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Noël chrétien
Voilà une série de contes qui vise à redonner tout son sens chrétien à cette fête.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Patrick Syme, peintre de fleurs à Edimbourg, fait paraître en 1821 une Nomenclature des couleurs qui doit permettre de décrire précisément plantes, minéraux, animaux…
La réédition de l’ouvrage, réalisée avec grand soin, en fait un ouvrage à la fois charmant par son ton suranné, passionnant par ce qu’il dit de la science de l’époque, avec son goût de la classification, sa volonté de ranger et savoir ranger, et peut-être, surtout, de rendre compte des variations d’une même classe d’objets, au point qu’on se demande si l’idéal-type ne se dissout pas au profit d’un continuum, ce qui préfigure presque Lévi-Strauss et ses analyses mythologiques. Mais cette Nomenclature, avec sa belle mise en pages typographique, est aussi très poétique par son vocabulaire. « Blanc violacé, soit blanc neige avec une très légère pointe de rouge pourpre et de bleu de Berlin, ainsi qu’une infime portion de gris cendré. » Quel œil ! Quelle mémoire ophtalmique ! Et quels exemples ! On retrouve ce blanc violacé dans « la jonction du cou et du dos de la mouette tridactyle ». Le blanc orangé dans la « Poitrine du petit-duc à gorge blanche », le « Grand liseron des champs » et la « Terre à porcelaine française ». Comment ne pas aimer ce merveilleux répertoire de correspondances qui fonctionne comme une inconsciente machine à parfaites métaphores ? Le vert émeraude se retrouve dans la « Bande iridescente sur l’aile de la sarcelle d’hiver mâle », le vert de sève dans le « Dessus des feuilles de la morelle douce-amère », le noir rougeâtre sur la poitrine du fuligule milouin et l’olivine. L’orange rougeâtre, lui, est un « orange chamois mélangé à une portion non négligeable de rouge brique » C’est tout l’univers qui se déploie au fil des carrés de couleur et l’on navigue, un peu ivre, entre les stries sombres des feuilles du piment de Cayenne, la fluorite et la grande limace noire. C’est un monde de nuances qui s’ouvre à nous, et une exigence de nommer si précisément qu’on ne peut que s’abimer dans la contemplation du monde.