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Toutes les sales choses ont-elles une fin ?

C’est la question qui taraude les familles des otages du 7 octobre encore détenues dans la bande de Gaza, les orphelins et les parents éplorés de Palestine comme les chancelleries du monde entier, à quelques tristes exceptions près.

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Toutes les sales choses ont-elles une fin ?

Le 19 janvier 2025, la trêve instaurée entre l’État d’Israël et le Hamas avait soulagé bien des esprits. Les images de familles entières retournant dans leurs quartiers dévastés laissaient percevoir des sourires et des espérances qui frappaient les cœurs, comme les visages des familles israéliennes retrouvant les captifs de l’horreur des tunnels de Gaza. L’allégresse du moment n’effaçait rien des souffrances, des récits pitoyables des conditions de détention, des violences des rapts mais aussi de la désolation des familles qui retrouvaient leurs vies en ruines. Qui peut demeurer insensible devant les chiffres irréels et détestables des victimes des bombardements systématiques de la bande de Gaza ? Qui peut soutenir le visionnage des images de l’enlèvement de la famille Bibas, et ses petits enfants roux, avant de savoir qu’une mort sauvage les attendait ?

Mais l’espoir était là que le chapelet des indignités s’interrompe et que les hommes de Terre sainte se souviennent des leçons de nos millénaires d’histoire, sur la diplomatie, la paix, la justice. Un espoir bientôt consumé par la reprise des opération militaires, au sol et dans les airs, visant la bande de Gaza, mais aussi le Liban et même certaines zones syriennes. À nouveau, les victimes civiles s’égrènent, dans une interminable litanie.

Pendant que l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, juge qu’il ne pouvait en être autrement tant que certains otages israéliens demeurent dans les geôles du Hamas, les ambassades européennes répliquent par des communiqués indiquant leurs sentiments de révolte devant le bilan des opérations de Benjamin Netannyahou depuis le 18 mars dernier. Ces considérations internationales couronnent des dissensions internes des belligérants qui compliquent encore la désescalade : le premier ministre israélien est très vivement critiqué pour avoir voulu révoquer le patron de Shin Bet, tandis que le Fatah implore le Hamas de céder le pouvoir à Gaza pour l’amour de son peuple.

Justifier l’injustifiable par l’existence de l’autre

Comme dans tous les conflits, les chefs des forces qui s’opposent sont entrés dans une forme presque démonique à leur contrepartie, justifiant l’injustifiable par l’existence de l’autre. C’est pourtant tout le rôle du compromis diplomatique et de ses serviteurs que d’extirper ce scénario écrit d’avance de sa propre dynamique pour contraindre, ou intéresser, les parties prenantes à des sorties de crise qui ne naviguent pas uniquement entre vengeance et annihilation. Comme l’a justement dit le président israélien, Isaac Herzog, « il est impossible de ne pas être troublé par la dure réalité qui se déroule sous nos yeux. »

Et ce trouble devrait gagner tous les esprits tant les buts de guerre du premier ministre israélien, cerné par les tribunaux, apparaissent confus ou terribles : déplacement de population, comme le dénonce vertement la Ligue arabe ? Reprise d’une stratégie d’éradication du Hamas par les tapis de bombes plutôt que par un plan d’ampleur ? Appropriation pure et simple de nouvelles terres palestiniennes ?

Toutes ces questions demeurent ouvertes au moment où j’écris ces lignes. Elles devraient trouver des échos angoissés en France qui, qu’on le veuille ou non, n’a cessé d’être une puissance intéressée au sort de la Terre sainte depuis deux millénaires, au point d’ailleurs de se jeter dans la guerre de Crimée à ce propos. Las, nous entendons des échos braillards, et souvent assez obscènes, pour nous parler de Gaza, de Jérusalem et de l’humanité qui s’y abîme. Tâchons d’y mettre le service de notre clarté : celle de la Vérité.

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