Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
On glose depuis quelques années sur la Liberté et les libertés. Plus celle-ci est invoquée, moins celles-là semblent assurées. Mieux, la première est invoquée pour supprimer les secondes et nous finirons sans doute totalement asservis à l’ombre de la bannière de la Liberté.
La Revue politique et parlementaire a décidé d’ouvrir le débat : après tout, si nos libertés s’amenuisent, n’est-ce pas que nous n’aimons plus la Liberté ? « Rares furent les grandes voix à s’indigner de notre accommodement muet aux injonctions les plus puériles, les plus contradictoires, les plus indigentes. », comme l’écrit Arnaud Benedetti dans « La Liberté et les monstres », article inaugural qui revient, entre autres, sur l’épisode Covid et son traitement par Macron et ses ministres. Impossible de résumer toutes les contributions mais le despotisme doux de Tocqueville s’annonce et plusieurs lignes de force se dessinent : non, le capitalisme n’est pas synonyme de liberté. Non, les libertés individuelles ne renforcent pas la liberté politique. Non, le numérique n’émancipe pas (plusieurs articles portent sur cette question technologique très loin d’être anodine avec la multiplication des connexions subies, nécessaires et obligatoires). L’entretien avec Pierre Manent est d’une belle profondeur (« La “construction européenne” a radicalement délégitimé la démocratie représentative qui n’a jamais eu d’autre cadre que le cadre national. Cette délégitimation ruineuse a été voulue par l’opinion gouvernante qui voyait la démocratie nouvelle résulter comme par une nécessité logique du processus de négation des démocraties nationales. »), le débat entre Nathalie Heinich (dont on dira rapidement qu’elle dénonce le woke et tous ses avatars) et Sandra Laugier (dont on dira rapidement qu’elle porte le wokisme) est un réjouissant dialogue de sourds où la tenante de l’orthodoxie sorbonnarde assène ses vérités sans une once de subtilité, ce qui est quand même très éclairant. Comme les intervenants vont de Laetitia Avia à Anne-Sophie Chazaud, le numéro est passionnant parce que ceux qui prennent la parole ne partagent pas un même point de vue, ni sur les institutions ni sur les événements.