Lors de son premier grand oral de campagne, le 6 octobre dernier sur France 2, l’ancien premier ministre Alain Juppé a affirmé face à Robert Ménard qu’il poursuivra la politique d’immigration actuelle.
Le climat identitaire était propice à un débat de fonds sur l’immigration. Avec l’invitation de Robert Ménard, maire de Béziers proche du Front national, l’émission a permis de connaître les idées de l’ancien ministre d’Etat de Nicolas Sarkozy sur l’immigration.
Pas inquiet que certaines classes scolaires soient formées à 90% de populations qu’il nomme « allogènes », Alain Juppé propose de renforcer l’apprentissage de la langue française dans les écoles.
« Le problème ne vient pas de là »
Il ne supprimera pas pour autant l’apprentissage des langues d’origine désormais proposé dans les classes par le ministère de Najat Belkacem, comme l’arabe ou le turc.
Robert Ménard ayant demandé à l’ancien premier ministre si les 200 000 immigrés légaux qui entrent sur le territoire chaque année – « une agglomération comme Montpellier » – n’étaient pas trop élevés, Alain Juppé a répondu : « C’est ce qui se passe depuis dix ans et ça n’a pas bouleversé le visage de la France. Ce n’est pas de là que vient le problème ».
La réalité des chiffres est toute autre. Le pays voit ainsi l’arrivée de plus de 180 000 immigrés légaux situés hors de l’espace européen chaque année depuis 1998. Ce niveau a été triplé par rapport à la première vague migratoire organisée entre la fin des années 70 et le milieu des années 90.
Près de 40% de naissances « allogènes »
En outre, les nouveau-nés d’origine africaine ou arabe ont représenté 39% des naissances déclarées en France métropolitaine l’an dernier, contre 37% en 2014, selon les chiffres de l’Association française pour le dépistage et la prévention des handicaps de l’enfant (AFDPHE).
Spécialisée dans le dépistage néonatal de cinq maladies génétiques rares, financée par la Sécurité sociale, l’AFDPHE dépiste systématiquement la drépanocytose chez « les enfants à risque en raison de l’origine de leurs parents. Cette maladie touche essentiellement les enfants originaires des Antilles, d’Afrique noire mais aussi d’Afrique du Nord » (http://www.afdphe.org/dr%C3%A9panocytose).
En 2005, les nouveau-nés à risque représentaient 26% des naissances en France métropolitaine. Le phénomène, inégalement réparti sur le territoire national, est particulièrement concentré en Ile-de-France, en Provence et en Alsace.