Editoriaux
Cierges et ministres
Il y a une semaine à peine, une grave question agitait le monde politique : qui allaient être les ministres délégués aux Personnes en situation de handicap et aux Anciens combattants ?
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Il y a dans les déclarations de Macron, qui s’obstine à présenter la France comme le phare des nations (et donc lui-même comme la lumière dispensée par ce phare), la vieille et insupportable prétention progressiste à mépriser les conditions de son expansion : les nappes bienfaisantes de l’universalisme sont supposées recouvrir toutes les aspérités, les parois des nations sont supposées fondre à la flamme des convictions généreuses, les adversaires ne sont que fétus balayés par le vent de l’histoire.
Quand on considère l’actuel ordre mondial, très largement financier et nationaliste, religieux et marchand, on se dit que le progressisme n’a pas chaussé les bonnes lunettes – et que Macron méconnaît par mépris, aveuglement et sottise quelques obstacles majeurs à la propagation de sa propre personne dont il entend pourtant faire le don à l’Union européenne et au monde. Nous en avons choisi trois qui, à des titres divers, sont cruciaux.
Les “migrants”, catégorie hybride s’il en est, surtout dans la perception que les idéologues en ont, sont ainsi une véritable limite à l’accomplissement du projet macroniste car, parmi ceux qu’il veut accueillir à tout prix, inconditionnellement, en France ou dans l’Europe, se trouvent ceux qui, inconditionnellement, portent le projet de détruire (subvertir dans un premier temps) cette France et cette Union pour y substituer un système social fondamentalement étranger. Les “migrants” sont une limite très concrète au progressisme qui fait le pari stupide qu’il saura les digérer alors que le monde entier montre que l’occidentalisme recule et que la finance s’accommode de tous les régimes et encore plus de toutes les exclusions.
Notre industrie de l’armement est classiquement vue comme un outil de puissance. Mais à y regarder de près, ses récents succès dénotent deux choses : d’une part, que nous vendons enfin des matériels aux conceptions anciennes, c’est-à-dire que nous ne serons plus capables de dominer les futurs champs de bataille ; d’autre part, que les autres nations nous choisissent parce que notre influence diplomatique a si fort diminué qu’elles n’ont aucune crainte à avoir quant à notre capacité à user de nos marchés pour infléchir leurs politiques. L’état de notre industrie est une limite diplomatique.
Enfin, les analyses politiques ont comme angle mort de toujours préjuger de la bonté intrinsèque des révoltes d’extrême gauche (et assimilés), quelques horribles démentis que l’histoire apporte constamment : il y a une terrible limite intellectuelle à ne jamais vouloir prendre en compte l’expression colérique des inquiétudes populaires, un véritable déni, une injustice, et encore plus à considérer avec faveur les colères d’un bord au détriment de celles de l’autre : c’est courir le risque de prendre systématiquement les mauvaises décisions faute de savoir réellement écouter et considérer.