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Si nous ne nous obstinons pas, qui le fera ?

D’abord, longez le siège de la Finul, la force des Nations Unies pour le maintien de la paix au sud du Liban, sans emprunter la bifurcation qui vous conduirait irrémédiablement dans la sécurité du camp international. Tout au contraire, poursuivez un peu la route, jusqu’au rond-point, orné d’une de ces décorations superflues qui annoncent le nom des localités levantines, et montez sur la droite, en direction d’Alma Chaab. Vous surplomberez alors les casques bleus mais ce n’est pas à cela que vous reconnaîtrez être sur le bon chemin. Prenez plutôt le temps de baisser les vitres et d’humer l’atmosphère de dévastation qui inonde les lieux.

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Si nous ne nous obstinons pas, qui le fera ?

Maisons défoncées, impacts, tracteurs abandonnés et enchevêtrements de meubles, d’étages affaissés, de tôles et de câbles. Tout, ou presque, est détruit, défoncé. Le lieu n’est plus si inhospitalier. Des propriétaires meurtris errent bien, au milieu des ouvriers qui entreposent ou rénovent, c’est selon, dans l’espoir d’échapper aux drones qui zigzaguent entre ce qui reste debout et ce qui voudrait se relever. Quelques heures après notre passage, ils cibleront un dangereux terroriste, hissé sur son tractopelle. Peut être avait-il brandi son bras mécanique vengeur vers le mur qui sépare le Liban d’Israël ? Ou bien était-il vraiment un milicien du Hezbollah ? Ici, en tout cas, tout le monde pense qu’il avait simplement le tort de travailler à reconstruire une maison ébranlée par les combats, et donc de témoigner de l’espoir de la reprise de la vie après le Litani.

Tous les témoignages convergent en effet vers cette analyse. À Yaroun, au milieu de l’ancienne nef de l’église du village, visée cinq fois par l’armée israélienne, l’évêque grec-catholique de Tyr glisse un sourire malicieux. Que peut-on entreposer comme armes au milieu des gravats et des béances ? Un centre de commandement anti-israélien peut il vraiment s’installer sur les décombres ? Bien sûr, la localité est mixte, c’est à dire que la ville abrite des chrétiens et des chiites et il n’est pas douteux que le « parti de Dieu » des chiites y compte quelques zélés admirateurs. On ne voit pourtant pas bien ce que les vestiges d’une église peuvent avoir à faire avec la sécurité d’Israël.

Le constat ne varie pas à Derdghaiya. Dans l’église éventrée par le bombardement de sa salle paroissiale attenante, on pleure encore les neuf morts de l’opération israélienne. Tsahal parlera de terroristes cachés alentours, sur l’esplanade, c’est surtout la photographie d’un membre chrétien de la défense civile, mort lors de l’attaque, qui marque le visiteur en quête d’explication.

Nous avons été trop silencieux face aux conséquences de la guerre

De toute évidence, nous avons été trop silencieux face aux conséquences de la guerre qu’Israël prétendait mener uniquement contre le Hezbollah au sud du Liban. Il nous appartient de ne pas l’être alors qu’il paraît désormais évident que Tel Aviv entend apeurer tous ceux qui voudraient simplement reprendre leur vie sur leurs terres, à quelques encablures de la frontière.

Je voulais initialement vous parler de la persécution judiciaire dont SOS chrétiens d’Orient est victime. De la perquisition de mon domicile, sous les yeux de mes enfants, pour avoir voulu porter assistance à des villages chrétiens syriens, harcelés par les islamistes. Et puis j’ai constaté ce qu’il se passait au sud du Liban. Et les yeux émus de Mgr Iskandar remerciant nos équipes pour leur action au profit des paroissiens de Yaroun, afin qu’ils puissent reprendre la vie paroissiale grâce à l’électricité fournie par les panneaux solaires financés par notre association.

C’est cela aussi que la gauche veut détruire en visant notre association. La noblesse d’une France qui ne tait pas les malheurs des Libanais même quand cela exige de briser l’omerta d’un certain camp conservateur devant les conséquences des opérations israéliennes au Liban. Aidez-nous à nous tenir droit. À regarder la misère de ceux que nous aidons plutôt que les misères que nous imposent ceux qui nous persécutent. Si nous ne nous obstinons pas, qui le fera ?

 

 

 


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