Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance d’un État de Palestine, le lundi 22 septembre, à la tribune des Nations Unies à New York. La campagne internationale de l’Élysée a objectivement bien fonctionné, assemblant une série d’autres capitales, comme le Royaume-Uni ou le Canada, pour accomplir cet acte diplomatique.
Merveilles de la politique française, ce geste historique a provoqué une série de débats minables et de raccourcis aberrants, les uns brocardant Emmanuel Macron pour sa conversion au frérisme radical, les autres pavoisant le drapeau palestinien en prévision des élections municipales. Pour ce qui est de la grande geste française, rien n’allait dans le spectacle : l’extrême polarisation du débat public et la médiocrité personnelle des acteurs concernés gâche le spectacle. La théâtrocratie fonctionne quand elle évite le vaudeville.
Pour le Proche-Orient et la Terre sainte, le moment est important mais souligne paradoxalement l’échec de tous les acteurs régionaux. Pour le gouvernement israélien, c’est un camouflet. En deux semaines, la présidente de la Commission européenne a proposé de sanctionner des ministres israéliens, comme de vulgaires potentats du tiers-monde, et de rompre l’accord UE/Israël, puis l’Assemblée générale de l’ONU a été largement occupée par cette demande française. Il y a de quoi s’interroger pour le peuple israélien sur les décisions politiques et militaires de Benyamin Netanyahou qui ont entraîné une telle opération après l’attaque barbare du 7 octobre 2023.
Stature internationale
Toutes les nations occidentales partagèrent immédiatement l’effroi et la rage de la civilisation devant les images obscènes du traitement des otages, des victimes et de leurs familles par le Hamas et ses acolytes barbares. Au lieu de profiter de cette concorde pour le bénéfice de la sécurité de son État, le Premier ministre israélien a méthodiquement sapé la confiance de ses alliés et la solidarité des opinions publiques. Et ses relais européens ne peuvent rien faire pour lui conserver une sympathie battue en brèche par le déluge de témoignages désolants sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. L’héritage de cette politique interrogera pendant longtemps la société politique de l’État juif, qui n’aura pas d’autre solution que de chercher à reconstituer une alliance internationale.
Dans le même temps, les lendemains de la décision française de reconnaitre un État en Palestine sont très incertains. Déjà, il a été annoncé qu’aucune ambassade française n’ouvrirait tant que les otages détenus par le Hamas ne sont pas libérés. Or, dans le même temps, les portefaix de la décision d’Emmanuel Macron clament partout que sa décision signerait justement l’échec de la branche palestinienne des frères musulmans. Incompréhensible. En effet, on ne peut pas affirmer reconnaître un État et mettre, pour condition au déploiement des conséquences de ce choix, une série de libérations de victimes détenus par ceux qui sont présentés comme ses ennemis. L’incohérence de ces annonces nourrit en réalité la suspicion de ceux qui voient dans la décision française, une précipitation qui a tous les dehors de la fébrilité d’un président de la République avide de se gagner une stature internationale.
Comme attendu, les peuples, les souffrances, les réalités humaines disparaissent donc au milieu de cette séquence. Raison d’État ? Déraisons d’États ? L’avenir de la Terre sainte ne sort en réalité que plus brumeux encore de ces journées de septembre. Et l’on peine à imaginer comment il aurait pu en aller autrement.
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