Editoriaux
Cierges et ministres
Il y a une semaine à peine, une grave question agitait le monde politique : qui allaient être les ministres délégués aux Personnes en situation de handicap et aux Anciens combattants ?
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Macron a eu la grossière audace de mobiliser la guerre pour nous sommer de consentir à l’inutile saccage de nos libertés, d’adhérer à sa politique, de museler ses opposants et même, sans doute, de désigner les réfractaires, pour que l’opinion et la justice les condamnent ensemble.
Dans l’arsenal macronien, l’histoire de la France républicaine est un coffre à jouets qu’on ouvre de temps en temps pour en sortir un déguisement de circonstance. Comme le pouvoir avait largement pédalé dans l’incertitude avant de s’enfoncer dans le déni, façon ministres pacifistes refusant d’armer et d’équiper les troupes, avant 14-18 comme avant 39-45, nous avons eu droit à l’union sacrée face au virus dans le cadre d’une guerre-guerre-guerre-guerre-guerre-guerre tragique brusquement révélée à la nation. « La France unie, c’est notre meilleur atout dans la période troublée que nous traversons. »
Cette manière d’hystériser les circonstances était évidemment disproportionnée et le rassemblement du pays face à l’ennemi avait pour but de désarmer les critiques bien plus que de lancer des offensives décisives. En fait, la seule offensive décisive a été lancée contre ceux qu’on appelait à s’unir, le pays entier ayant été assigné à résidence avant que la loi Avia ne l’assigne au silence et que l’état d’urgence sanitaire, toujours en vigueur, ne mette en veilleuse toutes les libertés et tous les contrôles possibles.
Macron, qui connaît son histoire de France à peu près autant qu’il maîtrise Robinson Crusoé, ne se rend pas compte que l’union sacrée qu’il invoque était déjà, à l’époque, un leurre et un “narratif”, pour parler comme ses conseillers. Un trompe-couillon pour fabriquer du consentement et légitimer tout exercice exorbitant du pouvoir. Mais ceux qui sont partis en guerre contre les Allemands n’ont jamais renoncé à critiquer ceux qui avaient si mal préparé et conduit (dans un premier temps) cette guerre, transformant les Français en chair à canon. La censure, seule, a permis de croire au consensus.
Macron-Clemenceau ou Macron-De Gaulle ne se préoccupe pas de vaincre en organisant un gigantesque effort de guerre mais de plonger l’arrière dans la torpeur. C’est contre les citoyens qu’on a mis en place une magnifique “campagne de France”, tout le pays légal uni contre le pays réel, en traquant les déplacements, interdisant les plages, verbalisant les promeneurs, culpabilisant les chagrins et terrorisant toute la population. Quand on parle d’union sacrée, on désigne moins un ennemi qu’un principe qui transcende les divisions. Mais quel principe désigne Macron ? La France ? Il ne parle que de souveraineté européenne. Les Français ? Il explique qu’ils doivent mériter la confiance du gouvernement. Mais alors ? Le pouvoir. Macron nous enjoint de respecter le pouvoir par principe, le principe du pouvoir. Critiquer est un crime car la nation ne trouve son unité que dans sa soumission, la nation n’a de sens que dans sa soumission.
Ne pas consentir au récit que l’État fait de sa vertu, de sa prudence, de son intelligence, de sa clairvoyance : ils ne sont que mensonges affolés, traînés dans l’infosphère par Sibeth, déesse Renommée déboussolée. Ne pas consentir à l’absurde privation de nos libertés, dont le seul sûr effet est de ruiner le pays. Ne pas consentir au plan de redressement à venir, qui ne visera qu’à spolier encore plus les Français par le biais d’une fiscalité inique. Ne pas consentir aux lois scélérates en germe qui visent à exonérer les coupables.
Nous ne consentons pas à ce qu’un gouvernement qui ignore depuis trois ans les cris désespérés des Français prétende les unir derrière lui. Nous ne consentons pas à ce qu’un président arrogant prétende rassembler des Français qu’il a méprisés à voix haute, en France et à l’étranger. Nous ne consentons pas à voir une administration dévoyée prétendre régler nos vies quand elle a été incapable de mener à bien ses missions de santé publique. Nous ne consentons pas à voir des forces de l’ordre transformées des mois durant en garde prétorienne prétendre mener la guerre au virus en allant traquer les promeneurs en hélicoptères en pleine nature. Nous ne consentons pas à ce que l’oligarchie financière protège ses actionnaires mieux que ses employés et exige de l’État qu’il lui accorde des aides quand elle s’acharne à dissimuler ses profits.
Nous ne pouvons pas être unis avec ceux qui combattent moins le virus que les Français eux-mêmes et proclament un état d’urgence qui ne leur sert qu’à ficher la population et à étendre encore plus leur empire moral. Nous ne pouvons pas être unis avec ceux qui ont désarmé les hôpitaux. Nous ne pouvons pas être unis avec ceux qui se préoccupent moins des morts en hausse dans les ehpad que des morts avortés en baisse. Nous ne pouvons pas être unis avec un gouvernement qui explique que les Français doivent mériter sa confiance alors qu’il a perdu celle des Français.
La République ne connaît et ne sert qu’un principe, la puissance de son empire sur les citoyens. Notre devoir est la désunion d’avec ce président, ce gouvernement, cette technocratie, ce régime. Nous ne sommes unis, indissolublement, qu’à la France, qu’ils ne représentent pas et qu’ils détruisent.