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Éducation, quelle place pour l’État ? [PM]

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Éducation, quelle place pour l’État ? [PM]

L’invocation incantatoire des « enfants de la République » ne pourra empêcher indéfiniment de poser la question de la mission éducative de l’État. Appartient-il à l’état d’éduquer les enfants ? La question devra un jour être posée sérieusement dans le débat politique.

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La situation de tout ce qui relève de ce que Claude Allègre avait si justement nommé le « mammouth » de l’éducation nationale est tellement catastrophique qu’elle ne peut plus être occultée ; la réalité est là, palpable, mesurable, visible. Gabegie budgétaire, naufrage intellectuel, féodalisation de l’appareil bureaucratique, le bateau ivre de la rue de Grenelle ressemble de plus en plus au Gosplan de la fin de l’époque soviétique. Mais, plus encore que les marques de la déréliction qui finissent par affecter toutes les créatures plus ou moins monstrueuses, c’est surtout le mensonge institutionnalisé qui rapproche le « mammouth » de son frère siamois soviétique. à l’instar du Gosplan annonçant régulièrement des chiffres mirobolants de production de biens que personne n’a jamais vus, l’administration de l’éducation nationale publie chaque année des résultats tout aussi mirobolants d’un baccalauréat dont il n’est plus possible de feindre de croire qu’il signifie encore quelque chose. La machine, devenue folle, ne produit plus que sa propre justification.

Un formidable outil de manipulation

Ce constat, que chacun peut faire et qui n’est plus sérieusement contesté, est le résultat somme toute naturel d’une histoire singulière. L’éducation nationale imaginée par Condorcet sous la Terreur, rendue possible par Bonaparte et instrumentalisée par les différents pouvoirs qui y ont vu un formidable outil de manipulation des consciences, constitue dès son origine un projet contre-nature. Il tend à arracher l’enfant aux liens naturels de la famille qui l’a fait naître pour en faire le citoyen d’un état considéré comme la seule réalité sociale. L’éducation se trouve de la sorte artificiellement séparée de la génération pour être confiée à l’état qui, de ce fait, se veut le véritable « géniteur » des enfants qu’il prétend éduquer ; le mythe des « enfants de la République », auquel se réfèrent à l’envie les ministricules du moment, est en parfaite cohérence avec le projet même d’éducation nationale. Mais ce projet, étant contraire à la nature des choses, nécessite des moyens toujours plus considérables pour pouvoir plier la réalité à l’idéologie, sans jamais y parvenir entièrement car, totalitaire dans son essence, l’éducation nationale est en pratique marquée par une contradiction qui la mine.

La visée initiale du projet éducatif révolutionnaire, mis en place par la Convention et institutionnalisé par Bonaparte, s’est voulue émancipatrice. Il s’agissait d’arracher l’enfant, à travers sa famille, à l’emprise de la religion catholique pour le « libérer » et lui permettre de devenir le citoyen autonome d’un état prétendant tirer sa légitimité du Peuple. Or, ce faisant, l’état « éducateur » impose une conception de la place de la religion dans la vie humaine qui est nécessairement une conception religieuse. La « laïcité » de l’enseignement, proclamée dès l’origine et définitivement instaurée à partir de la IIIème République, n’est rien d’autre qu’une forme de religion paradoxale qui entend exercer une sorte de magistère supérieur sur les dogmes des autres religions et juger de leur compatibilité ou non avec les « valeurs de la République ». De même qu’elle s’est appropriée les lieux où est célébré un culte qu’elle ne reconnaît pas, la République s’est emparée de l’éducation pour y imposer sa propre conception de la religion sous couvert de l’affranchissement de toute religion. Il y a là une contradiction interne qui a pu, par des ambiguïtés réciproques, s’accommoder du christianisme, mais qui explose littéralement dès lors que le système se trouve confronté à un islam de masse pour lequel la notion de « laïcité » est totalement étrangère et n’est susceptible, dès lors, d’aucune interprétation ambiguë qui rendrait possible une forme de modus vivendi.

Redéfinir le rôle de l’État dans l’éducation

Cette contradiction pourrait bien être fatale au projet républicain d’éducation nationale et rendre ainsi possible une redéfinition du rôle de l’état en matière éducative, car elle manifeste, pour la première fois sans doute de manière aussi nette, la vanité politique de ce projet. Ce qui a assuré la pérennité de la prétention éducative de l’état depuis la Révolution est l’idée qu’il est possible par l’école de former des « citoyens » qui adhèrent, dans leur ensemble, à des « valeurs » fondatrices, qui ont pu varier selon les régimes, mais sans lesquelles l’état moderne, coupé de toute transcendance religieuse, ne saurait subsister. Toutes les luttes pour la maîtrise de l’Université napoléonienne qui ont émaillé le XIXe siècle jusqu’à la victoire finale des républicains, s’expliquent par cette conviction partagée par tous. Or, l’éducation nationale ne répond plus, aujourd’hui, à cet objectif qui, depuis l’origine, en constituait la véritable raison d’être. Mettant en évidence ce changement majeur, le Figaro titrait récemment, à propos des difficultés de mise en œuvre des mesures éducatives annoncées après les attentats du début de l’année : « éducation : les leçons oubliées du 11 janvier ». L’outil est cassé. L’instrument d’endoctrinement par lequel les régimes successifs ont cru, depuis la Révolution, pouvoir se rendre acceptables, ne fonctionne plus. La République ne parvient plus à imposer ses « valeurs » à l’école qui n’est plus, selon la formule de François-Xavier Bellamy, que le lieu du « choc des incultures ».

Dans ces conditions, il est peut-être enfin permis d’espérer que, n’y trouvant plus d’intérêt pour sa propre conservation, l’état ou plutôt ceux qui s’en sont emparés, en viennent à se désintéresser de l’école, ouvrant la voie à une lente libération d’une emprise qui menace d’engloutir, comme dans un trou noir, la nation tout entière. Cette libération ne serait cependant pas sans dangers. Le premier qui vient à l’esprit est évidemment le risque de voir d’autres pouvoirs prendre la place désertée par l’état à des fins qui risqueraient de mettre gravement en péril la cohésion nationale. Mais il en est un autre, plus sournois mais au fond sans doute plus inquiétant. L’emprise étatique sur l’ensemble des « personnels de l’éducation nationale », y compris dans les établissements privés et jusque dans les universités, a créé une forme de servitude volontaire qui risque de laisser désemparés bien des professeurs qui ont pris l’habitude de tout recevoir d’une Administration omniprésente, de leur traitement au contenu de leur enseignement ou à l’organisation interne de leurs établissements. Soljénitsyne nous a appris qu’on ne sort des révolutions que par une lente convalescence ; peut-être est-il temps de commencer la nôtre en refaisant de nos écoles, de nos collèges et de nos universités des lieux d’apprentissage d’une liberté recouvrée.

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