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Entre l’Afrique et Israël, un certain désamour

La violente offensive militaire palestinienne menée par le Hamas sur Israël au début du mois d’octobre a suscité une indignation et une condamnation par la communauté internationale. Mais sur le continent africain, les réactions ont été contrastées. Peu de pays soutiennent les représailles mises en place sur la Bande Gaza par l’Etat hébreu et dont la représentation diplomatique a été récemment expulsée de l’Union africaine (UA).

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Entre l’Afrique et Israël, un certain désamour

Le 7 octobre dernier, le mouvement terroriste Hamas a lancé une violente attaque sur Israël, laissant derrière lui un champ de cadavres, exécutés avec froideur. Des crimes qui ont révulsé la communauté internationale. De nombreux chefs d’État ont condamné cette incursion depuis la Bande de Gaza contrôlée par l’organisation palestinienne et exigé la libération des nombreux otages encore entre les mains du Hamas. Israël a immédiatement réagi et bombardé avec intensité la ville de Gaza, drainant également dans son sillage de nombreuses victimes innocentes.

Sur le continent africain, les avis demeurent contrastés face à cette loi du talion qui perdure depuis des décennies entre juifs et palestiniens. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, a appelé à un retour « sans conditions préalables à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe des deux États », soulignant que la « dénégation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment d’un État indépendant et souverain, est la cause principale de la permanente tension israélo-palestinienne ». Une position largement partagée au Maghreb. L’Algérie a condamné les « agressions sionistes barbares » contre les Palestiniens, dénonçant la politique colonisatrice du gouvernement israélien. La Tunisie a affirmé le droit à l’indépendance de la Palestine tout en reconnaissant au Hamas une certaine légitimité en tant que porte-parole de la cause palestinienne. L’Égypte a appelé à la retenue et a mis en garde contre les « graves conséquences » d’une escalade, soulignant la nécessité d’éviter d’exposer les civils à un danger supplémentaire. Au Maroc, des centaines de milliers de citoyens ont inondé les rues de Rabat en signe de solidarité avec la Palestine, plaçant le gouvernement du roi Palestiniens dans une position délicate. Malgré une importante communauté juive ancienne dans le pays, la signature des Accords d’Abraham entre Tel Aviv et Rabat en 2021 avait suscité des réactions négatives parmi les Marocains. Ce traité, reconnaissant l’existence d’Israël, avait été publiquement critiqué par le parti de la justice et du développement (PJD) qui a dirigé le gouvernement durant une décennie (2011-2021) Face à ces tensions, le cabinet royal a dû intervenir en mars 2023, condamnant l’attitude « irresponsable » des islamistes et rappelant que le renforcement des liens diplomatiques ne compromettrait ni l’engagement du Maroc envers la cause palestinienne ni la préservation du caractère arabo-musulman de Jérusalem, une valeur chère au fils du roi Hassan II.

Vers le désamour

L’histoire entre Israël et l’Afrique avait pourtant bien commencé. Dans la vague des indépendances, les anciennes colonies françaises, portugaises et britanniques ont rapidement établi des liens diplomatiques avec l’État hébreu, renforçant ainsi son influence sur la scène internationale. La persistance du conflit israélo-palestinien a progressivement terni ces relations. La guerre de Kippour en 1973 a contraint plusieurs nations africaines à rappeler leurs ambassadeurs en signe de solidarité avec l’Égypte, privée d’une partie du Sinaï occupée par l’armée israélienne (bien que les deux pays aient fini par faire la paix). En 1977, Léopold Sédar Senghor a franchi un pas supplémentaire en devenant le premier président ouest-africain à recevoir Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de Libération de la Palestine, tout juste un an après le raid israélien en Ouganda organisé pour libérer les otages d’un avion détourné par des membres du Front populaire de libération de la Palestine. Une opération qui a d’ailleurs coûté la vie à Yonatan Netanyahou, le frère de l’actuel Premier ministre israélien.

Ce désamour s’est accentué au fur et à mesure que la coopération entre Israël et le régime sud-africain d’apartheid s’est renforcé, notamment dans le domaine nucléaire. Bien que Tel Aviv ait soutenu l’embargo mis en place contre Pretoria et condamné les lois de ségrégation raciale, l’arrivée au pouvoir de l’African National Congress (ANC) de Nelson Mandela a radicalement changé la position de l’Afrique du Sud (1994). Pretoria a apporté dès lors un soutien total à la Palestine. Le récent appel téléphonique entre Naledi Pandor, chef de la diplomatie sud-africaine, et Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, peu de temps après l’attaque de ce dernier sur Israël, a confirmé les liens étroits entretenus entre l’ANC et l’organisation islamiste. Refusant de condamner le Hamas, l’Afrique du Sud s’est contentée de mentionner « l’oppression connue du peuple palestinien » et la « brutalité du régime d’apartheid colonisateur d’Israël » dans un communiqué officiel soulevant l’indignation des Juifs sud-africains.

Le spectre du colonialisme

Israël bénéficie pourtant encore de quelques soutiens en Afrique malgré la tension croissante au Moyen-Orient. La République démocratique du Congo (RDC) a été parmi les premiers pays africains à exprimer son soutien total à l’État hébreu. Des nations telles que le Cameroun, le Ghana et le Kenya ont également affirmé leur solidarité avec Israël. Le président kényan, William Ruto, a déclaré que « rien ne justifie le terrorisme, qui constitue une menace grave à la paix et la sécurité internationales », appelé à la désescalade de la violence et à la retenue de toutes les parties impliquées. D’autres pays africains ont opté pour la condamnation sans distinction des deux belligérants. Le gouvernement nigérian a appelé à la « fin des hostilités et au cessez-le-feu » entre Israël et le Hamas, plaidant pour une résolution pacifique du conflit par le dialogue. Le Togo a fermement condamné l’attaque terroriste du Hamas contre des civils israéliens et a encouragé Israël et le Hamas à poursuivre le dialogue pour résoudre leurs différends. Le Sénégal s’est montré « gravement préoccupé par la reprise des hostilités dans le conflit israélo-palestinien ». En tant que président du Comité des Nations unies, Dakar a souligné « la nécessité de raviver au plus vite les négociations entre les deux parties » pour parvenir à une solution basée sur la coexistence de deux États indépendants. Un soutien qui n’a cependant rien de neutre puisque la plupart de ces pays ont noué des accords de coopération sécuritaire ou économique avec Tel Aviv (plusieurs compagnies de sécurité privées israéliennes se sont parallèlement implantées en Afrique).

En février 2023, le représentant d’Israël, qui était membre observateur depuis deux ans, a été expulsé manu militari du siège de l’Union africaine. Cette action a été largement interprétée comme le résultat des pressions exercées par l’Afrique du Sud et l’Algérie, appuyées par un lobbying diplomatique important de l’Autorité palestinienne, comme le rapporte le Times of Israel. Si une quarantaine de pays africains ont renoué leurs relations avec Israël, celui-ci ne compte réellement qu’une quinzaine d’ambassades sur le continent africain. Malgré les efforts déployés par Israël pour renouer ses relations avec l’Afrique, Tel Aviv n’a pu obtenir un soutien unanime des Africains. La reprise du conflit entre Israéliens et Palestiniens a remis en lumière les antagonismes récurrents entre l’État hébreu et un continent qui demeure sensible à la lutte des Palestiniens pour leur indépendance. Un combat que l’Afrique assimile à celui qu’elle a mené de longues années pour sa propre liberté face aux colons européens.

 

Illustration : Le ministre des Affaires étrangères sud-africain, Naledi Pandor, et son homologue iranien. « Nous sommes, comme vous le savez, extrêmement préoccupés par la poursuite des meurtres d’enfants et de civils innocents dans les territoires palestiniens et nous pensons que la réponse d’Israël est devenue une punition collective » a-t-elle déclaré le 6 nov. 2023.

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