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Israël, le Hamas et la paix du monde

Le massacre terroriste du 7 octobre 2023 est d’abord un échec de la politique sécuritaire israélienne, inféodée à la technique. La guerre enclenchée contre le Hamas, elle, est une guerre de terrain, avec ses “dommages collatéraux” inévitables – dont celui, inattendu dans son ampleur, du discrédit croissant de la politique israélienne.

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Israël, le Hamas et la paix du monde

Jusqu’au 6 octobre 2023, la préoccupation première des chrétiens de Terre sainte était de mettre un terme aux vexations permanentes dont ils étaient la cible. Mais brutalement un horrible attentat a tout changé et de façon dramatique. Le 7 octobre, une attaque du Hamas a procédé au massacre d’au moins 1 200 personnes (sur une population totale de 9 millions de juifs1), aux portes de Gaza. Et cela, sans compter ni les blessés ni les personnes enlevées. Ce qui aurait dû surprendre le monde entier, ce n’est pas simplement l’horreur de l’opération parfaitement orchestrée, ni même la riposte des Israéliens, mais le contexte dans lequel elle s’est produite, l’état d’esprit des populations directement concernées et les réactions internationales qui ont suivi.

Une attaque qui a surpris

Une attaque aussi massive et bien ciblée ne peut pas ne pas avoir été minutieusement préparée et de longue date. De plus, le Hamas seul, par ses propres moyens, ne semblait pas en mesure de l’organiser et de la mener à son terme. Chacun y a vu, par la suite, la main de l’Iran ce qui semble vraisemblable mais qui n’explique pas pourquoi elle a été déclenchée ni comment elle a pris tout le monde par surprise.

Sans pouvoir être exhaustif sur un tel sujet, force est de constater que le Hamas chiite est depuis longtemps à la remorque de l’Iran qui, de son côté, ne peut accepter les rapprochements en cours entre Israël et les états arabes, en grande majorité sunnites. De plus, pour l’Iran, un tel attentat est une façon de tester les réactions des États-Unis qui sont jusqu’à présent les soutiens inconditionnels de l’État d’Israël. Au moment où l’Iran cherche à mettre définitivement au point son arme nucléaire et où les États-Unis sont empêtrés dans la guerre en Ukraine d’un côté et le bras de fer avec la Chine de l’autre, le moment semblait donc propice pour mener une action de déstabilisation de grande envergure. Or comme pour les ayatollahs qui règnent à Téhéran Israël doit être rayé de la liste des États de la terre, il se trouvait tout désigné pour être le lieu où porter le coup. Le moment aussi était favorable dans la mesure où le gouvernement actuellement en place à Jérusalem n’a pas véritablement derrière lui un pays uni. Il est vrai qu’outre la querelle pour savoir si Israël est un État confessionnel ou un État laïc et démocratique, le premier ministre israélien est personnellement critiqué non seulement pour ses appétits personnels mais aussi pour sa politique qui, depuis plusieurs années, cherche à jouer le Fatah de Mahmoud Abbas (qui ne représente plus rien, y compris en Cisjordanie où il ne se maintient que parce qu’il a suspendu toute consultation électorale) contre le Hamas qui dirige la Bande de Gaza.

Dans un contexte très perturbé depuis de nombreuses années et avec un système de renseignement très sophistiqué, on aurait pu penser que l’État d’Israël était en mesure de prévenir une telle monstruosité. Mais justement, et c’est peut-être une leçon que tous les pays développés devraient méditer, dans un monde où la confiance a disparu, Israël a confié la surveillance de ses frontières à la technique. Un mur, fleuron de la technologie militaire, a été construit : 6 mètres de hauteur, des barbelés, du béton et de l’acier. Une barrière « intelligente » car truffée de caméras, de détecteurs de mouvements, jalonnée par des tours de guet bourrées de technologie. Mais, pour le colonel Vach, commandant de l’école de formation des officiers de Tsahal, « la construction d’un tel mur rend la défense d’Israël rigide et laisse l’initiative à l’adversaire ». Ce mur high-tech n’a pas arrêté les ULM ni les motos des terroristes. Pire qu’inutile, il a certainement affaibli la capacité de défense d’Israël car des hommes vigilants, même peu nombreux, mais bien armés, auraient permis d’alerter pour restreindre les pertes. Faire confiance à des systèmes complexes est un piège : en cas de faillite du plus petit maillon de la chaîne, c’est toute la ligne de défense qui s’écroule. La complexité rend un système de défense fragile. Seul un humain peut réagir à une action imprévue ; en la matière, la technique est impuissante et l’intelligence artificielle néfaste.

Les réactions en Israël

Devant l’horreur de l’attentat du 7 octobre, Benyamin Netanyahou se devait de réagir violemment en faisant appel à ce qu’il y a de plus profond dans l’esprit de tous ses concitoyens ainsi que de tous les Juifs de la Diaspora. C’est pourquoi il a invoqué jusque devant les instances de l’Otan la lutte du « peuple de la lumière contre le peuple des ténèbres », citant ainsi indirectement un passage du livre d’Isaïe dans lequel le prophète recommandait aux Hébreux de reprendre le contrôle de leurs terres après l’Exil. Le 28 octobre, il enfonçait le clou : « Nous allons détruire le Hamas pour le bien de l’humanité toute entière ». De son côté, l’université de Jérusalem rappelait le sens du mot « Hamas » : si, en arabe, le terme signifie bravoure, zèle et force, en hébreu il signifie violence. On le trouve dans la Bible au livre de la Genèse. Lorsque Dieu dit à Noé qu’il va détruire le monde par le Déluge, il lui en donne la raison : « la terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence » (GN VI, 11). Dieu a donc détruit les peuples parce que la terre était pleine de « hamas » !

L’opinion publique mondiale s’est interrogée sur la riposte d’Israël qu’elle juge disproportionnée. Pourquoi avoir décrété le blocus du territoire ? Pourquoi avoir bombardé des hôpitaux et des écoles ? La réponse est simple à défaut d’être considérée comme légitime. Les combattants du Hamas ont développé un réseau important de souterrains, qui leur sert à la fois d’abri et de moyen d’accès au territoire israélien. Or, pour déloger les combattants de ces abris, il n’y avait pas d’autre façon que de couper son alimentation en électricité et en eau. De plus, il semble que le Hamas avait bien installé ses postes de commandement et ses centres névralgiques en dessous des hôpitaux et des écoles. Le Hamas se serait donc bien consciencieusement abrité derrière des boucliers humains. Ayant décidé d’en finir avec le Hamas, Israël ne pouvait pas ne pas risquer de provoquer ce que les stratèges américains appellent désormais des « dommages collatéraux ».

Le contexte international

Les pays limitrophes du Proche-Orient se retrouvent tous plus ou moins déstabilisés. En particulier la Jordanie, le Liban, la Syrie et l’Égypte qui sont confrontés à une présence importante de Palestiniens sur leur propre sol. De son côté, la Turquie qui soutient le monde musulman dans lequel Erdorgan rêve de devenir un leader incontesté, avait aussi besoin de ménager Israël dans sa politique de rapprochement économique avec l’Europe et du fait de son appartenance à l’Otan.

Enfin, ce conflit a divisé la plupart des pays occidentaux. Dans chaque pays, tous les clivages internes plus ou moins occultés jusqu’à présent font surface. La manifestation organisée en France le 12 novembre en est un révélateur, comme la partie émergée de l’iceberg.

Aux États-Unis, le gouvernement est pris en tenaille entre son soutien à Israël (et son désir de ménager un électorat juif influent juste à un an des élections présidentielles) et ses accords avec le monde musulman, qui sont nécessaires à son leadership économique mondial. Si les Républicains sont plus à l’écoute des Juifs américains, les Démocrates sont plus enclins à soutenir les Palestiniens… ce qui met en porte-à-faux le président Biden. Si les États-Unis n’ont pas l’intention d’abandonner leur principal allié dans la région, ils restent aussi, jusqu’à présent, les principaux soutiens financiers des Palestiniens. Dans ce contexte, c’est par l’annonce en août dernier d’un contrat du Département américain de la Défense que le monde a appris que Washington était en train d’agrandir une base militaire “non reconnue” – autrement dit secrète – dans le désert israélien du Néguev, à 32 kilomètres de Gaza. Ils y auraient déjà investi plus de 35 millions de dollars.

Dans le reste du monde la situation est aussi contrastée et confuse. La plupart des pays d’Afrique et d’Amérique du sud se sont refusé à condamner le Hamas ; la Bolivie a officiellement rompu ses relations diplomatiques avec Israël tandis que le Chili et la Colombie ont rappelé leurs ambassadeurs à Tel-Aviv. Au Brésil, le président Lula a accusé Israël de génocide… De son côté Xi Jinping, à l’instar de l’Iran, semble attendre et observer. Il sera toujours temps d’intervenir quand la situation sera mûre. Quant à Poutine, il en a profité pour fustiger la politique américaine

Dans ce contexte, les chrétiens de Terre sainte sont des victimes oubliées du conflit. Depuis le 7 octobre, deux tiers des habitations des chrétiens de Gaza ont été rasées. Quant à ceux du Liban, ils se sentent de plus en plus menacés d’autant que le Hezbollah reste toujours étroitement lié au Hamas.

 

Illustration : vue de Gaza après un passage de l’aviation israélienne.

1. C’est un peu comme si, en France, une attaque terroriste avait en un jour tué près de 10 000 personnes ! Le 8 octobre, les médias internationaux avaient parlé de plus de 5 000 morts, depuis, certains ont revu ce chiffre à la baisse et le gouvernement israélien ne parle plus que de 1 200 morts.

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