Editoriaux
Cierges et ministres
Il y a une semaine à peine, une grave question agitait le monde politique : qui allaient être les ministres délégués aux Personnes en situation de handicap et aux Anciens combattants ?
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L’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni offrent en ce moment un spectacle curieux où on peut contempler, à l’œil nu, ce que signifie, aujourd’hui, être européen ou occidental pour un pays normalement gouverné : se jeter au cou des États-Unis, par conviction ou par calcul, par défiance ou par intérêt, mais jamais sans contrainte.
L’Allemagne est ainsi en passe de réussir un deutschexit sans quitter l’Union : désormais sans fard et toujours sans honte, elle ne défend que ses intérêts. Il n’est pas jusqu’aux Français eux-mêmes, qui récitaient mécaniquement naguère encore « cou-ple-fran-co-alle-mand » comme des disques rayés, qui ne constatent qu’il n’y avait pas plus de couple que de beurre en broche et que la Germanie, fidèle à elle-même, ne rêve d’Europe qu’à condition de la ranger sous sa botte, surtout si elle sent qu’elle est chaussée par Wall Street.
L’Italie a donné aux eurocrates les gages nécessaires, et elle les a donnés d’autant plus volontiers que la Présidente du Conseil, Giorgia Meloni, n’a jamais caché qu’elle était atlantiste et n’aimait pas la Russie, à qui elle reproche sans doute d’être gouvernée par un homme droit sorti du KGB et vénérant Staline : pour qui connaît un peu l’histoire sanglante du communisme en Italie, on comprend qu’elle préfère les États-Unis, d’autant plus que la France, qui distribue ses brevets de vertu démocratique comme si elle en était propriétaire, est incapable de lui faire désirer une alliance méridionale.
Le Royaume-Uni, qui faisait cavalier seul, c’est-à-dire qui défendait sa monnaie et sa suprématie financière, continue son jeu solitaire, tout entier gouverné par les marchés, qui ont rapidement sifflé la fin de la récréation Liz Truss. Que valent désormais ses vastes rêves de nouvelle donne mondiale, sa vision du Pacifique, son Commonwealth ?
L’Union européenne s’étire, se tend, et seule la force incroyable d’une Commission qui gouverne sans mandat réussit à la maintenir, ni dans la paix ni dans la prospérité mais dans la terreur du politiquement correct, supposé être le rempart pacifique derrière lequel toutes les prospérités seront permises alors même que la vie enchérit chaque jour, que les Européens s’appauvrissent et que seules, les multinationales se satisfont des cadres économiques et politiques imposés aux entreprises européennes, dans un constant déséquilibre avec le reste du monde. À travers ces trois pays historiquement partenaires et qui n’ont plus d’intérêt commun, est-ce l’ombre de la fin de l’Union qu’on voit grandir ?