L’auteur a connu des figures parisiennes (Pascal Sevran, Jacques Pessis), il a vu dans sa jeunesse un Paris qui semble avoir disparu – celui des Piaf et des Maurice Chevalier – mais qui résonne encore dans des bistrots, des attitudes, des ambiances. Dans cet ouvrage, Alain Paucard ne plonge pas son lecteur dans un passé figé : il donne des bons plans et ne se contente pas pour cela du Paris intra-muros encerclé par le Périphérique (« J’affirme de nouveau que la banlieue proche de Paris est parisienne »). Il décrit néanmoins ce qu’il considère comme une rupture dans l’histoire de la capitale, avec l’avènement au pouvoir en 2001 de Bertrand Delanoë et de ses équipes. « La première mesure de Sa Suffisance-Delanoë fut de supprimer la vieille dame très digne, la Commission du Vieux Paris ». Idéologiquement très marquée, la nouvelle municipalité favorisera l’art dit contemporain (« l’art officiel de la Mondialisation »), déformera le bâti et poussera à la construction de hautes tours. On pourrait s’étonner, de la part du ‘président à vie du Club des ronchons’, de l’absence totale de référence à un phénomène qui a plus transformé Paris et sa région ces quarante dernières années qu’en toute autre période de son histoire, à cette tiers-mondisation récemment dénoncée par une jeune youtubeuse après une agression subie dans le métro en plein après-midi. Est-ce sa confiance dans le « pouvoir d’assimilation de Paris à ceux qui la servent » ? Ou ses souvenirs de bonheur qu’il essaye de transmettre à travers musiques et anciens films ? Un troubadour ne s’occupe certes pas de grande politique : il raconte, il chante, et déchante parfois… Un livre à mettre entre les mains des connaisseurs, des curieux, des flâneurs qui aiment Paris.

 Alain Paucard, Je suis parisien mais je me soigne. Héliopoles, 2023, 144 p., 12 €