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Et après ?

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Et après ?

Tout ce qui reste d’esprits libres en France en convient : notre civilisation est menacée ; notre pays lui-même est en danger de mort ; nos traditions et nos mœurs sont sur le point d’être définitivement compromises. Le pire : ceux qui gouvernent la France ont pris consciemment le parti de sa disparition. Leur plus grand plaisir est de la déshonorer. Tous les jours et à toutes les occasions : Algérie, Rwanda, Europe et Allemagne à qui la France sacrifie constamment ses intérêts historiques, stratégiques, industriels et agricoles, Nouvelle-Calédonie encore française alors que le gouvernement fait tous ses efforts pour qu’elle ne soit plus française, la programmant pour une stupide indépendance malgré deux référendums et malgré, surtout, les puissants intérêts français que ce territoire avec ses zones maritimes représente pour l’avenir, allant jusqu’à chercher dans les honteux accords d’évian de 1962 un précédent historique – authentique !

L’amour du mal

Mais aussi bien, au plan intérieur, les inadmissibles abandons de tout ce qui constitue l’ordre national, intellectuel et moral de notre société, telle que l’ont pétrie 2000 ans d’histoire, devant les revendications toujours plus violentes des ennemis de la patrie qui campent insolemment sur notre sol, des contempteurs de toutes les lois divines et humaines, des dévastateurs des règles de la civilité la plus élémentaire, tous ligués dans leur entreprise de démolition, sous des noms extravagants qui qualifient leur barbarie et qui souillent la plume et la langue quand on les répète – ce que font les médias qui nous imposent leurs normes en même temps que leur existence. Tous unis pour achever d’anéantir ce qui subsiste de vie française. Et ce, désormais, avec la complicité active de l’état, de son chef, de ses administrations, de ses magistrats de haute et basse justice. C’est à qui ira le plus loin dans le renoncement au droit primordial de la France d’exister et des Français d’être protégés. Ils se sont donnés à eux-mêmes cette mission d’éradication au nom de la justice, condamnant la France en tant que France, comme jadis Robespierre et Saint-Just condamnèrent Louis XVI en tant que roi. Même idéologie, même logique ! Ils font et refont la société dont ils sont devenus les maîtres par une sorte d’usurpation de pouvoir que les règles de la République permettent de manière récurrente et qu’ils savent utiliser à leur profit avec une terrible habileté. Ce qui ne fait qu’exciter davantage leur goût du pouvoir, leur appétit de domination.
Quelle jouissance ! Tenir la France en main pour constamment l’humilier ! En revendiquant la loi démocratique à l’encontre même de la mémoire et de la conscience de tout un peuple, sachant qu’il y aura toujours assez de lâcheté, de compromission, d’ambition malsaine, de perversion intellectuelle et morale pour obtenir un semblant d’accord sur des politiques qui ne sont rien d’autre que des suites de crimes perpétrés contre la patrie. Car ce sont des Français qui au nom de la justice et du droit commettent toutes ces iniquités. Ce qui suffit à condamner un tel régime qui livre le pouvoir régulièrement à de telles engeances. Oui, des Français ! Entraînés par cette folie qui les agite à l’idée qu’ils ont à leur disposition, grâce aux dispositifs politiques d’un régime adapté à leur vice, la puissance publique pour réaliser leur chimère qu’ils appellent leur programme et qui n’est que la satisfaction de leur insupportable prétention. Pensez donc ! Au nom du peuple français dont ils ont réussi à devenir les représentants, imposer leur joug à ce même peuple français ! Traîner les Français devant le tribunal de leur prétendue justice ! En faire des ilotes, les rabrouer à longueur de temps, les enchaîner dans des projets d’aliénation générale et de destruction systématique. Macron sait si bien ce qu’il fait qu’il passe son temps à se justifier et à tenter de faire accroire qu’il n’est que sincérité. Dernièrement 20 pages dans Zadig pour s’expliquer sur sa compréhension d’une société complexe qui devrait s’inventer à perpétuité et sur son amour du Lot, de Figeac et des Pyrénées, « en même temps » ! Littéralement grotesque et sophistique : la France n’est pas à réinventer. Et, du même genre, cette ridicule et infamante prestation à l’Élysée de deux zigotos, Mcfly et Carlito, qui sont censés représenter la jeunesse française, au cours de laquelle le chef de l’État s’est prêté à des pitreries du plus mauvais goût, comme lors de la fête de la musique en 2018 où la grossièreté de la mise en scène atteignit l’honneur de l’épouse du Président sur le perron même de l’Élysée et, à travers elle, de la France, « doublement niquée » selon la gestuelle à l’honneur dans ce genre de cérémonie et pour parler le langage conforme à un tel style. Et le Président – qui ne se souvient des photos ? – de rire comme un adolescent immature et irresponsable qu’il fut et qu’il reste en quelques circonstances que ce soit : c’est psychologique.

La perversité électorale

Ce qui ne l’empêche pas d’être rusé et subtilement malin. Tout chez lui entre dans une stratégie électorale, y compris ces débordements de démagogie. La campagne de 2022 est commencée ; il sait ce qu’il veut : reproduire le scénario de 2017. Il ne cesse d’y œuvrer tel un imperator sûr de sa victoire. Il va effectuer un tour de France à cet effet, en se servant des meilleurs prétextes du monde. Il a sa fine équipe de stratèges en chambre : Thierry Solère que sa haute vertu recommande comme défenseur attitré de la plus pure des Républiques, à l’image d’un Caton antique, car à l’évidence il n’est guidé dans ses choix que par la sublime idée de sa conception morale de la vie politique qui lui permet de trancher avec autorité entre le Bien et le Mal. Il connaît. L’homme est entouré par la garde rapprochée de la Macronie : les Séjourné, les Attal, les Beaune et tutti quanti. Ce qui nous fait un Caton quelque peu étrange, au service d’un César qui se veut jupitérien, et qui rassemble autour de lui dans ce grand combat d’idées ce que les vieux Romains appelaient des Graeculi, hommes aux âmes d’affranchis que la politique sait combler de places et d’honneurs. L’histoire a de bizarres manières de se répéter.
Tout ce beau monde est au travail pour transformer les élections régionales en préparatifs de la présidentielle. D’où l’affaire Muselier de Paca ; d’où l’arrivée subite dans les Hauts-de-France d’une kyrielle de ministres sous la direction d’un Dupond-Moretti accoutré en chasseur de Le Pen, ce qui sied éminemment à un garde des Sceaux. On ne lésine sur rien, on se moque des électeurs, mais pareilles interventions risquent de se retourner au final contre le dessein macronien. Il prend son risque, comme il dit !
Pendant qu’au plus haut sommet de l’État se mène cette puissante stratégie, la France continue de se fracturer. Le désordre est partout : toutes les nuits des émeutes et des luttes de bandes armées, des policiers et des gendarmes caillassés, attaqués, blessés, tués ; des zones entières et qui ne cessent de s’étendre, où la loi française ne s’applique plus, où règnent les caïds avec leur pègre et où édictent leurs ordres les imams ; les Français évincés, obligés d’accepter l’inacceptable chez eux, craignant pour leur famille, leurs enfants, leurs écoles, maintenant leur travail, sans que le chef de l’État n’exprimât la moindre solidarité effective et affective, se contentant de paroles vaines sur les cercueils accumulés où il semble bon de déposer de moment en moment une légion d’honneur dont par ailleurs se trouve honoré n’importe quel zozo qui a les faveurs des services de communication de la République.

En sortir ?

Tel est l’état de la France. Et la crise sanitaire si mal gérée n’a servi qu’à dissimuler cette situation qui ne fera qu’empirer quand la crise économique, financière et sociale viendra s’ajouter à un tel désastre. Alors la dernière astuce est de détourner la colère qui monte en désignant des boucs émissaires : les militaires à qui il est reproché de manifester leurs inquiétudes, les hauts fonctionnaires qui regardent sidérés le champ de ruines que laisse Macron sur son passage par la succession des plus absurdes décisions et des lois les plus contradictoires, l’ENA désigné comme le mal essentiel, uniquement pour favoriser tout ce qui va à l’encontre des traditions françaises, les grands corps d’État caricaturés, les Préfets signalés à la vindicte publique et qui seront désormais choisis selon des critères partisans, les policiers qui ont le mauvais goût d’en avoir assez d’être pris pour des lapins bons à flinguer par la racaille, institutionnalisée et promue aujourd’hui comme une chance pour la France par le chef de l’État en personne, les familles françaises qui souffrent et qui s’angoissent à juste titre d’une jeunesse en déshérence et à qui il est répété qu’il faut savoir s’ouvrir et s’adapter, mais à quoi donc, au rêve macronien ? Voilà quand même beaucoup de monde ! Et qu’on a encore le culot de vouloir mener à l’abattoir électoral en hurlant au fascisme, selon la vieille habitude républicaine.
Ce qui reste de pensée française réagit. Heureusement. Preuve que tout n’est pas perdu. Les dernières parutions de livres en témoignent : La société malade (Stock) de Jean-Pierre Le Goff, si méticuleux dans ses appréciations, Le jour d’après (Albin Michel), flamboyant et vengeur, de Philippe de Villiers où est dénoncée la manœuvre frauduleuse de ceux qui veulent s’emparer non seulement des corps mais des âmes, La fin d’un monde (Albin Michel) de Patrick Buisson qui en 500 pages décrit le processus de déconstruction mené implacablement et où malheureusement l’Église a une grande part de responsabilité ; à quoi il convient d’ajouter tant d’esprits supérieurs qui partagent les mêmes analyses et les mêmes appréhensions, les Manent, les Gauchet, les Finkelkraut, les Onfray, les Houellebecq et tant d’autres, sans omettre, bien sûr, Zemmour et tous ceux qui se dressent face à cette trahison permanente. Une telle conjonction, et qui soulève un tel succès dans le public, mérite d’être remarquée et commence à irriter ceux qui vivent de la chienlit actuelle. Comme il a déjà été écrit dans ces colonnes, les résultats de l’élection présidentielle de 2022 peuvent poser une grave question de légitimité.
Est-il possible et permis de proposer alors un renouvellement de la pensée et de la pratique politiques ? La France n’a-t-elle pas subi assez de déceptions dans le système de concepts constitutionnels qui lui sert d’ossature et qu’elle a hérité de la Révolution : à chaque fois une série d’échecs s’achevant dans des désastres ? Est-ce qu’il suffira vraiment d’invoquer le peuple, même hypostasié avec une majuscule, et de prétendument lui attribuer tous les pouvoirs par des successions de référendums ? D’opposer un peuple naturellement bon à la Rousseau à des élites corrompues par nature ? Le « dégagisme » n’est qu’un argument d’estrade. La métaphysique constitutionnelle française qui date d’un XVIIIe siècle idéaliste, subjectiviste, utopiste, a suffisamment manifesté ses insuffisances et ses incongruités. Le général Gallois, l’un des pères de la dissuasion française, qui croyait dans la souveraineté de la France et qui honorait Politique magazine de son patronage, me confiait un jour que le général de Gaulle s’était trompé lorsqu’il avait transféré au peuple la désignation du chef de l’État : « nous n’aurons jamais, disait-il, que des chefs de partis qui seront de plus en plus des aventuriers de la politique. » Il faut donc revoir les principes de la souveraineté dans l’intérêt même du peuple, de l’autorité duquel il est si facile d’user et d’abuser comme on ne le voit que trop aujourd’hui. Ce pauvre peuple n’est plus représenté, il est abandonné. Ne serait-il pas temps de chercher un autre mode de représentation que la partisannerie, le jacobinisme, l’éternelle Gironde et l’éternelle Montagne ? La France en crève ! Et de faire aboutir la tentative de réforme de 1969 grâce à un Sénat fort, remodelé, représentatif des territoires français dans leurs éléments concrets, autre chose que ces commissions citoyennes créées par Macron pour satisfaire les idéologues et les rhéteurs.
Quant à l’autorité judiciaire, elle ne retrouvera sa liberté, sa grandeur et son utilité qu’en acceptant le principe supérieur dont elle tire sa seule légitimité, comme le rappelait avec force Louis XV à ses parlements.
Ah, pour qui y pense, il est vraiment dommage que la monarchie française n’ait pas su faire aboutir ses réformes nécessaires à la fin du XVIIIe siècle : tout était prêt, y compris le fameux Code civil dont Napoléon fera une de ses gloires. Oui, quel dommage ! La France a pris dès lors une mauvaise voie. Il suffirait pourtant de peu pour reprendre le bon chemin.

Illustration : 27 mai 2021. Macron signe le livre des visiteurs du mémorial de Kigali, où il vient de reconnaître la prétendue responsabilité de la France dans le génocide rwandais.

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