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Chine et États-Unis : guerre improbable, entente impossible

Les États-Unis ne supportent pas que la Chine les concurrence dans tous les domaines. Si toutes les recettes chinoises sont bonnes à copier, cet efficace libéralisme à la sauce communiste leur paraît déloyal. À la faveur de la guerre russo-ukrainienne, les États-Unis ont décidé de consacrer la Chine comme ennemi majeur. Un risque inconsidéré ?

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Chine et États-Unis : guerre improbable, entente impossible

Depuis le début du siècle, les responsables américains considèrent de plus en plus la Chine comme leur adversaire prioritaire, la Russie n’étant à leur yeux qu’une nuisance, et qui sera selon eux rapidement ramenée à la raison ou liquidée en tant que grande puissance. L’opposition avec la Chine est idéologique, puisque Pékin, depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, propose au monde un modèle alternatif au modèle occidental ; elle est aussi géopolitique et militaire dans l’Indopacifique ; elle est économique et technologique à cause des progrès scientifiques et techniques de la Chine, évidents depuis 2015 et qui menacent de remettre en cause à terme l’avance américaine dans ce domaine.

L’affrontement couvre donc tout le spectre. Il se focalise actuellement sur Taïwan, à laquelle Pékin n’a jamais renoncé et qui fait l’objet de pressions croissantes, économiques, aériennes et navales. Les incidents aériens se multiplient, une escalade et un dérapage ne peuvent pas être exclus a priori.

Durcir le ton contre la Chine

Les États-Unis, après une période plus prudente pendant la présidence de Donald Trump, ont repris une posture beaucoup plus dure. D’une part par leurs déclarations très fermes et aussi par des mesures de renforcement de leur flotte du Pacifique et par la revitalisation de leur accord de défense avec Taïwan (les visites de responsables de haut niveau se multiplient, un bataillon de Taïwan va venir s’entraîner aux États-Unis, ceux-ci ont promis des livraisons de matériel de guerre pour 19 milliards de dollars).

D’autre part, Washington a pris la tête d’une vaste alliance géopolitique pour l’ensemble de l’Indopacifique : le 13 mars dernier, un sommet AUKUS (Australie, UK et US) a réuni à San Diego le président Biden et les premiers ministres britannique et australien pour une rencontre solennelle, tandis qu’un sous-marin nucléaire formait la toile de fond de leur conférence de presse. En particulier, les Américains vont livrer trois sous-marins nucléaires à l’Australie, et vont aider ce pays à construire par la suite ses propres navires.

En même temps le président Biden a renforcé l’aide militaire au Japon et aux Philippines, et développe avec l’Australie, le Japon et l’Inde un nouveau partenariat stratégique (« QUAD »). De son côté, le Japon durcit sa position : sa Stratégie de Défense nationale, document publié par le ministère de la Défense nippon en décembre 2022, est beaucoup plus développé et énergique que le document précédent de 2015. Il ne s’agit plus seulement de protéger le Japon et ses abords, mais de participer pleinement à la stratégie indopacifique, en lien étroit avec les Américains.

Enfin, Biden a pris toute une série de mesures pour relever le défi économique chinois. En particulier il a fait adopter un programme de 300 milliards de dollars d’aide aux industries liées à la transition énergétique, en particulier pour ôter aux Chinois leur quasi-monopole dans le domaine des batteries. Et les mesures contre les géants chinois de l’informatique (Huawei, Tiktok…) répondent à la fois à un souci de sécurité des communications et à la prise de conscience d’une compétition économique, technologique et informatique vitale.

Les États-Unis se sont engagés dans une politique qui les amène à traiter en adversaires à la fois la Russie et la Chine. C’est fort dangereux.

Mais cette politique, pas vraiment nouvelle (du temps du président Obama on annonçait déjà un « pivot » vers l’Asie) mais très renforcée, n’est pas sans problème : le renforcement militaire chinois est difficile à suivre, les armes promises à Taïwan, au Japon (et à l’Ukraine) dépassent les stocks et les capacités de production américains dans le court terme.

D’autre part, plus les États-Unis diminuent leur dépendance économique et technologique envers la Chine (sans être néanmoins encore capables de s’en libérer totalement), plus s’érode l’équilibre qui s’était instauré entre les deux pays depuis les années 1980 (échanges commerciaux mais aussi achat par Pékin de bons du Trésor américain en quantité astronomique). Les deux pays se tenaient réciproquement, mais c’est de moins en moins vrai et une déstabilisation brutale de leur relation devient envisageable.

De son côté la politique chinoise a beaucoup évolué. Depuis la révolution introduite par le président Deng Xiaoping en 1978, elle avait recherché son insertion dans l’économie mondiale, ce qui a contribué à lancer une nouvelle phase de mondialisation libérale à partir des années 1980. Et en 2001 elle entrait à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Parallèlement elle adoptait envers les États-Unis une politique dans l’ensemble coopérative.

Mais les choses ont beaucoup changé depuis. Le point de départ de la nouvelle période pour Pékin a été à mon avis la guerre contre la Libye en 2011. L’intervention franco-anglaise contre Kadhafi, soutenue par les États-Unis et l’OTAN, se fondait sur un mandat des Nations-Unies, et au Conseil de sécurité ni Pékin ni Moscou n’avaient fait obstacle. Mais quand les opérations dépassèrent le mandat onusien (qui visait uniquement la protection des opposants à Kadhafi) pour imposer la fin du leader libyen et de son régime, Chinois et Russes se sentirent floués.

Étouffer doucement Taïwan

D’autre part, le président Xi Jinping (au pouvoir depuis 2013) décida une réorientation générale de la politique chinoise, dont l’économie devrait être rendue moins dépendante de l’économie mondiale. En même temps il lançait un appel à constituer un modèle alternatif au modèle occidental, tout en accroissant régulièrement la coopération avec Moscou dans tous les domaines. La guerre en Ukraine a considérablement renforcé cette orientation vers l’affirmation d’un contre-modèle, dans les deux capitales.

Que peut-on essayer de prévoir ? De toute façon, aucun dirigeant chinois ne renoncera à la perspective d’intégrer Taïwan un jour ou l’autre (après tout, c’est ce qui s’est passé pour Hong Kong…). Les manœuvres aéro-maritimes autour de l’île se multiplient, et certains craignent une tentative de débarquement. Parallèlement Pékin augmente et modernise ses moyens militaires, construit « une muraille de fer », selon la formule du président Xi, et il paraîtrait que le nombre d’ogives nucléaires soit maintenant en augmentation, alors qu’auparavant il était resté stable à un niveau compatible avec la volonté de maintenir une simple posture dissuasive, sans rechercher la possibilité de développer des scénarios nucléaires plus ambitieux – et plus inquiétants.

C’est pourquoi les Américains redoutent un risque de tentative chinoise de débarquement. Mais on peut penser que, conformément à sa tradition stratégique (et à la sagesse…), Pékin ne cherchera pas à régler le problème de Taïwan par une action de force, en tout cas hasardeuse et dont les experts pensent que la Chine n’en a pas encore les moyens, mais recherchera plutôt à étouffer progressivement l’île, par une pression économique, maritime et aérienne croissante, mais en-dessous du seuil d’un conflit armé. Étant donné que la situation politique de Taïwan est complexe, que de nombreux Taïwanais ne veulent pas rompre avec Pékin et que les liens entre l’île et le continent sont considérables, la stratégie du « fruit mûr » n’est pas irréaliste.

D’autre part, Pékin a tout intérêt à dissuader les États-Unis d’intervenir. Et c’est là que son attitude dans le conflit ukrainien prend toute sa dimension. Elle est en effet complexe : la Chine soutient Moscou par ses déclarations et ses votes aux Nations-Unies, mais pas à fond, et en rappelant le droit international, la condamnation des agressions, en suggérant l’ouverture de négociations. Certes, Pékin achète le pétrole russe, et fournit beaucoup de choses, mais pas d’armements, au moins pour le moment. En fait la Chine a intérêt à ce que la Russie soit rejetée vers elle et passe de plus en plus sous son influence, et en même temps à ce que Moscou pose aux Occidentaux un problème considérable. Mais Pékin ne veut pas pousser les choses trop loin ni barricader toutes les portes. (La Neue Zürcher Zeitung du 21 février l’explique très bien).

Les États-Unis se sont engagés dans une politique qui les amène à traiter en adversaires à la fois la Russie et la Chine. C’est fort dangereux, et beaucoup, en particulier en Asie, du Japon à la Corée du Sud, leur conseillent de rester prudents face à Pékin. On peut espérer que le conflit sino-américain ne deviendra pas ouvert. En revanche, un accord en profondeur paraît bien exclu dans la période historique actuelle.

 

Illustration : Juin 2022, lancement du 3e porte-avions de la marine chinoise.

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