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Un Empire haineux

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Un Empire haineux

C’était le 24 avril 1915 et les puissances européennes s’entretuaient. L’Empire ottoman, chéri de l’Allemagne, multipliait les défaites. Puissance finissante, l’Empire était défait et secoué par des dissensions identitaires et politiques fondamentales. La maçonnerie nationaliste des Jeunes Turcs et les préjugés islamistes allaient s’allier et accoucher de l’horreur.
L’Empire subissait les défauts de sa structure. Il ne pouvait comprendre la supériorité de la Russie. Il chercha donc un bouc émissaire. Les Arméniens étaient au front, comme tant d’autres sujets ottomans. La suspicion étant entretenue par la défaite, la haine allait connaître sa sanglante déflagration. C’est le 24 avril 1915 : six cents notables arméniens de Constantinople furent massacrés. Le sang appelait le sang. L’horreur exigeait la barbarie. Le fanatisme, dissimulé ou maquillé, avalerait les réticences naturelles devant l’ignominie.
Constantinople, Mardin, Diyarbakir et tant d’autres cités furent le lieu des sévices les plus révoltants. Leurs enfants sont partout, qui ont dû fuir l’Anatolie où, par exemple, les Arméniens représentaient près de 40 % de la population. De l’Égypte aux confins de la Bekaa, de l’Europe occidentale à Erevan, leur mémoire a généré une géographie paradoxale.
Il faut imaginer la flamme du souvenir sur les hauteurs d’Erevan, où tout un peuple, arborant son myosotis, grimpe annuellement pour pleurer ses ancêtres si cruellement persécutés. Ce pèlerinage vibre de tous les récits, fort d’une transmission douloureuse, où les plus jeunes écoutent, écœurés, le récit pathétique des Anciens. Les fleurs se suivent, déposées dans des vagues dignes, sans austérité toutefois. L’Arménie a connu d’autres douleurs depuis ce macabre 24 avril.

Permanence de la persécution ottomane

Jacques Rhétoré a collationné les témoignages et procuré le sien dans Les chrétiens aux bêtes Souvenirs de la guerre sainte proclamée par les Turcs contre les chrétiens en 1915. Les éditions du Cerf l’ont opportunément redécouvert. Le lecteur aurait peine à imaginer le calvaire des colonnes chrétiennes déportées vers le désert syrien. Les femmes violentées. Les enfants abandonnés à des familles musulmanes par la contrainte ou par le sacrifice maternel qui voulut préserver leurs vies. Les hommes battus, martyrisés, les Anciens humiliés.
La Sublime Porte donnait là une démonstration flagrante du mensonge sur lequel se fonda la propagande ottomane. Non, l’empire composite n’effaça jamais les confessions religieuses et les différences communautaires qui existèrent en son sein. N’avait-il pas d’ailleurs préparé son crime en affamant la montagne maronite libanaise peu avant le déclenchement du génocide ? C’est pourquoi il convient de rappeler inlassablement que le joug ottoman n’épargna aucune confession chrétienne : grecs, syriaques, assyriens, chaldéens, furent aussi victimes de cette déflagration barbare. Depuis 1915, d’ailleurs, l’Orient ne finit jamais de portraiturer les chrétientés en bouc émissaire évident de ses errements.
Joe Biden a annoncé que les États-Unis reconnaîtraient bientôt le génocide arménien. Cette initiative mémorielle ne doit pas cependant dissimuler la réalité du silence américain sur les similitudes actuelles entre l’appétit de la puissance turque et la rhétorique de l’Empire ottoman finissant. Comme les Jeunes Turcs, Erdogan cherche à fouetter le patriotisme par le lointain : Balkans, Libye, îles méditerranéennes subissent ses projets. Comme en d’autres temps. Et comme en d’autres temps, bien des puissances sont occupées à regarder ailleurs. L’histoire enseigne que l’impérialisme d’Ankara sera victime de son hubris. Qui sera demain le bouc émissaire de sa folie ? Qui, comme l’Allemagne d’alors, partagera la honte d’avoir soutenu une puissance capable de telles entreprises ?
Ces questions devraient agiter quelques Puissants. Comprennent-ils l’histoire qu’ils commémorent ?

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