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Inéluctable trop tard

Il n’y a pas, il n’y a plus de solution. C’est fini. C’est, de plus, trop tard. La Ve République s’achève dans le stupre, la sanie et le sang. Nul ne saurait à cette heure prédire la durée de l’agonie. Elle peut se poursuivre encore quelque temps ; quelques mois, quelques années ; mais tous les esprits perspicaces pressentent la fin prochaine et, en tous les cas, en prennent déjà acte.

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Inéluctable trop tard

Il est des signes qui ne trompent pas : en premier lieu, l’incohérence institutionnelle. Devenue une constante du régime ! Patente dans les pouvoirs publics, dans les organes supérieurs de l’État. Manifeste au point d’être ridicule dans le législateur qui n’est plus que divisions, vociférations, anathèmes et menaces ; pesante et rédhibitoire dans le gouvernement tiré à hue et à dia ; assumée stupidement, théorisée confusément, sublimée prétendument dans le « en même temps » chez le chef de l’État qui s’est constitué ainsi une vie à part, séparée de la France au nom de laquelle pourtant il agit, mais qu’il n’aime pas dans sa réalité de chair et d’histoire, loin des Français qu’il méprise et manipule autant qu’il peut pour conserver le pouvoir, de la même manière qu’il s’en était emparé frauduleusement.

Incohérence, trahison et vanité

Cette incohérence tourne à l’aberration et la quasi folie constitutionnelle ; oui, folie et ce n’est pas la première fois en République, comme l’histoire le prouve amplement de la Première à la Troisième et Quatrième République. Ce désordre qui frise maintenant le chaos criminel et meurtrier en tous domaines, se révèle de plus en plus, chaque jour qui passe ; il ne peut que multiplier les occasions de chute et de rechute – et pas seulement sur des motions de censure ! – jusqu’à la crise finale qui sera, comme toujours en République, un désastre général, vraisemblablement cette fois-ci, aussi bien financier qu’économique, social que politique, international que national. Ne restera plus à la nation tout entière, à cette pauvre France, si entichée de ce qui est la cause même de son malheur, tant le régime lui a seriné à longueur de vie et de temps l’excellence de sa République, qu’à essuyer les pots cassés, quand tous les responsables directs de la catastrophe, politiciens ou autres, s’esbigneront – selon l’habitude historique invétérée – après avoir solidement profité de la bonne affaire et tenu devant micros et caméras force propos aussi moraux que martiaux, du genre « il faut », « on doit ». Type, naguère, Paul Reynaud ; type, aujourd’hui, Hollande, qui a achevé de tuer juridiquement et moralement la France par sa législation volontairement antinationale et anticatholique, poursuivie par son successeur Macron aussi dénué de scrupule et aussi déterminé dans l’entreprise de destruction que son prédécesseur, seule continuité réelle de cette République, corrompue et dépravée, qui n’aime que la mort, le vice, l’argent qui court après toutes les veuleries démagogiques, chérissant le mal dont elle se nourrit et stimulant sans cesse l’esprit de haine et de division qui est le ressort essentiel, par la lutte des partis et des Français entre eux, de son existence.

La France à l’encan, condamnée à subir de tels chefs ! Tel est l’idéal républicain qui permet de couvrir les plus ignobles ambitions. Ce qui n’empêche pas Hollande de se croire encore un destin politique, ni de toucher jusqu’au bout du bout les dividendes surabondants de ses prébendes, tout en plaignant du haut de sa villa de luxe et de sa morgue républicaine la misère des pauvres gens de France dans un émouvant argumentaire électoral qui ne lui coûte que la salive qu’il y dépense, ce qui lui permet de déguster ses repas aussi exquis qu’abondants avec d’autant plus d’appétit et cette bonne conscience d’un valeureux républicain. C’est ça l’esprit républicain ; en un mot, c’est ça la République, que les Français, paraît-il, idolâtrent et qui leur sert de religion, de droit suprême et de vérité philosophique, de principe premier, de finalité obsessionnelle, d’eschatologie, bref de système total, global, absolu, de régime parfait conçu comme le paradis qui serait l’aboutissement miraculeux de toute leur histoire. Et ledit régime leur enseigne cette belle leçon dès le plus jeune âge et la leur répète à satiété tous les jours et sur tous les modes. Comment pourraient-ils avoir même l’idée de le contester ? On l’a bien vu lors des Gilets jaunes. C’était interdit de remettre en cause.

Vous pouvez tous les prendre, les dignitaires du régime ; ils sont tous pareils, tous persuadés qu’ils sont faits pour la République et que la République est faite pour eux. Les gens d’en bas, de la périphérie, comme les décrit si bien Guilluy, n’ont qu’à accepter leur sort et se taire.

La posture narcissique du président

Quant à Macron, il tirera toutes les ficelles possibles imaginables pour poursuivre, au-delà de la débâcle française dont il est en grande partie responsable et qui le laisse si visiblement et si totalement indifférent, le destin qu’il se croit appelé à assumer et qui ne saurait se limiter à la « pitoyable France », à ce pays, dans son esprit si dérisoire, dont la présidence n’a jamais été considérée par lui et par ceux qui l’ont fabriqué et propulsé, que comme une étape dans un parcours qui ne fut conçu, dès l’origine, que comme européen et international. McKinsey en sait quelque chose, comme certaines instances anglo-saxonnes, américaines, britanniques, voire germaniques, qui utilisent sa position, dans la fonction qui est la sienne, au service de leurs intérêts et, plus encore, de leurs visées, lui s’imaginant que c’est du donnant-donnant. Toutes les affaires macroniennes plus ou moins obscures ou dissimulées – telle l’affaire Alstom et bien d’autres impliquant des intérêts stratégiques – relèvent de la même combinaison où la prétention mondialiste le dispute à l’orgueil personnel de se croire un grand décideur, alors que le calcul cynique se joint dans pareilles opérations à l’esprit de trahison, si fortement imprégné dans sa substance cérébrale qu’il en devient inconscient. Telle est la République de Macron, alignée sur les intérêts étrangers ; et tout son entourage est de même acabit, ses conseillers principaux travaillent tous dans le même sens. Ceux qui les approchent ou reçoivent leurs ordres le savent parfaitement. Un Thierry Breton qui est, pourtant, de la même eau, a payé le prix de son indépendance d’esprit. Il a été forcé de démissionner ; Ursula s’est arrangée pour qu’il le fasse de lui-même. Cependant que Stéphane Séjourné, l’un des copains de la bande à Macron, ancien mari – ou femme ou les deux à la fois – de Gabriel Attal, tous du même tabac, piètre ministre des Affaires étrangères, aussi dénué de conceptions nationales françaises que tous ses camarades qui vivent de la Macronie, va tenir la place de la France, c’est-à-dire de Macron, comme Commissaire dans la Commission européenne. Lui, il obéira aux ordres, il sera sage et entrera dans le plan concocté par Macron et l’Allemande, celle qui est si justement surnommée ainsi, en vue d’une construction européenne accélérée, germano-américaine. Dans l’attente de l’échec de Trump et de la présidence de Kamala Harris, tant souhaitée et déjà anticipée par le monde progressiste, maître principal des médias, qui est plus décidé que jamais à imposer ses vues au monde entier.

Il faut entendre Macron parler à l’ONU comme ce 25 septembre dernier avec son copain Joe Biden. Il usait, lui aussi, dans les affaires israélo-palestiniennes et ukrainiennes de tous les « il faut » et « on doit » requis, assortis des plus hautes considérations morales présentées au nom de la France et de la République française, monnayées en trêves supposées, en recommandations, en objurgations, alors qu’il s’agit de vies et de morts et d’intérêts essentiels d’États existants, sans que rien d’effectif, bien évidemment, ne puisse s’ensuivre dans les impossibilités pratiques et continuelles que la réalité impose. Ce qui ramène la position française, comme en toutes choses, à la posture narcissique de son président qui s’affiche en maître et docteur universel, le monsieur qui sait tout, qui voit tout, qui comprend tout et qui peut tout ! Alors qu’il ne peut rien et ne comprend rien ! Au risque de la guerre, régionale ou générale, au Proche-Orient, mais aussi bien en Afrique où la France, à cause de Macron et de sa politique stupide, a été liquidée, mais surtout, sous l’influence de Zelensky et des services britanniques, en Ukraine où la France s’aligne sur l’OTAN, et peut-être bientôt en Europe même. Sans autres moyens que ses discours, tant ses moyens sont réduits. C’est si facile de façonner l’avenir avec des mots. De condamner et de jouer les prêcheurs. Words, words, words, comme disait Hamlet.

Le crime légalisé

Et, pendant ce temps, la vérité sur l’état social et politique de la France éclate de plus en plus au grand jour, tant sur la réalité redoutable de l’immigration niée follement jusqu’aujourd’hui, que sur l’insécurité qu’il devient impossible de réduire à un sentiment passager ou à de simples faits divers comme le faisaient, il y a encore peu de temps, Dupont-Moretti, l’ancien Garde des sceaux, et tous les porte-parole de la Gauche bien-pensante et de la Macronie installée. La situation est si grave qu’elle commence à être analysée dans sa triste réalité. Il est même des hauts fonctionnaires, surtout d’anciens hauts fonctionnaires pour dénoncer les faits publiquement, tels que leur fonction leur ont permis de les connaître.

Aujourd’hui, mais depuis déjà de longues années et progressivement, le crime à grande échelle devient en France la loi suprême qui domine toutes les lois. Y compris, même si c’est non dit, dans les arcanes républicains où les complicités sont actives, surtout dans le trafic de drogues, ou dans la connivence islamiste, souvent sous prétexte de pouvoir, de s’assurer le pouvoir local, y compris, bien sûr, électoral. Ce n’est même plus camouflé. Les imams expliquent comment mettre la pression et exercer le chantage. De même les patrons des trafics. Les populations récalcitrantes sont tout simplement soumises à l’intimidation, à la menace, à l’escroquerie permanente. C’est le sort de quartiers entiers. Les autorités, maires, préfets, en sont à sommer les habitants d’abandonner leur demeure ! Les chiffres réels sont tels en France qu’elle est considérée, comme certains pays d’Amérique, comme un État d’envergure du narcotrafic international. Des villes entières, des quartiers proches des métropoles sont devenus des plaques tournantes. Cela se compte en milliards, en centaines de milliards. Plus une ville n’est épargnée, sauf exception, même plus la campagne. Bravo la République, bravo Darmanin !

Parallèlement et souvent en liaison avec les trafics et l’immigration, l’assassinat sordide s’installe comme le lot quotidien des Français. La malheureuse et si attachante Philippine en a fait les frais le 20 septembre dernier. Une de plus, un de plus, pratiquement chaque jour, et tous les innocents tués par balle dite perdue. Le meurtre quotidien est, il faut le dire et le souligner, programmé, sinon par les meurtriers eux-mêmes, par nos propres institutions, en dépit des protestations de fausse indignation, juridiques, judiciaires ou politiques. Oui, littéralement programmé, et peu importe que ce soit intentionnel, ce l’est, sinon volontairement, dans la lettre et dans la logiques des textes, des attendus, des sentences ; toutes les institutions y contribuent ; il suffit de compter et d’examiner dans chaque cas les « ratés » de l’administration, de la justice, voire de la politique qui intervient à tort et à travers. Les législations mêmes, les innombrables règlements et circulaires ont ouvert la voie à tous ces méfaits par leurs faux principes, leurs arguties juridiques, leur laxisme et leur imprécision, qui n’est pas tant le fait des juges – encore que… – mais plus encore des autorités politiques qui jouent sans cesse du compromis quand il faudrait de la fermeté. Là aussi, ça commence enfin à se dire : ce qu’on appelle l’état de droit en République – et qui n’a rien d’un véritable état de droit, mais qui en est une sinistre parodie – et dont se gargarisent les politiciens dans leurs discours ampoulés et en vérité criminels, est la cause directe de cette insécurité généralisée qui réduit les Français à ne plus se sentir protégés chez eux. La République – la vraie cause – a créé cette situation insupportable, pour ne pas dire l’a fomentée, l’a provoquée.

C’est un constat qui commence à se faire – et heureusement – et qui doit se faire de plus en plus précis, pour le moment seulement susurré ou émis dans les coins de plateaux ou de journaux et uniquement dans la presse et les médias où subsiste encore quelque liberté d’expression, l’insécurité généralisée a été progressivement légalisée, juridiquement organisée, judiciairement renforcée, politiquement justifiée. L’accusation de récupération par l’extrême droite pèse sur toute personne qui ose porter le vrai diagnostic. Et pourtant il suffit de renvoyer aux chiffres : l’accumulation des fameuses OQTF (obligations de quitter le territoire français) non exécutées, 120 000 en 2023, plus de 700 000 depuis 2003. Avec une population d’une vaste agglomération urbaine – entre 400 000 et 600 000 personnes – entrant de manière légale, semi-légale ou illégale chaque année en France, par nature incontrôlable ; et encore ces estimations sont sous-évaluées. C’est un problème pour les Français ; ce n’en est pas un pour Macron ni pour les politiciens de gauche qui misent sur ce renversement du corps électoral. Les statistiques des crimes et des délits, en dépit des dénégations officielles, ne cessent d’augmenter.

Dire le contraire de cet ensemble de constatations relève du mensonge d’État, norme suprême et constitutive de toute la machinerie politique de la République, telle qu’elle fonctionne pratiquement et telle qu’elle a toujours fonctionné à l’encontre des intérêts véritables de la France et des Français, mensonge qui se déguise en raison d’État, en nécessité républicaine, en « arc républicain », en impératif absolu qu’impose l’exigeante et implacable vigilance de la conscience républicaine qui n’a pas besoin de s’expliquer parce qu’elle est le dernier ressort de la raison pratique qui façonne au jour le jour, au-delà des théories de la raison pure, la réalité concrète de ce régime. Quelle incroyable impudence qui s’exerce dans le cadre d’institutions dévoyées ! Et qui commet ses forfaits en se jouant du public par ses viols électoraux répétés qui rassurent les politiciens de service sur la puissance effective de leur pouvoir !

Redressement impossible en République

Comment croire que le gouvernement de Michel Barnier puisse changer quoi que ce soit à cet effroyable bilan. L’homme, sans doute sincère, qui fut un bon élu local, mais, comme la plupart de ses pareils, un piètre homme politique aux ordres du système et un eurocrate passionné prêt à sacrifier l’intérêt français à un intérêt supposément européen – tout à fait représentatif de sa génération dans de tels choix, comme dans une bonne éducation encore subsistante et d’apparence rigoureuse – pourra-t-il dans l’art du compromis marier la carpe et le lapin, la chèvre et le chou ? Faire vivre Retailleau avec Migaud, entre autres. Les plus avisés ont compris que la tâche est impossible, avec, de plus, un Macron au-dessus de lui qui prétend le brider, lui imposer ses hommes et ses directives. Cet édifice ne tient pas debout et il est plus que probable qu’il s’effondrera à la première alerte.

En tous cas, le gouvernement Barnier est dans l’incapacité d’affronter la difficulté du moment. Le gouvernement précédent a laissé une situation désastreuse, voire tragique, en tous domaines, de l’Éducation aux Territoires, de la Santé à l’Ordre public, de la Vie ordinaire devenue difficile, voire impossible, en métropole et en Outre mer, aux Comptes publics qui s’orientent vers une faillite assurée. Ce qui n’a pas empêché Bruno le Maire de s’offrir sur le contribuable un cocktail de plus de mille invités pour s’y glorifier, lors de son départ, dans un long discours !

Les causes antérieures continuent d’agir et d’exercer leur pression. Barnier, ni même Retailleau, ni d’ailleurs Armand n’y peuvent rien. La cascade des effets poursuivra sa course inéluctablement. Plus de 6 % de déficit budgétaire attendu, quelques 170 milliards. 50 milliards de charge annuelle pour bientôt 3300 milliards de dettes. Et, pour 2027, 70 milliards annoncés qui s’imposeront peut-être dès l’année prochaine, car les taux pour la France continuent d’augmenter.

La République offre généreusement aux Français les plus lourds prélèvements obligatoires de l’Europe et du monde, 43 % selon les chiffres officiels, la réalité étant plus vraisemblablement vers 50%, si tout est bien comptabilisé. Les dépenses publiques représentent 57 % du Produit intérieur brut (PIB). Qui osera tailler dans cette montagne où tout se tient et se soutient, surtout les situations qui en vivent. Impossible pratiquement. Même de toucher aux prébendes infondées que la République a multipliées à son unique profit.

La situation économique, malgré les propos avantageux de Le Maire et encore, il y a peu, de Macron, est catastrophique : fermetures d’usines, arrêts d’industries, chômage en augmentation, agriculture abandonnée, artisanat sacrifié, territoires désertifiés, c’est une ruine générale qui progresse à l’exception de quelques secteurs, en espérant que Macron n’y mette pas la main. En vérité, cette situation est telle qu’il est impossible de l’améliorer. Aucun Barnier au monde n’y arriverait. Aucune opposition n’a de solution. Avec la gauche au pouvoir, le pire arriverait. Tous les gens sérieux le savent. Une vraie droite nationale pourrait-elle s’y essayer ? C’est peu probable, tant l’état du pays et de la population divisée et déchirée ne saurait s’y prêter. Le Rassemblement national n’a même pas intérêt à prendre aujourd’hui les affaires en main : il y risquerait sa vie. Il exerce, affirme-t-il, sa vigilance : étrange expression. Croit-il qu’une présidentielle anticipée annoncerait son heure de gloire ? Il se trompe, une fois de plus, comme lors des législatives. Le vrai problème est ailleurs ; il ne tient qu’en un mot : la République. Quand les Français accepteront-ils de s’en rendre compte ? C’est pourtant d’une telle évidence.

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