Bellicisme isolé et volte-face dans l’affaire syrienne, domination américaine sur la diplomatie européenne, nouvelle génération de cadres peu cultivés… Le ministère des affaires étrangères perd des points à l’international depuis quelques années. A grande vitesse.
Le prestigieux ministère des affaires étrangères va-t-il épuiser tout son crédit planétaire ? Si le quai d’Orsay avait gardé une certaine aura internationale durant la présidence Chirac, dont les ministres (Hubert Védrine et Dominique de Villepin) étaient conseillés par des diplomates avisés et peu perméables aux visées des grandes puissances, il semble avoir pris récemment un tournant majeur. Après avoir été dirigé par un ancien directeur de l’association ‘Médecins sans frontières’ très attiré par les caméras (Bernard Kouchner, sous la présidence Sarkozy), il est désormais entré dans un demi-effacement volontaire.
Alors que le poids de la diplomatie française en Europe s’est considérablement atténué – notamment face à une Allemagne dont la demande de droit de veto à l’ONU est soutenu sans contrepartie par le quai d’Orsay – , son bellicisme isolé dans l’affaire syrienne et le volte-face qui a suivi ont considérablement érodé son image. Pire, la diplomatie française semble désormais suivre ouvertement les volontés de l’hyper-puissance américaine. Les gages répétés de soutien aux Etats-Unis donnés durant la crise syrienne constituent un tournant majeur dans la politique française. Lors du sommet des ministres des affaires étrangères des pays européens le 7 septembre dernier à Vilnius, la discussion était dominée par … le chef de la diplomatie américaine John Kerry, qui s’était invité à la réunion. Ses visites répétées à son homologue français Laurent Fabius sur les seuls mois de septembre et octobre semblent dépasser le cadre de la simple coopération. Simple hasard, elles se déroulent alors que l’Union européenne et les Etats-Unis viennent de lancer le coup d’envoi d’une union commerciale destinée à fusionner leurs institutions économiques et financières.
L’impressionnante escorte armée du ministre de la diplomatie américaine John Kerry. La scène se déroule devant le restaurant L’ami Louis, rue du Vertbois à Paris, pour une énième rencontre avec ses homologues français (le 7 septembre dernier).
Pendant ce temps, selon nos informations, le ministère des affaires étrangères embauche de jeunes cadres aux connaissances géo-historiques très incertaines, et il innove en … présentant une exposition d’affiches particulièrement orientées (voir ci-dessous). Fin de partie pour le quai d’Orsay ?
« – Moi, mon papa est noir et ma maman blanche. – Moi c’est l’inverse ». Sur l’enceinte de son imposante antenne rue de la Convention, le ministère des affaires étrangères amuse la galerie avec une affiche dans l’air du temps.
La France black-blanc-beur, ou les nouveaux attributs de la diplomatie française.
Le conflit israëlo-palestinien, nouvelle priorité du quai d’Orsay ?