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« Pour bien commander, il faut avoir appris à obéir »

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« Pour bien commander, il faut avoir appris à obéir »

Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire cette biographie et pourquoi maintenant ?

Plusieurs personnes m’avaient demandé si j’avais des renseignements à leur fournir sur mon arrière-grand-père, l’amiral Antoine Schwerer, et, même, un professeur d’Histoire m’avait dit avoir envisagé de le proposer comme sujet de thèse pour l’un de ses étudiants. Mais il s’était heurté au fait qu’au Service Historique de la Défense, si l’on trouve bien son dossier administratif ayant permis le calcul de ses droits à la retraite, son dossier militaire a disparu. Il n’y a donc plus trace d’aucune appréciation de ses chefs ni d’aucun élément permettant de savoir comment il s’était comporté dans ses diverses affectations. Il y avait là une lacune à combler et qui ne pouvait l’être qu’à partir des éléments qui lui avaient été communiqués. Par ailleurs, plus le temps passe plus les témoins directs disparaissent et plus les archives se dispersent. 

À l’inverse, l’évolution de la société permet de commencer, un siècle après, à porter sur les évènements et sur les hommes un regard qui ne soit pas trop déformé par le prisme de la subjectivité, même si celle-ci n’est pas absente.

À quoi fait référence et que signifie le sous-titre ?

En réalité, à l’origine j’avais écrit : « De la Royale à la Monarchie » pour bien départager les deux temps de sa vie, entre sa période d’activité et son temps de retraite. Mon éditeur a jugé bon de modifier ce sous-titre qui est devenu De la Royauté à la Monarchie et j’ai accepté cette modification. En effet, le premier sous-titre aurait pu laisser penser que mon arrière-grand-père avait eu deux vies successives alors qu’il y a une unité profonde entre son action militaire dans la Marine et son engagement politique au temps de la retraite.

Le sous-titre proposé par mon éditeur met l’accent sur deux aspects de son engagement final lequel a été, en quelque sorte, le couronnement de sa vie. Le premier aspect est « accidentel » en ce sens qu’il a commencé par connaître, même indirectement, plusieurs membres de la famille royale de France avant de comprendre ce qu’ils incarnaient et ce qui était leur raison d’être. Le second est plus politique et philosophique en ce sens que son adhésion à la Monarchie n’a pas été induite par une quelconque idéologie mais déduite de son observation des faits et des hommes ainsi que des mécanismes de décision au sein des institutions qu’il a pu observer de l’intérieur.


Français de la troisième génération, Antoine Schwerer a, toute sa vie, cherché à servir le pays que son grand-père avait choisi. Comme son père avant lui, il devint un brillant officier de marine qui se distingua particulièrement au cours de la Première Guerre mondiale puisqu’il occupa alors des fonctions de premier plan : sous-chef d’état-major général de la Marine, Commandant supérieur des flottilles de canonnières fluviales, chef de cabinet du ministre de la Marine et enfin Commandant supérieur des patrouilles de l’Atlantique et de la Manche. Il s’entendait fort bien avec un vieux général du second Empire qui s’était illustré à Sébastopol puis à Magenta et Solférino, et dont il avait épousé une nièce. Écœuré par les manœuvres politiciennes auxquelles il avait assisté tout au long de sa carrière, il se présenta en 1924 aux élections législatives au moment de sa retraite, sur une liste d’union nationale dirigée par Léon Daudet. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de Charles Maurras, dont il devint rapidement un grand admirateur et qui l’amena à l’Action française. Il dirigea la Ligue d’Action française de 1930 à sa dissolution, en février 1936. Mort en novembre 1936, les autorités ecclésiastiques lui refusèrent des funérailles religieuses.


Comment pouvez-vous parler de « l’unité profonde » de sa vie entre son action militaire et son engagement politique ?

Toute sa vie a été marquée par un idéal de service, et de service dans la Vérité. Il a pu commettre des erreurs d’appréciation, il a pu mal mesurer la façon de vivre cet idéal, mais jamais il ne s’en est départi, jamais il ne l’a trahi. 

Pour lui, cet idéal de « service dans la Vérité » ne pouvait être accompli que dans le respect de l’autorité. En début de carrière, il avait été très marqué par ce qu’il avait appris auprès de l’amiral Courbet : à quelque niveau que l’on se trouve, l’obéissance est la vertu première et elle doit être absolue dans la mesure où son exercice ne porte pas atteinte à la Vérité que doit discerner la conscience. À l’École de Guerre, il avait appris auprès du général Foch que si, quand on rencontre une difficulté, on demande au chef suprême d’en triompher, on demande à tous les chefs subordonnés d’obéir aux décisions de celui-là pour permettre à tous d’atteindre l’objectif qui est le sien pour le plus grand bien de tous.

Comment pourriez-vous caractériser en quelques mots la façon qu’il a eue de remplir sa responsabilité d’officier supérieur ?

Il fut un vrai soldat et en même temps un vrai chef. Un chef n’est pas celui qui décide seul en vertu d’une quelconque supériorité mais celui qui se met au service des autres, qui est capable de les écouter, de comprendre les contraintes qu’il impose à ses subordonnés et d’apprécier réellement l’effort qui en découle. Cela suppose, certes, des connaissances étendues – mais pas celles d’un expert qui s’enferme dans son domaine, plutôt celles d’un savant qui accepte de reconnaître qu’au fur et à mesure qu’il avance il sera confronté à de nouveaux obstacles qu’il faudra surmonter, ce qu’il ne pourra pas faire seul. Cela suppose aussi qu’il ait une conscience aiguë des difficultés que devront affronter ses subordonnés. Pour bien commander, il faut avoir appris à obéir.

En quoi pouvez-vous expliquer son engagement politique ?

Dans sa vie militaire, et notamment dans l’exercice de ses responsabilités tant au sein de l’État-major général qu’au Ministère, il a dû assister, navré, au spectacle permanent de politiciens cherchant d’abord à imposer leur façon de voir afin de laisser un nom dans l’Histoire, quoi qu’il en coûte au pays. Quel contraste, notamment avec le Duc de Chartres qui, pour défendre son pays lequel pourtant l’avait renié, n’avait pas hésité à dissimuler sa véritable identité au moment des heures sombres et avait repris le chemin de l’exil une fois le danger écarté.

Quand on lit aujourd’hui ses discours politiques, on constate qu’ils ne sont pas centrés sur des études doctrinales théoriques, mais qu’ils commencent toujours par l’exposé de situations concrètes qu’il connaît bien et qu’il replace dans leur contexte. Il en déduit ensuite, selon la méthode apprise auprès de Charles Maurras et de Jacques Bainville, les solutions techniques possibles dans le souci de la vérité et du respect de l’autre.

Pour finir, comment expliquez-vous sa révolte face à la condamnation de l’Action française par l’Église ?

Tout d’abord une précision importante : il n’y a jamais eu de sa part, ni de la part de la plupart des chefs de l’Action française, la moindre révolte. Il y a eu d’abord et avant tout une grande souffrance car ils se sont trouvés pris en tenaille entre ce qu’ils savaient nécessaire à la survie de leur pays et la sécurité de leurs concitoyens et leur respect des décisions pontificales. Pour l’amiral Schwerer, le choix était simple ; en effet, il avait conscience que la décision pontificale – qui ne découlait pas de la condamnation d’une erreur doctrinale – conduirait inéluctablement à une catastrophe humaine. Il a cherché, à tout prix, à éviter cette catastrophe. 

S’il est décédé en 1936, cela lui a permis de ne pas voir l’horreur qu’avec d’autres il n’avait pas réussi à faire éviter ; à l’inverse, cela ne lui a pas permis de voir que la condamnation de l’Action Française avait été purement et simplement levée.

 François Schwerer, Antoine Schwerer 1862-1936 – De la royauté à la monarchie. Éd. de Flore, 2021, 270 p., 10 €.

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