Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Si Félix Niesche était connu, nul doute qu’il serait en prison. Avouons-le : ce n’est pas rien ! Longtemps blogueur de tranchée, connu dans un premier temps sous le pseudo de l’Abbé, ce pamphlétaire de race sévit aujourd’hui sur papier par le biais des Éditions Kontre Kulture (1), dirigées par Alain Soral, pour lesquelles il livre à intervalle régulier ses recueils construits en alternance de poèmes et textes courts. Sa discrétion lui assure pour le moment de passer entre les gouttes de la vigie mais au vu de ce qui s’abat actuellement sur la voix discordante – d’où qu’elle provienne – il est certain que, là-haut, ce nom ne dise rien à personne. Pour combien de temps…?
Car avec Félix Niesche, nous quittons le dérapage du polémiste qui picote pour le hors-piste du diariste qui déflagre. Sur le fond et la culture politique, nous sommes à l’intersection entre le syndicalisme révolutionnaire sauce Sorel et la « réaquitude » des grands droitards de la fin du XIXe siècle ; certains diront que sa place se situe au Cercle Proudhon, non sans raison. Sur la forme, osons l’affirmer, c’est assez nouveau. Niesche a le don de rendre le jeu de mot appréciable ce qui, depuis l’omniprésence de Ruquier, était devenu difficile à concevoir. Mêlés à un phrasé d’essence bloyenne, ces clins d’œil parfois très subtils offrent au lecteur une matière neuve, résolument acerbe, mais qui fatiguera sans doute, à la longue, les amateurs de destructions plus nettes, sans chichi.
Pour ce sixième opus, Niesche a choisi comme thématique la chute. Celle de l’URSS, d’abord, en raison de la bureaucratie stalinienne, au grand désarroi de l’auteur, ouvertement trotskiste. Et puis, chute du trotskisme lui-même, dévoyé par la cliquaille gauchiste plénélo-mélenchoniste, « prônant avant toute autre considération l’Antiracisme, dernier avatar dégénéré de l’Antifascisme stalinien, et un humanitarisme visqueux au lieu de la dure lutte des classes, […] serviteurs à gages de l’Impérialisme, et sa nouvelle appellation « mondialiste » frauduleusement identifiée à l’internationalisme ancien ». Suite logique de cette descente : l’exaltation du pleutre mais néanmoins malin Sartre, les années Mitterrand et la fin du mariage monogamine dont l’origine «se perd dans la nuit des temps. C’est dire si cette institution provient des heures les plus sombres».
Abattre Staline, sauver Trotski : l’entreprise est audacieuse. Mais au-delà du fond, sur lequel chaque lecteur aura sa grille de lecture, il est plaisant de retrouver un peu de fureur, éloignée de l’analyse froide de cet « expert » omniprésent – sociologue, philosophe, voire pire : intellectuel. Les écrits de Niesche nous renvoient à un siècle plus tumultueux, plus littéraire sans doute, si bien que nous lui conseillons davantage d’opter, en ce qui concerne les sujets d’actualité, pour un Pal (2) new-look afin que certains textes ne soient pas trop datés une fois sur papier.
CCCP et autres chutes, de Félix Niesche, Kontre Kulture, 88 pages, 10 euros.
(1)
www.kontrekulture.com/
(2)
journal fondé par Léon Bloy et qui ne comptait qu’un seul contributeur : Léon
Bloy.