Et comme cela ne suffisait pas, la République déchaîna contre la Vendée ses colonnes infernales qui ravagèrent le pays avec un soin, un enthousiasme et une férocité qui étonnent encore et servirent d’exemple aux révolutionnaires de tous pays et d’inspiration à Sartre et ses épigones. Gérard Guicheteau, qui aime l’histoire, le vin et l’ouest, a décidé de raconter cette guerre, qui fonda vraiment cette région (nouveau département, à l’époque), forgée par la lutte et trempée par les massacres Mais comment raconter cette histoire brève et furieuse ? En distinguant précisément cet épisode au sein d’une “chouannerie” plus vaste, plus confuse et plus longue, et surtout en laissant les témoins la racontaient eux-mêmes, tout en tissant leurs récits sur une trame unie. En treize jours mémorables, l’auteur nous emmène des seize charrettes qui ramassèrent les dépouilles des Bleus à la bataille du pont de Gravereau au massacre de Savenay où disparaît l’armée catholique-royale, puisque ceux qui se rendent sont immédiatement exécutés. Les généraux républicains envoient des rapports livrent leurs mémoires, écrivent des lettres, les Vendéennes racontent les victoires, et les fuites, et les errances, premiers rôles et seconds couteaux sont tous convoqués grâce à une érudition qui ne noie pas le lecteur et, lisant aujourd’hui ces récits, on se croit transportés aux XVIIIe et aux début du XIXe, quand les mémoires étaient encore vives – mais les mensonges déjà bien installés.

Gérard Guicheteau, Les 13 journées qui ont fait la Vendée. Cerf, 2023, 288 p., 22 €