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Notre-Dame : Grandeur et décadence !

Notre-Dame a été sauvée par des hommes exceptionnels après avoir été mise en danger par les règles ordinaires d’un État qui ne sait pas préserver son patrimoine.

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Notre-Dame : Grandeur et décadence !

Beaucoup de choses ont été dites, écrites et diffusées depuis l’incendie du 15 avril 2019. En ce siècle surprenant où l’ignorance s’étale à longueur de journée dans les médias ou sur les réseaux sociaux, il nous semble opportun d’apporter une analyse de spécialiste avec un recul salutaire. En décortiquant la problématique de l’incendie en lui-même et de son extinction dans un premier temps, nous verrons dans un second temps comment l’incurie systémique de tous ceux qui étaient chargés de veiller sur l’édifice peut être qualifiée de criminelle, quel que soit le mode de mise à feu !

Le feu, un ennemi naturel, puissant et malin

Pour qu’il y ait un feu, il faut un combustible, un comburant et une énergie d’activation. Appliquons ce triangle du feu à la cathédrale. Le combustible tout d’abord. Dans ses combles, il y avait la charpente avec des poutres de toutes tailles, énormes, mais aussi de bien plus petites en très grande quantité. Il y avait également des installations en bois de petite section comme des passerelles, mains courantes, platelages… Il y avait également une zone de chantier avec des matériaux stockés, des déchets (sciure, papier, plastique…), des vêtements, des installations provisoires pour travailler.

Le comburant, c’est l’oxygène. Une toiture est idéale pour le feu, car tout y est fait pour que l’air y circule librement, avec de nombreux courants d’air qui attisent et surtout propagent les gaz chauds. Il faut préciser que ce qui propage un incendie, ce ne sont pas les flammes que l’on voit, mais les gaz de pyrolyse qui sont brûlants. Plus le volume d’air disponible est important, plus le risque de prise d’ampleur d’un incendie est élevé. Facteur aggravant, le confinement d’une toiture concentre les gaz chauds provoquant un véritable effet « cocotte minute » auquel rien ne résiste.

Reste enfin l’énergie d’activation. Il n’en faut pas beaucoup au début d’un feu. Il y en avait potentiellement de toutes sortes sous les combles de Notre-Dame : électricité, travaux par point chaud, présence humaine, car même un mégot suffit ! Le phénomène est très souvent le même, la source d’ignition rencontre un combustible facilement inflammable comme de la sciure ou du papier. Au début les matériaux se consument, la chaleur augmente et se propage jusqu’à rencontrer d’autres combustibles qui s’enflamment à leur tour et provoquent une réaction en chaîne.

Dans des espaces clos de très grand volume pleins de combustibles, tout départ de feu ne doit pas prendre d’ampleur, car l’énergie accumulée devient vite bien trop importante pour une extinction rapide.

Dans ce type de monument, la clef de la réussite repose donc sur la prévention. En l’état actuel de la technologie, c’est la détection la plus précoce possible qui a été privilégiée avec une intervention humaine la plus rapide possible. Il s’agissait de détecter la moindre fumée, d’envoyer une équipe ayant 5 minutes pour se rendre sur place constater les causes de la détection et d’agir le cas échéant. Cela suppose du matériel performant, parfaitement entretenu et une organisation humaine rigoureuse. C’est là que le constat est effarant concernant Notre-Dame.

Rigueur et discipline

À l’arrivée des pompiers, l’intensité du feu avait déjà percé la toiture avec une brise poussant les gaz chauds vers les beffrois. Comment dans cette situation imaginer venir à bout d’un tel brasier ?

Le principe d’action est simple, préserver tout ce qui peut encore l’être tout en agissant sur le foyer principal pour en réduire l’intensité. C’est éminemment complexe à mettre en œuvre et demande une organisation sans failles du commandement ainsi que rigueur et discipline dans l’exécution. La Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, la BSPP, cultive avec soin ces valeurs.

Les meilleurs sont sélectionnés dès l’entrée, sur critères physiques et humains. Tous les sous-officiers sont issus du rang, comme dans la Légion étrangère. Pour y progresser, il faut aujourd’hui encore connaître par cœur (à la virgule près) l’ensemble des règlements opérationnels fondamentaux, à tout niveau, du sapeur au colonel, et durant toute la carrière opérationnelle. Les contrôles du commandement, programmés ou inopinés, sont très fréquents, plus de 20 par cycles de 2 ans, dans tous les domaines, administratifs, techniques, humains et bien sûr opérationnels.

La BSPP cultive aussi la préparation opérationnelle. Tous les jours de garde, malgré la charge opérationnelle lourde, un Pompier de Paris fait une séance de sport, révise les gestes de secourisme et réalise une manœuvre incendie. Tout cela est suivi, évalué, rigoureusement contrôlé.

À Notre-Dame, en plus de ce professionnalisme sans failles, avec l’aide de Dieu, il y a eu de plus un miraculeux regroupement des plus qualifiés au pied de l’édifice.

Un chef et ses hommes

Le général Jean-Claude Gallet, commandant la BSPP l’an dernier, s’est retrouvé au départ de secours. De lieutenant à général, il a construit sa carrière à la BSPP. De l’incendie du Crédit Lyonnais en 1996 à ceux de janvier 2019, il possède une expérience du feu sans équivalent. Tacticien hors pairs doté d’un esprit de synthèse exceptionnel, il est autant admiré que craint car sa science du feu est proportionnelle à son exigence sur le terrain. La confiance de ses hommes dans ses décisions est immense.

Mais il n’était pas seul, et lui aussi sait faire confiance. Ainsi, le 15 avril, le premier responsable sur place était le sous-officier chef du centre de secours en charge de Notre-Dame, donc le plus parfait connaisseur de l’édifice. Le chargé de prévention détaché au ministère de la culture qui est très rapidement arrivé sur place est aussi un Pompier de Paris à l’expérience opérationnelle riche. Sa science du feu dans les bâtiments est immense. Et nous pourrions continuer longuement ainsi, du père Fournier, aumônier venu sauver les Saintes Espèces, au dessinateur opérationnel en passant par les chefs de secteurs.

Chef, entraînement, discipline, confiance, nous venons sommairement de dresser le tableau d’une victoire, celle de la grandeur d’une unité militaire qui fait honneur à la France de toujours et était la seule au monde à pouvoir réaliser un tel exploit. Ils ont sauvé Notre-Dame. Mais comment a-t-on pu en arriver là ?

Un appareil administratif tentaculaire

L’État est propriétaire depuis 1789 et, depuis 1905, l’Église est affectataire du lieu. Tout ce qui est du domaine du culte est de sa responsabilité, tout le reste, entretien, événements culturels, etc., du domaine de l’État républicain.

Ce sont les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) qui ont la responsabilité des édifices. Mais quand ils sont classés, les Architectes des Bâtiments de France (ABF) ont des prérogatives particulières et la responsabilité de leur sûreté et leur sécurité alors qu’ils n’ont ni culture ni formation sérieuse dans ces deux domaines. Certes, les ABF appartiennent à un service des DRAC, mais ils ont une large autonomie. Pour réaliser des travaux, seuls les architectes des monuments historiques peuvent être maîtres d’œuvre.

Il faut ajouter à cela l’implication de la ville, des départements, régions, etc., au travers des aides, des activités, des enjeux économiques. On ne peut donc que constater la complexité de l’échiquier pour aboutir à la moindre décision. Tout cela est long, inefficace et s’éloigne très vite des problématiques réelles.

Un système tournant autour de l’argent

Alors que les bâtisseurs mettaient tout leur être au service de Dieu, la technocratie désormais gestionnaire est centrée sur ses vanités, le pouvoir et l’argent, même si individuellement on y trouve des personnes honnêtes de très grandes qualités. En tant qu’édifice public, tout ce qui a trait à la sécurité fait l’objet de marchés publics. Sans présager de malversations, le principe en est toujours le « moins disant ». Le sous-traitant succède au sous-traitant, l’essentiel est d’avoir le marché et les différents acteurs n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Ainsi, à Notre-Dame, un cabinet d’expertise a été choisi pour concevoir le système incendie. Le matériel a été installé par une autre entreprise. La maintenance de l’ensemble, point clef, confiée à d’autres encore. L’entreprise de surveillance est encore un autre acteur. Ces agents de surveillance entrent dans les catégories de petits boulots, peu qualifiés et sous-payés, passant du supermarché local à Notre-Dame. Tout ceci est censé être « piloté » par des responsables divers, qui changent, ne discutent pas entre eux, et au final n’assurent aucune coordination. Hélas, ce constat fait partout ailleurs également montre bien une dérive du système et non des hommes qui le composent.

Et l’Église dans tout cela ?

Elle a été rejetée en 1905 dans le monde associatif, prise en étau entre sa volonté de bien faire, la peur des autorités et son paradigme social. L’essentiel n’est plus d’y être compétent mais de bonne volonté, ce qui est insuffisant. En prévention incendie, le diocèse de Paris est un désert malgré la présence de nombreux paroissiens ultra qualifiés. Mais il faut faire plaisir à tout le monde, écouter chacun, palabrer pendant des heures avec des cuistres… Cela démotive rapidement les meilleurs qui, faute de pouvoir faire valoir leur expertise, préfèrent s’investir ailleurs. L’important ne semble plus de donner le plus beau et le meilleur au Seigneur et règne l’amateurisme au sens péjoratif du terme.

État, Église, technocratie, quelle effroyable cacophonie pour un monument qui n’était que perfection et équilibre alors que c’est bien la rigueur, l’abnégation et l’autorité d’un chef qui ont sauvé Notre-Dame de la catastrophe.

Et aujourd’hui, rien n’a changé, si ce n’est les hommes. Comment imaginer un seul instant que la République des copains et des coquins, héritière des Lumières et de la haine viscérale de l’Église, puisse sérieusement protéger ces lieux ? Tout cela ne peut mener qu’à d’autres catastrophes, sauf à remettre en cause tous ces réseaux de complicité et à redonner à l’autorité ecclésiale tout le rôle qu’elle devrait tenir. 

 

Exergue :

Cette unité militaire fait honneur à la France. Elle était la seule au monde à pouvoir réaliser l’exploit de sauver Notre-Dame.

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