Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Avant Macron, il y avait Giscard, qui partageait avec lui le caractère énervant du technocrate méprisant et du politique plus européen que français, et cette capacité à prendre les pires décisions tout en couvrant quelques scandales personnels du manteau de l’Élysée.
Boutang, en 1981, aligna Giscard avec un Précis de Foutriquet si assassin qu’Onfray vient de lui rendre un oblique hommage. Olivier Véron, qui connaît Boutang et subit Macron, a donc décidé de rééditer le Précis, avec une excellente préface (et d’abondantes notes) qui en souligne l’actualité, puisque Boutang parle d’une « tyrannie molle à bras et face de poulpe », de « frères brimés et follement matraqués », de « l’absence de conviction initiale, la disponibilité pour spectacle » qui sont « le premier caractère de Foutriquet » ! Le long pamphlet de 1981 vaut bien comme grille d’analyse du dernier quinquennat puisque Macron a été lui aussi Menteur, Pourrisseur et Fossoyeur (titres des trois chapitres), puisque Macron sert lui aussi d’abord la finance, puisque Macron mène lui aussi la diplomatie la plus improbable. Pourquoi se retourner sur ce passé pénible, qui jette sa cruelle lumière sur notre pauvre présent ? Parce que Boutang montre à chaque instant ce que signifie avoir le souci de la France et le sens de l’intérêt général. De l’affaire Boulin à l’arme atomique (de Benalla à l’Ukraine), aucun objet n’échappe à son regard ni à son courroux ; car rien de ce qui concerne la France ne saurait être trop petit pour celui qui l’aime et la voit chaque jour un peu plus affaiblie et même souillée par celui qui est supposé la gouverner.