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Le désordre politique français et l’hégémonie culturelle de la gauche

Le lamentable épisode politique en cours conduit à réfléchir sur ses causes profondes, au-delà de l’impéritie et de la médiocrité, par ailleurs évidentes, du gros du personnel politique.

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Le désordre politique français et l’hégémonie culturelle de la gauche

On ne va donc pas épiloguer sur les défauts personnels bien connus de Macron, accroché dès le début et à un niveau pathologique à la détention directe de la totalité du pouvoir, et sur son absence totale d’écoute et de sensibilité politique, ce qui fait qu’il serait inapte à la fonction, même indépendamment de ses idées et orientations. Défauts qui ont pris depuis un tour catastrophique : la dissolution et le cirque que nous subissons depuis un an en témoignent.

À sa décharge très partielle, il subit ce que j’appelle la maladie de l’Élysée. Cet endroit rend fou, entre isolement, exaltation, et perte de contact avec le réel. Seuls des caractères très trempés y ont résisté : De Gaulle, sans doute Pompidou, et pour notre malheur, Mitterrand (qui habitait chez lui). Mais la dérive est encore pire avec Macron. Alors que les effectifs de la présidence restent minuscules, il fait tout remonter à lui. Un esprit normal n’y résisterait pas, a fortiori quelqu’un qui donne des signes clairs de déséquilibre, et qui n’a jamais géré que sa secrétaire (comme ministre il n’avait aucun autonomie).

Le blocus du RN

Il ne peut pas être sain dans un régime dit démocratique d’organiser un cordon sanitaire prophylactique autour d’un parti majeur, désormais et de loin le premier de France. Ce faisant, on ignore toute une partie de l’opinion, et on restreint massivement les solutions politiques possibles.

Plus largement, l’issue possible de ce qu’on appelle populisme est double. Soit devenir un parti de gouvernement nouveau. Soit s’effilocher et se fondre dans le paysage. Mais dans les deux cas, il ne sert à rien de l’isoler dans un ghetto. Quant à une possible dérive autoritaire, elle peut toucher tous les partis ; et le régime sait l’être quand il s’agit d’imposer ses lubies. Si le RN était vraiment un parti subversif, il faudrait l’interdire – et donc faire une entorse à la démocratie. Mais l’ostraciser n’a pas de sens, sinon permettre de faire élire par contraste des gens qui ne le méritent pas. Y compris (à Avignon) un antifa fiché S ! Il n’en reste pas moins que le programme de ce parti, notamment économique, est en partie irréaliste ou dangereux, et que sa capacité à gouverner n’est pas démontrée.

La dérive de la gauche

Le patrimoine idéologique de la gauche est multiple, mais deux dimensions majeures le caractérisaient autrefois : d’un côté la tradition révolutionnaire, progressiste, la supposée émancipation, ce qu’on peut appeler l’idéologie démocratique ; et d’un autre côté, la tradition socialiste, au sens ouvrier et populaire du terme. La première est néfaste. La deuxième a pu être dangereuse, mais elle avait un aspect légitime et bénéfique. Malheureusement, c’est elle que la nouvelle gauche a liquidé.

Or la première ligne, dans sa forme actuelle, est particulièrement aberrante, avec dérive woke, passion pour l’immigration (et pour l’électorat correspondant), et délires multiples (caricature d’écologie, mesures sociétales de plus en plus inhumaines, etc.). Ce faisant, elle ne propose aucune réponse aux problèmes du pays. Malheureusement cette gauche, désormais politiquement minoritaire, continue dans une large mesure à donner le ton au débat public (malgré la prétendue presse Bolloré).

Une droite toujours pas émancipée

Quant à la « droite », la malédiction que symbolise le nom de Chirac est toujours là : elle reste en sujétion morale par rapport aux diktats de la gauche. Des signes d’émancipation apparaissent, mais ils restent très insuffisants. Car ce que ses élus veulent pour la plupart, c’est être dans le système. Or c’est encore la gauche qui y donne le ton.

Au total, donc, cette hégémonie de la gauche (au sens de Gramsci) dans l’expression publique des idées, dans sa forme actuelle déconnectée de la population, apparaît comme un point névralgique. C’est elle, au fond, qui a permis l’élection et la réélection de Macron, le blocage du RN, l’inhibition de la droite ; et plus largement, l’oubli du peuple. Alors qu’elle n’apporte aucune solution, même illusoire. Tant qu’elle ne sera pas surmontée (médias, associations, enseignement, magistrature…), rien de substantiel ne sera vraiment possible.

 

Illustration : Grand rassemblement contre l’extrême droite à  l’appel des médias, associations, syndicats, partis politiques du Nouveau Front Populaire, avant le deuxième tour des élections législatives place de la République, le 3 juillet 2024.

 

 


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