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L’amour familial face à la Révolution

C’est tellement joliment écrit ; et ce qui est écrit est terrible. Mais aussi instructif : merveilleusement instructif. Gerbert Rambaud, avocat et historien, est d’abord une plume : elle se révèle dans ces petits chefs-d’œuvre de narration. Il raconte ; il aime raconter ; et il sait raconter : un art qui se fait rare.

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L’amour familial face à la Révolution

Il connaît son Lyonnais, son Forez, sa Bourgogne et même son Auvergne. Il en est familier au sens propre ; et historiquement familier, car il se promène dans les histoires des familles sur plusieurs siècles avec l’aisance de l’homme qui repère toutes les relations, tous les lieux d’implantations, les terroirs, châteaux, manoirs, vieux fiefs, mais aussi bien il décrit les développements industriels et commerciaux de l’époque, cette richesse de la France au XVIIIe siècle et qui s’est, en partie, perdue, cette incroyable ramification d’activités et de sociétés qui composait l’univers si varié de la fin de l’Ancien Régime, de l’artisan au commerçant, du commerçant à la noblesse de ville, de l’échevinage à la noblesse de charge et d’extraction.

Là, il s’est attaché à la période de la Révolution. Il s’est penché sur quelques histoires, toutes singulières, où se sont révélées des personnalités exceptionnelles que la grande histoire n’a pu retenir, encore qu’il arrive par moments que les récits puissent la croiser. À côté des études des revues historiques les plus sérieuses, il a recueilli les traditions familiales, il a consulté les correspondances, les livres de raison, les témoignages, les grimoires et les généalogies. Un immense et vrai savoir.

Visiblement ses attaches familiales le mettent en relation, parfois en ligne directe, avec les protagonistes de ces belles histoires d’amour qui affrontent l’adversité à qui la plus cruelle bêtise et la plus noire méchanceté servent de masque. Car ce n’est rien d’autre que ça, la Révolution, la grande Révolution dont la République est si fière : un énorme déversement de tout ce qu’il y a de plus horrible et de plus stupide dans la bête humaine, où dominent les Chalier, les Barère, les Fouché ; et tous les minables du moindre bourg qui avaient une revanche à prendre ou des rancœurs à satisfaire. Alors que la société était aimable et l’aristocratie largement ouverte, tel le marquis de Montmorin, l’un des derniers ministres de Louis XVI.

Ce sont huit récits qui peuvent se lire comme huit « nouvelles ». Seulement ces nouvelles sont authentiques : c’est du vrai de vrai, même pas romancé. Toutes essentiellement à la gloire des dames. Elles furent courageuses, astucieuses, remarquables de fidélité, supérieures à toutes les situations même les plus tragiques. Bref, la femme, telle que la vieille France l’avait établie !

 

Qu’il est dur d’aimer et d’être aimé en 1793, Gabriel Rambaud, Préface de Philippe Pichot-Bravard, Via Romana ; 295 p., 24€

 

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