Chez les habitants de Mars, le jeu le plus pratiqué consiste à ne pas se faire repérer par les robots envoyés par les Terriens depuis 1997. Il faut dire qu’ils sont un peu patauds, ces « rovers », et donc assez faciles à éviter. Le tout premier, Sojourner, était un flemmard de première puisqu’il s’est arrêté au bout de 100 mètres, provoquant une hilarité générale chez les Martiens. Son successeur, Spirit, arrivé sur site en 2004, a mis 5 ans pour parcourir 7,7 km, ce qui a enrichi les bookmakers et plusieurs parieurs locaux qui avaient émis l’hypothèse qu’il serait plus lent qu’un escargot de Bourgogne en forme. Son jumeau, Opportunity, ne s’est pas révélé plus rapide mais il a parcouru 42 km et il est toujours mobile aujourd’hui, ce qui a provoqué la ruine d’autres parieurs qui songent dès lors à émigrer pour éviter la prison pour dettes (la législation est moins avancée que la technologie). Curiosity, arrivé en 2012, captive l’attention de la communauté martienne.
Il poursuit avec une remarquable ténacité l’ascension du mont Sharp depuis quatre ans ! Il n’est pas plus rapide que ses homologues mais, et c’est plus préoccupant, le service des écoutes martiennes a pu détecter que Curiosity était vraiment trop curieux : il a découvert l’habitabilité de la planète rouge en identifiant le carbone, l’hydrogène, l’oxygène, l’azote… et même des traces d’ancienne présence d’eau liquide peu salée avec un pH neutre ! Et pour cause : les autorités locales avaient dû assécher en catastrophe le lac qui était sur son trajet. Curiosity revient donc trop cher aux autochtones : on songe dès lors à lui organiser un accident fatal digne de Premier de Cordée. Mais l’actualité est l’arrivée en octobre prochain du tout nouveau robot terrien nommé Schiaparelli, du nom de l’astronome italien qui a le premier cartographié Mars et identifié ses canaux (que les ingénieurs locaux avaient dû urgemment déformer pour qu’ils apparaissent plus naturels vus depuis la Terre). Les médias locaux ne parlent que de ça et il ne fait plus guère de doute pour les spécialistes que « Schiapa » va révéler l’existence non seulement de la vie, mais aussi de la civilisation martienne. Dès lors, de nombreuses voix s’élèvent pour que l’on envoie aussi des missions d’exploration sur Terre.
Mais quel point d’atterrissage choisir pour les puissants robots martiens, dignes de Fast & Furious, Transformers et Terminator réunis ? Un consensus semble se dégager pour la portion bien à l’Ouest, au sens propre comme au sens figuré, du continent européen : la France. Le gouvernement de Mars a longtemps hésité mais la décision s’est faite après l’exposé des tribulations du projet de loi sur le droit du travail français. Ce peuple mérite bien une mission extra-martienne.