l’immigration de masse qui stipule l’introduction des contingents. A l’état actuel, une grande partie du parlement de même que le gouvernement cherchent à contourner les contingents… Cet irrespect envers le peuple exercé par les acolytes de Bruxelles qui siègent à Berne illustre parfaitement le divorce entre le peuple et son élite et la lente décomposition du système politique et démocratique de la Suisse. Ce ne paraît pas être le cas de l’Angleterre. Que le premier ministre britannique ait donne sa démission après le vote de Brexit, montre au contraire qu’il éprouve un certain respect pour le peuple car il est cohérent de dire qu’on ne peut pas défendre une politique que l’on a combattu auparavant. En Suisse, une telle chose est impensable. Même désavoués par le peuple, les conseillers fédéraux restent en place.
Le resurgissement du la fibre patriotique n’explique pourtant pas tout. Les Anglais savent aussi raisonner terre à terre. Ils se sont dits qu’il y en avait marre de payer pour les autres alors qu’ils ont suffisamment de problème chez eux : chômage, islamisation massives des grandes villes, ghettoïsation, terrorisme, un taux de criminalité assez élevé. etc. Ils se sont dits que plutôt que de donner de l’argent aux autres, il valait mieux penser d’abord à soi-même. Chez les mondialistes multiculturels, ce raisonnement passe pour égoïste. Chez les autres, c’est le simple bon sens. Le même résultat sortirait des urnes si on donnait aux autres peuples riches la possibilité de s’exprimer sur la question. Et pourquoi ? Parce que c’est un raisonnement sain et juste. Il est insensé de demander des sacrifices à un peuple qui souffre déjà passablement dans son pays. Ce qui est injuste et égoïste, c’est la mondialisation sauvage car au nom d’une économie sans frontières, elle crée toujours plus d’inégalité entre les peuples forcés à se déplacer, de dépendance et de précarité chez les gens les plus pauvres. En engraissant les cadres, les bobos des métropoles, les décideurs économiques et politiques, et les fonctionnaires de l’UE, la politique de la mondialisation engendre les inégalités et le racisme qu’elle prétend combattre.
Grâce à son peuple et grâce aux calculs stratégiques erronés de son élite trop convaincue que les Anglais voulaient rester au sein de l’UE, la grande nation qu’est l’Angleterre s’est réveillée. L’Angleterre relève la tête et regarde droit devant. L’Europe contient quatre grandes nations : l’Angleterre, la Russie, la France et l’Allemagne. L’Angleterre vient de se réveiller. Encore faudrait attendre pour voir si ce réveil est durable. La Russie est réveillée depuis la fin du régime soviet et tellement réveillée qu’elle n’arrive même plus à dormir. La France continue obstinément de se renier et d’avoir honte de son passé, et l’Allemagne comme toujours tire son épingle de jeu dans le dos des autres. Elle exerce le pouvoir. Elle fait ce qu’elle a toujours su faire le mieux : travailler dur et imposer son pouvoir aux autres par la force. Et sa force, c’est actuellement l’Euro et l’austérité. Elle avance masqué sur l’échiquier de la guerre économique qu’on nous voile de concert derrière des beaux discours abstraits et vide de sens.
La clique des moneymaker, des nihilistes, des cyniques, et des cruels rationalistes qui nous gouvernent se fiche éperdument d’être aimée. Les peuples ne les aiment pas mais ils s’en fichent. Tout ce qu’ils veulent, c’est imposer à tout le monde la nouvelle société. Et d’amasser chaque jour un peu plus de pactole, peu importe les dégâts qu’ils causent.
Leurs mépris et leur dégoût de la vie sont incommensurables.
Il nous faut en finir avec ses ogres voraces et sans scrupules, formés pour tuer la vie. Les gens n’ont pas besoin de leurs progrès et de leur belle phrases encore moins. Ils ont besoin de choses concrètes, de leur pays et de leur langue ; de places de travail à proximité, de sécurité et d’infrastructure. Ils ont besoin de la liberté d’entreprendre, d’une économie de proximité, d’une économie régionale et locale. Personne n’a envie d’acheter des produits chinois mais on n’a guère le choix. Ils ont besoin de propriété privée, ils ont besoin de faire des économies, ils ont besoin d’échanges et de partage.
Ils ont besoin d’avoir un chez soi, de vivre, d’être heureux, de fonder une famille. Ils ont besoin de prospérité. Ils ont besoin d’être relié à quelque chose ; ils ont besoin de sens, de plénitude et d’amour.
Ils ont besoin de clarté, de courage et de détermination. La précarité est la dernière chose dont ils ont besoin. Mais c’est la première chose qu’on leur offre.