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Pouvons-nous voter en faveur d’une « culture de mort » ?

L’avortement est inscrit dans la Constitution. Ce sont les “valeurs” de l’Union européenne qui ont mené à ce scandale. Pouvons-nous participer à cette entreprise sans nous renier ?

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Pouvons-nous voter en faveur d’une « culture de mort » ?

Le 4 mars dernier, le Parlement français réuni en Congrès à l’initiative du président de la République a voté, à une écrasante majorité, pour l’inscription dans la Constitution d’un article ainsi rédigé : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». Le Président a publié cette modification de la Constitution le 8 mars suivant place Vendôme… sur l’emplacement de l’ancien cimetière du couvent des Capucines !

Le massacre des innocents

N’en déplaise à Manon Aubry, l’avortement est un meurtre ; le meurtre de l’innocent le plus faible qui soit puisqu’il s’agit de celui qui, dans le ventre de sa mère, n’a aucun moyen de se défendre. Pendant toute la gestation, il est protégé et nourri par sa mère : il s’agit là, pour elle de la plus belle mais aussi de la plus lourde responsabilité. Responsabilité qui doit être partagée par le père, dont le rôle premier est de veiller sur le bien-être de la future mère et sur le bon développement de leur enfant commun. Si le père vient à manquer à cette mission, il commet une triple faute : faute contre la mère qu’il abandonne à sa solitude, laquelle peut vite devenir une détresse insurmontable, faute contre le petit être en développement, qu’il condamne irrémédiablement, et faute contre la société, qu’il prive d’un futur citoyen conscient. Dès lors, en cas d’avortement, si l’un des parents prend une part décisive dans la décision, l’autre, qu’il le veuille ou non, en partage la responsabilité ; il est soit l’instigateur soit le complice de la suppression de cette vie nouvelle. Le médecin ou la sage-femme qui exécute la décision n’en est que l’instrument consentant. La victime première, quant à elle, est toujours l’enfant ; après lui, sont victimes, la femme d’abord et la société ensuite. L’homme, quant à lui, ne peut être considéré comme une victime que si la femme prend sa décision seule et contre la volonté assumée du père. Si cet acte est un drame, c’est bien parce que la décision en revient à celle dont la vocation est de protéger cette vie naissante alors qu’elle se sent acculée à la supprimer. Or on ne lutte pas contre un drame en facilitant son exécution, mais en supprimant les causes qui y conduisent.

La dislocation de la famille

Le fait de considérer l’avortement comme une « liberté » exclusivement garantie pour la femme est d’une grande perversité. D’abord, tuer n’est pas une liberté. Ensuite le fait de la garantir à la femme seule a pour effet d’exclure l’homme de toute responsabilité dans la décision. Si la femme, enfermée dans une solitude imposée, peut prendre la décision de garder ou de ne pas garder l’enfant qu’elle porte, l’homme n’a plus à se soucier ni du bien-être de la future mère ni de l’avenir de l’être en développement que porte celle qui fut, au moins pendant un court instant, l’objet d’une éphémère jouissance. On aurait voulu livrer la femme au plaisir égoïste de l’homme que l’on ne s’y serait pas pris autrement. Privé de tout droit sur l’enfant à naître, et surtout sur le plus fondamental d’entre eux, celui de le conduire à la vie, pourquoi l’homme s’inquièterait-il de celle qui n’est plus que le moyen d’obtenir un plaisir de passage ? La famille n’existe plus et la femme n’est plus cette « compagne » que Dieu a donnée à l’homme ; elle devient un simple individu qu’il peut dominer comme il l’entend, selon son bon plaisir. Si la femme est libre d’avorter, pourquoi s’embarrasserait-il d’un quelconque devoir vis-à-vis d’elle alors qu’il a été exclu de toute responsabilité dans les suites de son acte ? Et s’il arrive à convaincre ladite partenaire de conserver l’enfant jusqu’à sa naissance, celle-là n’aura-t-elle pas le droit, ultérieurement, de le lui reprocher, y compris devant un tribunal ?

La mort du droit français

L’inscription dans la Constitution d’une « liberté garantie » d’avorter met à mal le droit français sur plusieurs points et cela malgré toutes les dénégations hypocrites avancées par ceux qui s’acharnent à détruire la famille. Il y a au moins deux lois qui ipso facto sont devenues caduques. La première est celle qui garantissait l’objection de conscience du professionnel de santé lequel pouvait toujours refuser de pratiquer un tel acte de mort. Comme désormais l’avortement est une « liberté » garantie, toute femme qui voudra avorter pourra contraindre le médecin ou la sage-femme disponible car il est inconcevable que cette modification de la Constitution puisse avoir pour conséquence de conduire à une difficulté ou même un simple retard dans l’exécution d’un avortement. De plus s’il s’agit bien d’une « liberté garantie », le seul fait de dire qu’une vie est sacrée depuis sa conception ne risque-t-il pas de devenir un délit ? On rejoint ici la préoccupation exprimée par Monseigneur d’Ornellas dans l’Osservatore Romano du 5 mars vis-à-vis des libertés de conscience et d’expression, toutes deux pourtant « essentielles à la dignité humaine » et que « les parlementaires ont mission de préserver ». La deuxième loi qui se trouve menacée est celle qui limite la possibilité d’avorter à 14 semaines. La Constitution garantit désormais la « liberté » d’avorter, pas une liberté limitée dans le temps ni par aucune raison d’aucune sorte. Certes, la Constitution renvoie à une loi les conditions dans lesquelles s’exerce cette « liberté », mais elle ne met aucune limite à la durée pendant laquelle elle peut être exercée. Pourquoi pas jusqu’à la dernière minute ? Compte tenu de son orientation actuelle, on peut compter sur le Conseil Constitutionnel pour veiller de la façon la plus « libérale » au respect total de cette « liberté garantie ».

Des principes non négociables

Le 12 mars dernier, la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) a pris position vis-à-vis des élections européennes qui approchent. Le représentant français, Mgr Hérouard, a présenté cette déclaration pour rappeler que « certains partis, qui se trouvent bien souvent dans les extrêmes, ne devraient pas recevoir les suffrages des chrétiens ». Et, afin de dédouaner ceux pour lesquels, implicitement, il appelle à voter, il a tenu à préciser que, contrairement à la question de l’immigration, les « enjeux sur la fin de vie ou l’avortement […] tiennent de la responsabilité des États et non de l’UE ». Il a été démenti moins d’un mois plus tard lorsque les députés européens ont eu à se prononcer sur l’inscription de l’avortement au rang des droits fondamentaux de l’Union européenne. Ce faisant, ils bafouent une fois de plus les « principes non négociables » que le pape Benoît XVI avait présenté aux Parlementaires européens du PPE le 30 mars 2006 :

« La protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle ;La reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille – comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage […] ; La protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants ».

Les évêques des régions frontalières de l’Europe de l’Ouest (Euregio) ont quant à eux signé une lettre pastorale abusivement intitulée « un souffle nouveau pour l’Europe » dans laquelle ils appellent à voter pour les partis qui veulent « la justice, l’écologie intégrale et la législation sociale [qui] sont le socle de l’humanisme européen » ! Ils tiennent donc pour rien la présentation que le cardinal Fernandez a fait le 2 avril de la déclaration Dignitatis infinita dans laquelle il rappelait que les atteintes à la dignité telles que l’avortement ou l’euthanasie détruisent « une condition fondamentale pour que nos sociétés soient réellement justes, pacifiques, saines et, en fin de compte, authentiquement humaines ».

Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient

Nos parlementaires ont donc pris sous la pression irrésistible des « valeurs » de l’Union européenne, fortement amplifiée par des médias irresponsables, une décision dont ils ne mesurent pas véritablement la portée dramatique. On peut admettre que beaucoup d’entre eux ont voté sans savoir vraiment ce qu’ils faisaient. Un chrétien qui, loin de toute agitation bruyante, a le temps de réfléchir à la question et qui doit prendre sa décision en dehors de toute pression dans le secret de l’isoloir, pourra-t-il choisir pour le représenter un candidat affilié à l’un des partis qui ainsi n’hésite pas, par peur ou par ignorance, à promouvoir une « culture de mort » ? Le faire serait pour lui se rendre complice de ces actes abominables qui couronnent la destruction de notre civilisation. Si aucun mandat n’est juridiquement impératif, il ne donne pas pour autant à l’élu un blanc-seing lui permettant de violer la conscience de ses mandants. Et, par tout vote ultérieur, l’électeur approuve ou sanctionne l’action de son représentant, dans quelque instance qu’il siège. Chacun devra s’en souvenir, et s’il n’en tient pas compte il n’aura pas le droit de se plaindre des prochaines dérives de la loi.

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