Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
En s’éloignant de l’encombrante crise de l’hôpital et de l’inquiétante épidémie de coronavirus pour viser la mairie de Paris, la toute nouvelle candidate municipale montre ses ambitions. Certaines élites la voient déjà en plan B face à Marine Le Pen ou Marion Maréchal.
« Je ne pourrai pas être candidate aux municipales : j’avais déjà un agenda très chargé, j’ai beaucoup de réformes dans le ministère, et s’est rajouté un surcroît de travail avec la crise du coronavirus, qui aujourd’hui m’occupe énormément ». Deux jours après cette intervention sur France Inter, le 14 février, la ministre de la santé Agnès Buzyn se dédit : elle se présentera à Paris sous l’étiquette LREM en remplacement de Benjamin Griveaux. La capitale peut constituer un excellent tremplin politique pour ceux qui visent haut, à l’instar de Jacques Chirac en son temps. Et le système électoral actuel semble fait pour servir les ambitions sur un plateau.
L’ambition, la désormais candidate à la mairie de Paris en est bardée. Elle se remarque dans son parcours, notait l’AFP l’an dernier : médecin hématologue et professeur de l’université Paris-Descartes, elle a cumulé les présidences de grands établissements publics à partir de la fin des années 2000 (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, Institut national du cancer, Haute autorité de santé…). Du réseau, Agnès Buzyn n’en manque pas. Celle qui avait épousé dans les années 80 le fils cadet de Simone Veil, et qui est aujourd’hui mariée à l’ex directeur de l’Inserm (signataire notamment d’un appel des directeurs de recherche à voter contre Marine Le Pen en avril 2017), a également su faire son chemin au sein des plus gros conglomérats financiers du monde pharmaceutique. Entre la fin des années 90 et le début de la décennie 2010, Agnès Buzyn a ainsi été rémunérée par les géants pharmaceutiques Genzyme, Novartis et Bristol-Myers Squibb pour intervenir en congrès ou siéger au comité consultatif de certains de leurs produits oncologiques phares.
A l’instar de son père, longtemps membre actif du B’naï B’rith, elle n’hésite pas à plancher dans les loges maçonniques, comme le 15 octobre 2015 au Grand Orient de France sur le thème de ‘La fin de vie des enfants’. Deux ans plus tard, cette inconnue du grand public sera nommée ministre de la Santé. L’une de ses premières mesures sera d’étendre la vaccination obligatoire des bébés à 11 maladies, avec une entrée effective dès le 1er janvier 2018. En parallèle, le ministère de la Santé doublera le prix du vaccin contre la grippe suite à l’introduction de nouvelles souches par les laboratoires. Dans le milieu médical, de nombreuses voix se sont élevées contre ces mesures aux relents de conflit d’intérêts. Mais la polémique l’effleure à peine. Maitrisant parfaitement sa communication, toujours bien placée auprès du premier ministre ou du président dans les réunions publiques, lâchant des larmes très médiatisées lors de son départ du ministère, Agnès Buzyn poursuit sa route sans excès apparent. Dans les élites au pouvoir, d’aucuns la voient déjà en plan B face à Marine Le Pen ou Marion Maréchal, au cas où Emmanuel Macron connaitrait une fin de mandat pénible. « Je n’ai peur de rien » déclarait-elle à l’AFP l’an dernier. Après la mairie de Paris, direction l’Elysée ?