Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
La « Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France », qui a tenu les Français en haleine six mois durant, jusqu’en mars 2023, a identifié « six grandes erreurs énergétiques, six leçons générales à en tirer et six chantiers opérationnels, déclinés en trente propositions, à mettre en œuvre pour redonner à la France un destin énergétique. »
Parmi ces erreurs, « 5. Marché européen : avoir laissé se construire depuis 20 ans un cadre qui a fragilisé le modèle énergétique français et EDF, au travers de la loi NOME, du dispositif de l’ARENH, du statut des concessions hydroélectriques et des règles d’échanges de l’électricité. 6. Recherche : avoir arrêté le réacteur Superphénix en 1997 et ne pas avoir préservé notre avance dans la recherche et le développement de la 4e génération post 2019. »
Macron n’a évidemment tenu aucun compte des propositions qui fragiliseraient l’Union européenne, c’est-à-dire l’économie allemande : mieux vaut que les industriels français périssent plutôt que la France n’apparaisse pas comme le champion exalté d’une Union chimérique. Les remèdes sont pourtant simples à concevoir, à défaut d’être faciles à mettre en œuvre. Outre cette rage européiste qui ne connaît comme succès que la destruction minutieuse des outils de la puissance française, deux autres facteurs expliquent l’état pitoyable de notre secteur énergétique, de la recherche à l’exploitation : la folie partisane, qui marchande sans sourciller l’indépendance de la France contre des sièges de députés, la morgue technocratique, dont la caste ne possède aucune vraie compétence sinon celle de satisfaire un pouvoir ignorant de tout.