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Prison ferme et contre-attaque

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Prison ferme et contre-attaque

Alors qu’un opposant à la loi instituant le mariage homosexuel vient d’être emprisonné pour deux mois sans que soit donné le motif de son interpellation, le collectif de la ‘Manif pour tous’ et cinquante députés ont annoncé des mesures choc pour contrer la répression qui s’abat sur les « anti loi Taubira »

Quatre mois de prison dont deux fermes : Nicolas, 23 ans, casier judiciaire alors vierge, croule actuellement dans les geôles de la dangereuse prison de Fleury-Mérogis. L’un des fers de lance du mouvement des Veilleurs était un opposant actif à la loi Taubira. Il avait récemment passé trois jours de garde à vue pour « non dispersion après sommation » faisant suite à un rassemblement pacifique.

Dimanche soir, alors qu’il partait de la manifestation d’opposition au président François Hollande devant la chaîne M6, il était poursuivi par des policiers en civil jusque sur les Champs-Elysées. « Interpellation ! » criaient ces derniers, qui ne motivaient pas la mesure. Nicolas se réfugiait dans un restaurant ; il y était rattrapé par les agents et roué de coups. Ces derniers auraient été condamnés à des amendes par le même tribunal qui a jugé le cas de l’opposant…

Suivant les recommandations d’un procureur offensif, le magistrat a décidé deux mois de prison ferme avec incarcération immédiate à Fleury-Mérogis, malgré le renvoi en appel demandé par l’avocat de l’accusé. Motif ? « Rébellion ». Le prévenu a refusé de se soumettre à un relevé d’empreinte et un prélèvement ADN suite à son interpellation… Nicolas est le premier prisonnier du mouvement.

« Nous allons attaquer le préfet de police de Paris »

Véritable coïncidence, le collectif de la ‘Manif pour tous’ organisait le même jour une réunion pour annoncer des mesures contre ce qu’il appelle la « répression » du ministère de l’Intérieur. Ainsi, il met désormais à disposition permanente de ses sympathisants quarante avocats bénévoles, « sept jours sur sept et 24 heures sur 24 ».

Autre décision phare : il va attaquer le préfet de police de Paris, Bernard Boucault. Une plainte sera déposée au civil, une autre au pénal. « Il y a deux raisons à cela : la première, c’est que la Préfecture ne nous a toujours pas donné les vidéos originales de la manifestation du 24 mars [celle pour laquelle existent de gros soupçons de trucage photographique et de comptage – NDLR], la seconde concerne quatre arrêtés d’interdiction de rassemblement délivrés au dernier moment et qui ne nous permettaient pas de nous défendre devant un tribunal », relate Cédric Rieu, responsable juridique du collectif.

Enfin, le collectif fournit tous les témoignages nécessaires aux deux actions individuelles entreprises auprès du Comité des ministres du Conseil de l’Europe et la section des Droits de l’Homme de l’ONU.

Les députés interpellent François Hollande

Alors que la grosse presse fait choux gras de l’appel de dix députés visant à limiter leurs avantages pécuniaires, quarante-neuf parlementaires ont adressé une lettre au président de la République pour qu’il fasse cesser la répression dénoncée par les opposants. « Des atteintes graves aux libertés fondamentales ont été commises », soulignait le député Jean-Frédéric Poisson lors d’un point-presse. « En tout état de cause, c’est désormais de la responsabilité du président de la République ». Fin mai, l’homme avait adressé une lettre à Manuel Valls, dans laquelle il proposait au ministre de lui fournir les preuves des débordements policiers, niés par ce dernier. Il n’a toujours pas reçu de réponse. En juin, il a adressé une question écrite à la ministre de la justice, dans laquelle il lui demande le nombre d’interpellations, de gardes à vue et de condamnations relatifs à ce mouvement d’opposition. Christiane Taubira dispose de deux mois pour répondre.

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