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Brexit : le silence obligé de la reine

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Pour avoir voté « out » lors du référendum sur la sortie de l’Union, on avait promis l’enfer au peuple britannique. Mais l’Angleterre n’est pas un pays comme les autres. A sa tête, la reine incarne la continuité de la nation et de l’état.

Depuis le séisme du Brexit (qui, comme dans tout tremblement de terre, peut être suivi de répliques…), innombrables sont ceux qui se sont demandé pourquoi la reine n’avait rien dit sur le sujet. C’est méconnaître les principes et le fonctionnement de la monarchie britannique. Elizabeth II ne peut et ne doit s’exprimer publiquement sur des domaines politiques car son avis ne pourrait que diviser l’opinion… qui n’en a pas besoin !

Or, la souveraine est le chef d’État du Royaume-Uni, jusqu’à preuve du contraire. Le moins qu’on puisse dire est que l’événement a gravement gâché les dernières festivités de son 90e anniversaire, des réjouissances populaires marquant l’attachement à sa personne et à son règne depuis 1952, 1953 si l’on se réfère à son sacre et à son couronnement. Par tradition, depuis 1748, un courtois décalage est observé entre la véritable date de naissance du souverain (ici le 21 avril 1926) et la cérémonie officielle, toujours en juin, dénommée « Trooping the Colours », ce salut au drapeau où elle a longtemps passé les troupes en revue à cheval, étant sans doute, à son époque, la seule femme chef d’État en uniforme saluant militairement un détachement de ses armées.

Et n’oublions pas, quelques jours plus tard, le 95e anniversaire de son époux, le duc d’Edimbourg, son dernier rempart la protégeant du fardeau du pouvoir. Au Royaume-Uni (pour combien de temps ?), selon une vivante tradition orale dans ce pays sans constitution écrite, la reine reçoit chaque semaine, le mardi à 18 h, son Premier ministre, sauf urgence. Et on sait que ce fut le cas en juillet ! Elle dispose de trois prérogatives : le droit d’être informée, le droit de consulter et le droit de mettre en garde. Seul le chef du gouvernement (qui est toujours « celui de Sa Majesté  ») connaît l’avis de la souveraine. On ne doit pas oublier que c’est la reine qui conseille le gouvernement et non l’inverse !

La force d’Elizabeth II est son silence. C’est ainsi qu’elle assume sa fonction suprême, depuis plus de soixante-huit ans. Et avouons-le : c’est très reposant si on le compare aux vociférations des politiques de tous horizons ! La reine sait tout mais ne se répand pas en commentaires. Ce n’est pas une faiblesse, bien au contraire.

L’âme d’un état
Et il faut une force de caractère peu commune pour être ainsi la femme, chef d’État, la mieux informée du monde en se taisant. On peut rappeler que lorsque le puissant tabloïd The Sun (4 500 000 lecteurs chaque jour) a révélé que la reine, en 2011, aurait dit (à qui ?), à propos de l’ Europe, qu’elle « va dans la mauvaise direction », Buckingham Palace a réagi par un communiqué cinglant démentant cette assertion. La reine est d’autant plus présente qu’elle se tait.

Par devoir. Au-dessus de la politique, il y a l’âme d’un État, incarnée par le monarque. Certes, il y eut quelques accrocs, par exemple en septembre 2015, lorsque David Cameron (le plus jeune Premier ministre britannique depuis 1812 ; à sa naissance, Elizabeth II régnait déjà depuis… douze ans !) assura que la reine lui avait dit, par téléphone, qu’elle « était soulagée » que l’Écosse ne se soit pas prononcée majoritairement pour son indépendance.

C’était une faute. On connaît l’attachement de la reine à l’Écosse, remise à la mode par son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria avec ses séjours à Balmoral qu’elle fit construire, tradition attentivement suivie par Elizabeth II – dont la mère était Écossaise-, par exemple en inaugurant chaque année, en septembre, les athlétiques jeux de Braemar.

Et pour fêter son record de longévité sur le trône l’an dernier, Elizabeth II choisit de se rendre en Ecosse (ce qui était, mine de rien, très habile) pour inaugurer la remise en service d’un circuit ferroviaire touristique avec locomotive à vapeur des années trente, une ligne qu’avait, précisément, honorée de sa présence la reine Victoria en 1868. Lors de l’autonomie accordée à l’écosse, assortie d’un nouveau Parlement à Edimbourg, la reine avait reconnu l’Écosse « comme nation, pas comme État ».

Nuance ! Certes, la perspective d’une Ecosse indépendante serait une grave lézarde dans le Royaume… désuni. Comme le serait un nouveau statut de l’Irlande dans lequel la République d’Irlande, l’Eire catholique, absorberait l’Irlande du Nord, l’Ulster, protestante.

Et n’oublions pas le problème, épineux, de Gibraltar, colonie britannique depuis le traité d’Utrecht (1713) et dont la population a régulièrement manifesté, par référendum, son enracinement aux autorités de Londres. L’Espagne, que cette enclave séparée d’une frontière d’un kilomètre exaspère, doit aussi guetter son retour de souveraineté. Et que se passerait-il si des élections générales contredisaient le résultat d’un referendum ?

Le 13e premier ministre d’elizabeth II !
Les silences obligés de la reine ne doivent pas nous faire croire qu’elle n’a aucun humour. Au contraire ! À l’époque du Premier ministre Tony Blair, un ministre travailliste qui avait admiré la tenue immuable de la reine pendant un interminable défilé avait jugé, à voix haute, que Sa Majesté « a de jolies jambes » ! L’écho, repris par un journaliste, fit les ravages que l’on imagine. Confus, le ministre travailliste téléphona au secrétaire privé de la souveraine pour s’excuser. Il lui répondit que Sa Majesté était ravie car « il y avait longtemps qu’un politicien n’avait dit quelque chose d’aimable sur elle ».

Après le Brexit, Elizabeth II s’est contentée de dire : « Nous avons été très occupée. » On la croit ! Et, infatigable, enchaînant un voyage en Irlande du Nord, au vice-Premier ministre Martin Mc Guinness, qui prenait, courtoisement, de ses nouvelles en cette période troublée, Elizabeth II, tout de vert vêtue, répondit :  « Quoi qu’il en soit, je suis toujours là ! » Cela pouvait concerner aussi bien son récent anniversaire que certain événement politique…

Et le 13 juillet, ayant accepté la démission de David Cameron, la reine a demandé à Theresa May, qui venait de plonger dans une spectaculaire et quelque peu acrobatique révérence, de former le nouveau cabinet puisqu’elle acceptait la fonction de Premier ministre, le treizième d’Elizabeth II, figure tutélaire de l’État britannique. Seuls les corgis, les inévitables chiens accompagnant la souveraine comme des gardes du corps qui « assistent » à ces audiences, pourraient nous en dire plus mais… No comment !

Jean des Cars, historien, est auteur de La saga des Windsor (Perrin) et du chapitre sur Elizabeth II dans l’ouvrage collectif Une journée avec (Perrin). À paraître fin octobre : Le livre des sacres (Perrin).

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