Donald Trump est une singularité : voilà un homme qui a tout fait pour être comme tout le monde et qui réussit, par orgueil blessé, par désir de revanche clairement annoncé, par mégalomanie assumée, à agir comme personne. Quel despote démocrate eut jamais l’idée de s’entourer de milliardaires pleins d’hubris pour réformer son pays comme des vandales pillent une boutique et réordonner le monde comme un financier lançant une OPA hostile ?
Les outrances sont-elles calculées ? L’équipe est-elle dirigée ? Les risques ont-ils été mesurés ? La communication a-t-elle pris le pas sur l’efficacité ? La vitesse signale-t-elle une inquiétude ? On ne sait quoi penser et les auteurs qui se risquent, pour ce dossier, à proposer des analyses, témoignent d’un vrai courage et font un vrai pari : sous l’écume médiatique, un courant puissant entraîne bien le monde dans une direction ; au-delà des déclarations fracassantes, des décrets illégaux, des accords plus ou moins aberrants proposés – et d’ailleurs, qu’il s’agisse des fonctionnaires états-uniens ou de la présidente mexicaine, rapidement dédaignés ou renégociés à la baisse –, il y a une volonté politique, et peut-être même civilisationnelle. Trump n’en apparaît pas moins comme un fantasque histrion pressentant qu’il n’est qu’une figure transitoire.
C’est pour cela que les déclarations de JD Vance, son vice-président, paraissent de plus de poids, ne serait-ce que parce qu’on sait qu’il est l’homme des milliardaires technophiles. Mais c’est pour cela aussi que la Riviera palestinienne cache peut-être une diplomatie plus fine et plus habile que ce que l’on croyait. C’est pour cela aussi qu’on peut craindre que le phénomène Trump ne réussisse pas à renverser le cours des choses, si apparemment puissantes que soient son équipe et sa volonté. Et c’est sans doute pour cela que la Russie attend son heure, persuadée que le monde est un trop gros morceau, même pour l’appétit démesuré de Trump.