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La France existe-t-elle encore ?

Peut-on défendre une souveraineté en même temps française et européenne ? Et croit-on qu’il suffit de la proclamer pour que le peuple l’exerce ? Quelles lois la France peut-elle faire passer pour défendre ses intérêts si l’Union européenne s’y oppose ? Qui impose les règles et signe les traités ? Et qui censure les lois ?

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La France existe-t-elle encore ?

Credit:UGO AMEZ/SIPA/2403111245

Depuis le début des manifestations agricoles qui ont secoué la France, comme le reste de l’Europe, le président de la République et son Premier ministre n’ont pas été avares de déclarations au cours desquelles ils ont multiplié les références à la souveraineté. Mais, hélas, il semble bien qu’ils ne maîtrisent pas plus le sens des mots que leur ministre des Affaires étrangères ne maîtrise la syntaxe. Or, un pays qui, après avoir enterré sa culture et ses racines, perd la langue qui lui restait encore peut-il prétendre constituer une patrie ? La masse des individus qui l’occupent constitue-t-elle un peuple et les institutions de plus en plus contraignantes qu’on impose à ce tas suffisent-elles à en faire une société ? M. Gabriel Attal veut reconquérir « la souveraineté française et européenne » et, pour cela, veut même « inscrire la souveraineté dans la loi »… une « souveraineté alimentaire 1 ».

Qu’est-ce donc que la souveraineté ?

Commentant la crise agricole sur la chaîne de télévision que l’on nomme, en bon français (!), CNews, un journaliste expliquait à juste titre le 30 janvier que « le roi de France était empereur en son royaume ». Il ajoutait qu’à la Révolution, la France avait juste changé de souverain (sic) : au roi s’était substitué le peuple. Cela n’aurait rien dû changer au fait que la France demeurait un État souverain. Mais qu’est-ce qu’un État souverain si ce n’est un État qui est maître chez lui ? Qu’est-ce qu’un peuple souverain si ce n’est un peuple qui, autorité suprême, peut directement ou par ses représentants interposés, prendre les décisions qui sont nécessaires à son organisation, à sa politique et surtout à sa survie ? Un pays qui n’est plus souverain n’est au mieux qu’une région dont le degré d’autonomie ne dépend que du bon vouloir de l’instance qui exerce le pouvoir en dernier ressort. Or, qu’on le veuille ou non, un pouvoir suprême ne se partage pas, du moins pas longtemps. Les triumvirats et autres duumvirats que l’on a pu rencontrer dans l’histoire du monde n’ont pas duré longtemps et ont tous mal fini. Lorsque M. Attal veut reconquérir « la souveraineté française et européenne », il nous promet donc, en fait, des lendemains difficiles. Il y a là un souverain de trop et les intérêts de l’un n’étant pas ceux de l’autre, les tensions sont inéluctables et de plus en plus douloureuses.

Le mot « souveraineté » – dont aucun Français n’oublie qu’il était banni du langage politiquement correct, jusqu’il y a à peine quelques mois – est désormais utilisé à tort et à travers dans les discours officiels. Notre Premier ministre a même décidé que ce mot magique serait « inscrit dans la loi » agricole. Mais ce n’est pas une loi, de plus sectorielle, qui définit la souveraineté. C’est le souverain qui définit la loi. Il y a là une inversion totale des valeurs qui, pour lui, n’est pas la première depuis qu’il a fait d’une caractéristique de sa vie privée un marqueur de la vie publique. Quant au secteur dans lequel il a promis de l’exercer, il ne peut pas le modifier de sa seule autorité, l’agriculture n’étant plus de la compétence française mais de la compétence de l’Union européenne comme le montrent à l’envi les demandes présentées à Mme Van der Leyen par le président Macron. Si donc, en matière agricole, il existe un souverain, celui-ci se trouve à Bruxelles mais certes plus à Paris.

Comment préciser le sens de cette martiale affirmation de « souveraineté alimentaire », expression qui ne veut strictement rien dire mais qui sonne bien à l’oreille ? Si, demain, le Gouvernement décide que le miel ukrainien devra représenter plus de 50 % du miel vendu et consommé en France – où l’on aura tué les abeilles grâce à divers produits phytosanitaires –, il s’agira bien d’un acte de souveraineté pris en matière alimentaire mais en aucun cas d’un acte qui garantira l’indépendance alimentaire (tant pis pour les agriculteurs), la santé publique (tant pis pour les consommateurs) ou la biodiversité (tant pis pour les écologistes). Adieu circuits courts et foin du « dérèglement » climatique !

Qui est souverain ? Dans quel domaine ?

Les divers traités internationaux imposés au peuple français, notamment le traité de Lisbonne qui a décidé l’exact contraire de ce que le peuple avait décidé par référendum, ont dilué la souveraineté nationale à un stade qui était difficilement imaginable de la part d’un peuple aussi ancien que le peuple français. L’agriculture est désormais du domaine exclusif de l’Union européenne ; il en est de même du commerce international ce qui est particulièrement flagrant dans le cas du Mercosur. Au-delà de l’agitation médiatique actuelle les négociations continuent et s’accélèrent même puisqu’elles n’avaient été retardées que parce que le peuple brésilien avait mal voté en élisant pour un temps M. Bolsonaro. L’importation de volailles ukrainiennes a été décidée sans que la France n’ait son mot à dire, et pour que la colère de ceux qui subissent ainsi une concurrence déloyale soit provisoirement calmée, « on » a promis que ces importations seraient plafonnées (à quel niveau ? quand ?). Au passage, on omet de dire que les volailles sont produites par un seul oligarque, qui ne partage pas ses bénéfices avec le peuple ukrainien mais uniquement avec des fonds de pension américains actionnaires de son empire. La question ukrainienne est par ailleurs symptomatique de ce transfert sournois de souveraineté de la France vers l’étranger. Depuis le début de cette crise internationale le Gouvernement français ne poursuit pas une politique nationale, ne cherche pas où est l’intérêt du pays, il ne fait que s’aligner sur les instructions données par les États-Unis via l’OTAN que notre président avait pourtant déclaré en état de « mort cérébrale » quelques mois auparavant.

Mais il y a plus grave encore. Dans la France d’aujourd’hui, la démocratie n’est même plus le règne de l’étranger, c’est simplement l’anarchie. Les représentants du peuple peuvent voter toutes les lois qu’ils veulent et qu’attendent leurs électeurs, celles-là sont censurées par le Conseil constitutionnel grâce à n’importe quelle argutie juridique lorsque ces « sages » le décident. La loi sur l’immigration en est le dernier exemple en date et couronne l’abandon de la surveillance de nos frontières que nous avons fait à un organisme qui ne s’intéresse pas à notre sécurité intérieure, Frontex ; abandon sur lequel veille jalousement le Conseil d’État. Avec cette loi sur l’immigration, la France aurait-elle pour autant basculé dans un gouvernement des juges comme certains le disent ? Que non ! Les juges ne sont que les comparses obligés de cette mascarade de la souveraineté nationale dans un état de droit. L’interdiction faite aux pêcheurs de gagner leur vie en exerçant leur métier dans le Golfe de Gascogne l’a été à la demande d’une ONG irresponsable qui s’est abritée derrière un prétexte écologique… ce qui a donc conduit à augmenter les importations de poisson arrivant en France par avion !

Quel prix de la souveraineté ?

Dans la mesure où le Gouvernement a perdu des pans entiers de sa raison d’être et que ses responsabilités sont désormais exercées par d’autres, les citoyens auraient dû voir leurs impôts diminuer très largement. En effet, les impôts ont d’abord et avant tout pour objet de financer les obligations régaliennes de l’État, autrement dit les obligations qui découlent de l’exercice de la souveraineté. Les membres du Parlement ont bien pour première mission de consentir à l’impôt et de veiller au bon usage de celui-ci pour le bien commun des populations. Or on constate qu’au moment où toute une partie de la population lutte pour sa survie, où les « classes moyennes » sont écrasées par une fiscalité galopante, où les services de l’État sont de moins en moins efficaces mais les contrôles de plus en plus tatillons, les parlementaires ne trouvent rien de mieux que de s’augmenter, et uniquement eux, creusant un peu plus le déficit de la France. Désormais, ce qui augmente le plus vite ce n’est pas le PIB, encore moins la natalité, mais la dette de la France au point même que l’Union européenne commence à s’en inquiéter sérieusement ce qui la conduira à nous infliger une amende substantielle que nous ne pourrons payer qu’en augmentant encore nos dettes et en obérant un peu plus l’avenir.

Sans pouvoir, sans monnaie, sans argent, sans culture, sans langue claire et précise, sans politique nationale, sans respect de sa population, la France existe-t-elle toujours ? N’est-elle pas plutôt comparable à un canard qui court encore alors qu’on lui a déjà coupé la tête ?

 

1Ce n’est donc pas suffisant de l’inscrire dans le titre du ministère : ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire.

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