La gestion de la crise par le gouvernement français ne garantit qu’un seul résultat : les crises à venir. Sur la gestion elle-même, tout a déjà été dit de l’incurie, de l’ignorance, des calculs sordides, de la violence, de l’inconséquence – et, n’en doutons pas, il y aura encore beaucoup à dire jusqu’au triomphal communiqué final où Macron nous annoncera qu’il a gagné la guerre. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est de regarder ce fameux « monde d’après ».
Eh bien, après, ce ne sera pas mieux, et on peut même supposer que ce sera encore un peu moins bien car on nous demandera certainement de nous réjouir sans regarder les ruines. Les ruines de la santé des Français, rendus neurasthéniques et dépressifs par les privations mesquines et les ordres aberrants, d’une part, et d’autre part plus malades encore du fait de l’arrêt indu des soins, qu’il s’agisse de cancer, de chirurgie ou d’addictologie ; les ruines de notre économie, prétendument soutenue « quoi qu’il en coûte » mais assurément grevée d’une dette pharamineuse, l’État lorgnant déjà dans la poche des Français au prétexte qu’ils ont constitué une épargne exceptionnelle, et donc scandaleuse puisque l’argent mis de côté ne sert pas à vérifier les folles hypothèses de croissance des “experts” ; les ruines de notre système de retraite, surendetté et irréformable.
Nous avons voulu regarder les chiffres, comparer les hypothèses, examiner les structures. Vous présenter un dossier, qu’on pourrait augmenter à loisir, qui ne transcrit pas les vœux de la technocratie mais traite de ce qui est probable et, sans doute, sûr. La crise révèle tout ce qui ne va pas, toutes les faiblesses structurelles, et les mauvais remèdes appliqués pour endiguer l’épidémie ont beaucoup servi à fragiliser encore plus un édifice vermoulu dont divers expédients masquent le délabrement.
Ces pages vous serviront donc à mesurer la pertinence des discours prochains, où les faux étonnement sur l’état de la France le disputeront aux déclarations satisfaites sur la “normalité” retrouvée.