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La déflagration ukrainienne

C’est peu dire que les débats sur l’Ukraine prennent des accents de guerre mondiale. Les nouveaux convertis de Zelensky ne supportent aucune critique pour leur idole.

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La déflagration ukrainienne

L’utilité d’un t-shirt kaki quand on alterne les télévisions internationales et les interventions parlementaires ? Une question dictée par la Russie. Les différences culturelles entre l’Est, l’Ouest et le Sud de l’Ukraine ? Une rhétorique à la syrienne. Le suicide économique de la conversion de nos sociétés à des économies de guerre froide ? Le matériel avant la liberté.

Rien ne change, la guerre efface la nuance et la distance des observateurs quand elle progresse en réalité sur le terrain. Par un mystère magnifique de l’âme humaine, le soldat est toujours plus raisonnable que le journaliste. C’est sans doute qu’il protège des vies plutôt que des discours.

Les chrétiens d’Orient sont directement concernés par les horreurs qui se déroulent en Ukraine. Déjà, Sos Chrétiens d’Orient leur vient en aide : avec les paroisses grecques catholiques hongroises et slovaques, par l’entremise de la très belle mobilisation de la pauvre Moldavie, et même en Ukraine, d’Odessa à Kiev. Comme à l’usage, les équipes ont atteint Kiev pendant que nos juges coutumiers devisaient sur l’hypothétique positionnement de l’association. Les uns osent, les autres disposent, c’est dans l’ordre.

Le deuxième temps de la crise ukrainienne doit pourtant déjà mobiliser les esprits. Déjà, la farine se raréfie en Arménie et les économies du monde arabe, souvent dépendantes du blé ukrainien, craignent qu’un nouveau fléau s’abatte sur la région. La guerre des prix a ses victimes, les blocus commerciaux aussi. 

Si les élites françaises sont toutes affairées à complaire à la légitime émotion médiatique devant les opérations en Ukraine, elles devraient bien envisager les conséquences de leurs dispositions. Les politiques de sanctions sont devenues l’art de la guerre des démocraties occidentales. Incapacitants, ces mécanismes sont très régulièrement à contre-emploi. Aucun gouvernement ne tombe à cause des sanctions, mais bien des peuples souffrent de leurs effets directs et indirects.

De Marioupol à Khartoum

Que la Corne de l’Afrique devienne le théâtre d’émeutes de la faim et c’est toute la façade méditerranéenne qui payera la guerre civile en Éthiopie, les méfaits de l’Érythrée, l’irrésolution du chaos politique soudanais. Déjà, nous dépendons largement du bon vouloir de l’Égypte à maîtriser les immenses flux de personnes à sa porte. 

Que le Proche-Orient soit l’objet d’un théâtre de pressions diplomatiques et les affrontements pourraient reprendre. Déjà, les Houthis reprennent leurs attaques sur les complexes pétroliers saoudiens pour bénéficier de la tension des marchés de l’énergie. Encore, l’Iran jouera sur cette nouvelle donne dans les négociations dites des accords de Vienne sur le développement de son énergie nucléaire. Enfin, le Liban, l’Irak, la Syrie pourraient voir des antagonismes refroidis être réactivés pour marquer l’avènement d’une nouvelle guerre froide.

La globalisation n’a pas épargné les conflits. Une bataille à Marioupol fait sentir ses déflagrations jusqu’à Khartoum. Une décision à Bruxelles ou à Paris ne peut donc être pensée sans anticiper ses conséquences internationales. L’élection et le bruit médiatique faussent malheureusement les jugements et brident les intelligences. Rien n’a vraiment changé depuis Kiel et Tanger.

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