La question du mariage des homosexuels est relancée par la prise de position favorable du président Barack Obama et par les engagements du candidat François Hollande lors de l’élection présidentielle française. Comment se pose cette question du point de vue de la philosophie existentielle qui vise à l’authenticité de l’existence humaine ?
Pour Heidegger, l’homme vit sur la terre, sous le ciel, parmi les autres hommes et face à la divinité, qu’elle soit pour lui présence ou absence. Cette présence ou absence de la Divinité est essentielle à la condition humaine, car c’est ce qui la différencie le plus de la vie animale. L’animal vit aussi sur la terre, sous le ciel, parmi les autres animaux mais sans la moindre divinité.
Ces quatre pôles de l’existence humaine forment ce que Heidegger appelle le quadriparti (Geviert), qui est le « monde » dans lequel vit l’homme. L’homme et le quadriparti ne sont pas séparables. En fait, les quatre pôles du quadriparti correspondent aux quatre causes d’Aristote, la cause matérielle, la cause formelle, la cause motrice et la cause finale. Il convient d’examiner la question du mariage homosexuel à partir des quatre causes.
La cause finale du mariage est la création et l’éducation des enfants. Un mariage sans enfant est bien sûr possible mais incomplet dans son essence. La cause matérielle du mariage est la sexualité ; la cause formelle est l’amour ; la cause motrice, ce sont l’homme et la femme. Le mariage homosexuel ignore donc la cause motrice ou veut la modifier. Il perd tout son sens du point de vue de la cause finale qui est de faire des enfants et de renouveler la vie. Il est donc une parodie du mariage authentique et se caractérise par sa stérilité. Mariage parodique, l’État n’a aucune raison de le reconnaître.
Pourquoi certains homosexuels veulent-ils se marier et singer les hétérosexuels ? Cela ne leur est pas nécessaire pour leur vie sexuelle et amoureuse (causes matérielles et formelles). C’est, nous dit-on, qu’ils veulent la pleine égalité, cette obsession de la société occidentale actuelle. En fait, ce n’est pas tout à fait exact : l’égalité est un impératif mais sauf en matière d’argent. La société marchande exige que seul l’argent différencie les hommes. Toutes les autres formes de discrimination sont interdites. Un club qui exclurait les femmes, les athées ou les noirs (ou les hommes, les catholiques et les blancs) est passible de condamnation. Mais s’il exige 10 000 dollars de droit d’entrée, rien à craindre ! Mieux encore, plus ce droit d’entrée sera élevé, plus le club sera admiré et recherché.
Comment porter un jugement sur le mariage homosexuel ? Kant déclare qu’une loi morale doit être universalisable. Si tout le monde devient homosexuel, la société humaine est condamnée à disparaître. L’homosexualité n’est donc pas universalisable ; en faire la propagande, c’est donc nuire à la reproduction de la société elle-même. Conséquence : institutionnaliser le mariage homosexuel est irresponsable pour l’avenir de la société humaine. On ne peut que le tolérer, au nom de la liberté de la vie privée.
Le mariage homosexuel est privé de sa cause finale : engendrer des enfants. Il nie la cause motrice naturelle de la différenciation des sexes, qui est liée à la cause finale. Il n’appartient pas à l’Etat de légaliser ces deux anomalies. Il apparaît comme un caprice individuel qui n’a pas à être reconnu et promu par la loi. Son seul fondement est l’exigence absolue d’égalité entre les couples et cette exigence relève d’une obsession idéologique dégradante.
Il n’est pas normal dans une société de n’accepter que des inégalités d’argent. D’autres inégalités sont parfaitement légitimes. Dans une démocratie, il appartient au peuple et à personne d’autre (juges ou parlementaires), de trancher cette question du mariage homosexuel qui doit être soumise au référendum. Les associations militantes homosexuelles qui en refusent le principe montrent leur caractère sectaire, antidémocratique et leur indifférence à l’égard du Bien commun.