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Des fumées et des nuées

Vanité de la politique olfactive

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Des fumées et des nuées

À Rouen, Edouard Philippe, Celui-qui-est-d’une-grande-fermeté, a rendu un hommage appuyé à Jacques Chirac devant l’usine ravagée en évoquant les odeurs : « Les odeurs que nous sentons […] sont effectivement très dérangeantes, très pénibles à supporter, elles peuvent entraîner en effet un certain nombre de réactions, mais elles ne sont pas nocives ». Voilà, c’est comme ça : il y a un site classé Seveso, il flambe, ça empeste mais ce n’est pas grave, et veuillez me croire quand je vous dis que le gouvernement est transparent. Ce ne sont que des fumées. Quand Chirac parlait en 1991 de bruits et d’odeurs, il suggérait que c’était nocif. Puis il changea d’avis. « L’homme politique ! ses opinions sont comme l’herbe, elles fleurissent comme la fleur des champs. Lorsqu’un vent passe sur elles, elles ne sont plus, et le lieu qu’elles occupaient ne les reconnaît plus » comme dit le psaume (ou presque).

Chirac aussi a passé, animula vagula blandula, fantôme de lui-même. On le couvre d’éloges, on oublie qu’il a pavé le chemin qui nous mène à aujourd’hui. Fumées, tout n’est que fumées, et les fraiches vapeurs de sa renommée qui s’élèvent aujourd’hui seront bien vite dispersées par le vent de l’actualité, comme le nuage de Rouen, dont on nous assure qu’il a disparu, et que la mort de Chirac avait chassé de la Une des journaux.

Vanité du millénarisme climatique

À New-York, Greta, l’Enfant-qui-doit-être-obéie, a sévèrement tancé une assemblée de représentants, sur ce ton colérique et vaticinateur qui plait tant aux sectateurs du climat, avides de précipiter une ruine salvatrice, heureux de s’accuser par orgueil des pires maux. Ils ont trouvé leur vierge prophète, comme tous les millénaristes. Severn Cullis-Suzuki avait fait la même chose en 1992, à douze ans – et le monde a continué à augmenter sa consommation d’énergies fossiles. Bernard Lugan nous rappelle qu’en 1856 Nongqawuse, du peuple Xhosa, avait prédit que les Boers et les Anglais seraient chassés, « la puissance xhosa serait restaurée par les dieux, les troupeaux seraient multipliés et les morts ressusciteraient si tout le bétail, toutes les récoltes et toutes les réserves alimentaires étaient détruites. » La destruction expiatrice fut lancée. Ça n’a pas marché. Les vierges adolescentes n’arrivent à rien – sauf Jeanne d’Arc, et pour un temps seulement.
Les sermons de Greta ne porteront aucun fruit car ils sont entendus par ceux qui décident de digitaliser le monde entier, c’est-à-dire qui décident d’augmenter considérablement notre consommation d’énergie. Ils n’écoutent pas plus Greta qu’ils n’écoutent le GIEC, ils se contentent d’ouvrir de nouveaux marchés et d’imaginer de nouvelles taxations qui permettront à quelques rares élus de bénéficier de la manne publique pour faire prospérer ces marchés prétendument vertueux. Vanité des religions séculières, et de leurs clergés. Greta s’évanouira, consommée par son culte, et, sans attendre la fin du siècle, l’agriculture industrielle aura plus sûrement ravagé la nature que toute autre action humaine.

Vanité du président

À Paris, Emmanuel Macron (LREM) a expliqué que « on ne naît pas parent, personne ». Ce genre d’affirmations d’une brutale absurdité rappelle Jean-Louis Touraine (LREM) expliquant « Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père » ou Nicole Belloubet (LREM) assénant que « ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation. » Comme Celui-qui-parle-bien-de-tout a ajouté que l’État allait s’occuper des mille premiers jours de l’enfant, c’est à dire de son troisième mois utérin à ses deux ans révolus, force est de constater que la France est en train de se transformer en pays fasciste où l’État décide que plus rien n’est intime et qu’il possède, littéralement, le droit de décider de nos vies. Il n’y a pas plus grande nuée que celle-ci, ni gaz plus insidieux, ni nuage plus étouffant. Et on peut bien craindre que la vanité de Macron ne le pousse à nous étouffer pour asseoir sa domination. Pour notre bien, et en toute transparence décarbonée, bien sûr.

Par Philippe Mesnard

 

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