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La démographie glaciale qui attend l’Église

L’Église catholique en France fait face à une baisse sévère des vocations et des pratiquants. Dans ces conditions, et quelque dépit qu’on en ait, à quoi pourraient servir toutes ces églises désertes et désertées ? L’Église peut-elle et doit-elle exiger leur maintien et leur affectation ?

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La démographie glaciale qui attend l’Église

Les récents propos de Roselyne Bachelot, estimant qu’il y avait trop d’églises et qu’une partie appréciable de celles-ci, notamment en milieu rural, devrait être vendue ou détruite, ont justement scandalisé par leur brutalité. Il n’empêche qu’il y a une question réelle, celle des conséquences collectives de l’effondrement démographique du catholicisme. Comme tout effondrement de ce type, l’effet n’est que progressif et permet le maintien d’impressions rétiniennes sur d’assez longues durées. Mais en même temps la démographie est implacable à terme. En l’occurrence, elle met en évidence la quasi-certitude d’un effondrement au moins quantitatif encore plus visible du catholicisme en France.

Ce n’est pas la dimension proprement religieuse qui sera ici au centre de l’attention mais sa signification pour l’ensemble de la société. Compte tenu de l’importance traditionnelle, dans la vie collective du pays, du catholicisme et de son héritage, il est important d’y réfléchir dès maintenant. Mon propos ne sera pas non plus la recherche des causes de cet effondrement, ni la question (en soi importante bien sûr) de ce qu’il faudrait faire. Mais de ce que signifient les chiffres. Y compris au niveau des bâtiments.

L’effondrement déjà acté et surtout attendu du nombre de prêtres est le premier facteur. Actuellement le rythme d’ordinations est d’environ 120 par an (toutes filières) et d’environ 100 (si on se limite aux diocésains et communautés non religieuses) contre plus de 1000 (fluctuant alors fortement selon les années) vers 1950, soit 1/10. Ce chiffre tend en outre à baisser. Mécaniquement, en supposant même qu’il se stabilise, cela implique en régime de croisière un nombre de prêtres actifs en paroisse de l’ordre de 4500 au plus (en supposant 45 ans d’activité sans défection) soit moins de 1/10 des 51 000 de l’époque – ce qui est cohérent avec les ordinations. Naturellement, cela suppose, de façon bien optimiste, une stabilisation des ordinations au niveau actuel, alors que la tendance longue est à la baisse. Notons incidemment que l’application d’un coefficient semblable au nombre de diocèses aboutirait à envisager tout au plus un diocèse par région administrative actuelle…

Une Église à redimensionner

Certains pensent que cela implique une raréfaction par rapport à la demande des fidèles et en déduisent le besoin d’une autre pastorale. Mais si on regarde les données, ce n’est pas évident, même si ce que recouvrent les chiffres disponibles n’est pas clair. Selon les évaluations avancées ici ou là, les ’messalisants’ (auto-déclarés) seraient désormais de l’ordre de 4,5  % de la population (en 2016). D’autres séries de chiffres (ceux qu’utilise par exemple G. Cuchet) vont plus bas : moins de 2 % dans la période récente (1,8 % en 2017 enquête Ipsos, Yann Raison du Cléziou). Quant à la pratique vers 1950-1960, on parle en général de 25 à 28 % (même si certains évoquent 40 à 45 %). Ces diverses séries de chiffres ne sont pas nécessairement cohérentes. En ordre de grandeur, si on retient ces 25-28 % pour l’époque, la réduction oscille entre 1/12 avec le chiffre de 1,8 %, et serait plus forte que celle du nombre de prêtres ; mais de 1/6 avec 4,5 %, ce qui serait plus faible – mais on compare alors des chiffres autodéclarés avec des mesures. Ajoutons que le taux d’encadrement par des prêtres dans les années 1950-60 restait relativement élevé. Il est à noter en outre que cela inclut des chiffres très variables selon les générations, et que les chiffres de pratique seraient bien plus bas aujourd’hui si on enlevait les plus âgés (en 2006, les retraités faisaient 44 % des pratiquants). Et bien entendu l’extrapolation de la tendance antérieure conduirait à des chiffres encore inférieurs. En résumé, donc, la baisse du nombre de prêtres est peut-être un peu plus rapide que les besoins des fidèles, mais ce n’est pas certain, surtout sur la durée. Cela ne paraît en tout cas pas de nature à changer significativement les données de base de la question.

On pourrait en sens inverse rappeler que subsiste, même si c’est là aussi en baisse régulière, un halo de non-pratiquants qui se tournent vers l’Église pour les grandes occasions. Cela dit, les actes de baptême, confirmation et mariages en 2019 étaient de 290 000, soit autour de 64 par prêtre dans le régime de croisière ci-dessus, un peu plus de 1 par semaine ; et ils seront certainement plus bas à l’avenir. Pas de quoi surcharger lesdits prêtres. En outre, 13 % des enfants sont baptisés dès leur première année de vie (signe d’un relatif engagement des parents)… contre 94 % vers 1960. Cela n’augure pas d’un rayonnement massif.

Au total, on s’achemine clairement vers une église considérablement redimensionnée, et dont la présence locale ne peut être que très faible, même dans l’hypothèse d’une stabilisation. Pour prendre un département rural que je connais bien, l’Ardèche (diocèse de Viviers), avec une population de 327 000 habitants, aurait arithmétiquement en gros 20 prêtres – en supposant une péréquation nationale car le niveau des vocations y est très bas. Il y en avait plus de 600 en 1900. Cela permettrait le maintien d’un nombre réduit de points de contact : 20 si les prêtres restaient isolés, moins de dix s’ils étaient regroupés par 2 ou 3, ce qui serait très souhaitable. Ce qui veut dire d’une part que les pratiquants devront perdre l’habitude d’aller à l’église du bourg voisin comme aujourd’hui, et plutôt faire 30 ou 40 km pour pratiquer ; on se rapproche alors de la consultation d’un spécialiste. Cela veut dire aussi qu’il n’y aura pas de pratique religieuse au sens traditionnel et même actuel dans la très grande majorité des églises-bâtiments. Et bien sûr le maintien d’un diocèse serait très aléatoire.

Les églises ne seront plus que des bâtiments

On pourra objecter que d’autres types de pratiques religieuses sont théoriquement concevables. Mais sans entrer dans le débat canonique, déjà aujourd’hui la fréquentation des églises dans ce même diocèse concerne de façon majoritaire et souvent exclusive des personnes ayant plus de 60 ans. Si on extrapole démographiquement, il n’y aura à l’avenir pas de quoi alimenter plus que la réunion épisodique de groupes réduits. Ce qui peut éventuellement avoir un sens pour eux, mais n’a plus de pertinence ou de visibilité dans la société.

En ville, la situation est quelque peu différente. Outre que l’assistance est souvent plus jeune, la question de la distance se pose autrement. À Nîmes, par exemple, avec 150 000 habitants, l’arithmétique nationale donnerait en gros une dizaine de prêtres, ce qui permet encore une certaine présence pas trop éloignée, qu’il serait d’ailleurs raisonnable de concentrer sur 3 ou 4 points. On n’irait plus à l’église du quartier, mais on n’aurait pas à se déplacer de façon excessive par rapport à ce qu’on fait dans la vie civile. Mais naturellement cela ne permet pas une présence sociale appréciable ; ni là aussi ne justifie à soi seul l’équipement actuel en édifices de culte.

Ce tableau est sensiblement plus sombre que ce qu’on peut voir encore aujourd’hui en allant dans les églises. Ici aussi la lenteur des évolutions démographiques crée une rémanence rétinienne trompeuse. Dominée par les générations âgées, l’activité actuelle des paroisses, pourtant beaucoup plus basse qu’autrefois, reste, surtout hors des villes importantes, bien plus élevée que ce qu’elle sera à l’avenir, surtout en dehors des très grandes villes.

On va vers un monde notablement différent de ce qu’on voit encore

Sur le point bien spécifique évoqué au début, à savoir l’avenir des églises-bâtiments, ce qui vient d’être rappelé ne nous dit pas ce qu’il pourra être. Cela dépendra notamment, bien sûr, du degré d’attachement au patrimoine comme tel. Mais cela met en évidence le fait que, dans leur grande majorité, ces églises n’auront plus de justification par l’activité religieuse. En outre, les générations d’élus locaux qui se rappelaient leur baptême ou leur mariage dans un tel endroit auront en grande partie disparu ; et leurs électeurs n’auront en grande majorité plus d’idée précise du christianisme. Cela dit, nous ne savons pas ce que signifiera pour eux ce bâtiment étrange, mais frappant et familier, qu’on appelle l’église, là au centre du village et pouvant symboliser ce village. En ville, il y aura probablement moins d’émotion, les édifices religieux ne justifiant pas d’un intérêt majeur étant plus menacés, les autres (minoritaires) restant relativement utilisés par le culte.

Bien entendu, tout ceci ne fait que photographier la réalité telle qu’elle se profile actuellement, en perspective optimiste puisqu’on a supposé une stabilisation qui ne va pas de soi. D’un point de vue croyant, on pourra légitimement objecter qu’il s’agit de foi et que la foi est entre les mains de Dieu. Ce qui est bien sûr vrai, à ceci près que la lourdeur des tendances démographiques est telle que même si la situation se renversait, pendant toute une période les données ici évoquées décriraient bien la réalité dominante. Dans tous les cas, on va vers un monde qui sur ce plan sera notablement différent de ce qu’on voit encore. Ce qui n’empêchera pas le maintien ou le développement d’îlots de foi ardente. Mais ils seront désormais bien minoritaires, et peu compréhensibles par la majorité.

 

Illustration : Dans la jungle de Calais, les orthodoxes bâtissaient des églises de fortune. Dans les villages français, les édifices du culte catholique sont en déshérence.

 

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