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Négocier plutôt que confronter

Avec Les Jaunes, un syndicalisme tricolore, Didier Favre apprend aux plus jeunes d’entre nous qu’un mouvement syndical, dit jaune, a su exister au début du XXe siècle sans se tâcher du rouge collectiviste et internationaliste. Il ne faut pas s’y tromper, les « Jaunes » sonnent comme un faux-ami cinq ans après les Gilets de la même couleur. Et attention, ce livre ne traite pas non plus de syndicalisme d’origine asiatique…

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Négocier plutôt que confronter

Les choses étant dites, découvrons les dessous de la couleur. À l’époque, la CGT toute-puissante prônait l’action révolutionnaire pour imposer telle ou telle mesure sociale, mais surtout contre le patronat et souvent aussi contre l’intérêt à long terme des travailleurs. Sur le plan des idées, le marxisme continuait d’étendre son emprise sur des ouvriers généralement exploités par des industriels peu scrupuleux. S’organiser était nécessaire pour améliorer les conditions de travail et de vie.

Rebutés par un mode d’action trop frontal et violent, de nombreux ouvriers préférèrent une autre voie de confrontation : la négociation. En bonne intelligence avec leurs patrons. L’auteur regrette d’ailleurs la connotation négative que la couleur fait peser sur ce syndicalisme, associant les « Jaunes » à des briseurs de grèves, pro-patrons. Les Jaunes sont nés d’un ras le bol de grève et de la conscience que celui qui fabrique et celui qui tient la barre sont bien dans le même bateau.

Mais alors que les Jaunes n’étaient pas les seuls à proposer d’autres manières de se « syndiquer », les Jaunes sont assurément ceux qui ont proposé une doctrine complète. La doctrine des Jaunes puise à plusieurs sources : des catholiques sociaux jusqu’à des penseurs protestants comme Gaston Japy, elle est fondée sur les communautés naturelles, comme la famille, et son corollaire, la propriété, à l’opposé du collectivisme. Aux antipodes de la CGT donc.

Pierre Biétry, un ouvrier charismatique

S’agit-il vraiment d’un « syndicalisme tricolore » ? C’est tout l’enjeu de la démonstration que réussit l’auteur en replaçant l’histoire du mouvement Jaune dans le contexte des idées syndicales, à une époque très influencée par le marxisme allemand… Il existait bien une école « socialiste » française dont les Jaunes se revendiquaient. Ces derniers n’hésitaient pas à s’affirmer socialistes (au moins à leurs débuts), ni à embrasser un certain patriotisme.

Ce mouvement syndical mené par Pierre Biétry, un ouvrier charismatique, donna même naissance à un parti politique, le Propriétisme, dont quelques idées bien inspirées pourraient aider nos politiques contemporains. Enfin, le lecteur quant à lui, espère continuer l’investigation d’une aventure supra partisane de la vie des idées dans un futur opus plus approfondi sur les échanges intellectuels des personnalités jaunes et sur l’histoire globale du mouvement.

 

 Didier Favre, Les Jaunes, un syndicalisme tricolore. La Nouvelle Librairie, 2022, 186 p., 15,50 €.

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