Vladimir Poutine a décidé de mettre à mal la démocratie, comme chacun sait.
Après avoir fait élire Trump président des États-Unis, le voilà qui empêche Griveaux d’être élu maire de Paris ; ce qui est presque la même chose ; enfin, c’est un poste important ; en tout cas, en France, ça en jette ; disons que LaREM aimerait régner sur quelques villes en plus du reste du pays. Bref, c’est Poutine qui a grillé Griveaux, comme il a promu Trump, car la mairie de Paris est le symbole du monde libre. D’ailleurs, si Buzyn est élue, Poutine n’y sera pour rien mais si elle perd, c’est bien parce qu’il aura préalablement ruiné la démocratie. Car la démocratie, c’est LaREM. Quand la république en marche ne marche plus, la démocratie s’arrête. Telle est désormais le paysage mental dans lequel nous sommes priés de circuler sous peine d’être suspects de mille péchés. La vie politique du pays légal est devenue un immense concours d’infox officielles et d’indignations commandées, comme si le pouvoir en place éprouvait la servilité passive des citoyens. Pour le moment, ça fonctionne très bien et le peuple français a passé haut la main tous les tests de soumission ahurie.
La faute à Poutine
Poutine est pratique, on peut le sortir dès que ça ne va pas. Hilary Clinton le brandissait régulièrement, et on crédite cet ancien tchékiste de toutes les subtilités dont on ne voulait pas créditer ses prédécesseurs. Une chose étonne, c’est que Macron n’ait pas plus fermement accusé la Russie de tous ses déboires européens ? Il vient de proposer une hausse des taxes écologiques : les “pays du Nord” l’ont envoyé paître, l’Allemagne en tête. À croire que Poutine joue le rôle de l’infâme suborneur de l’Allemagne, dans ce couple franco-allemand mythique. Merkel sourit à Macron comme on sourit à un ami exalté qui proteste de son amour et continue à administrer sa pension de famille en laissant M. Popov venir installer le gaz. Macron a vomi l’Italie, la Pologne, la Grèce, le Royaume-Uni et l’Espagne, qui, forcément sous influence de Poutine, n’appuient aucun de ses projets et n’applaudissent aucune de ses visions. Notre président a réussi l’exploit, en jouant les mouches du coche, en prétendant réveiller les consciences, en les fustigeant, en proposant des plans grandioses qui ne révélaient que son ambition, à faire en sorte qu’aucune de ses propositions, jamais, ne soit adoptée, à aucun moment, quelle que soit l’échéance considérée et sa nature, nomination d’un commissaire ou taxation des GAFA. Les discussions sur la PAC en sont le dernier exemple en date. Pour le coup, on peut dire que la France a raté tous les tests possibles, qu’elle se vautre régulièrement – ce qui n’empêche pas Macron, tel un ludion, de se redresser en souriant sous les applaudissements de la presse française pour proposer une énième mesure géniale.
Un virus ne s’arrête pas aux frontières
Encore en propose-t-il. Son ministre de la Santé vient d’expliquer (23 février) que fermer les frontières était inutile pour contenir le coronavirus, qui se moque, paraît-il, des espaces administratifs : « Un virus ne s’arrête pas aux frontières », a-t-il déclaré avec cette subtile ironie caractéristique de LaREM quand il s’agit d’enseigner le peuple. Car la France n’est qu’un espace administratif, pour M. Véran. Partout on annule les vols, l’Italie boucle des villes entières (qui sont des espaces administratifs), en France même on recommande administrativement aux gens qui reviennent d’Italie, étudiants et écoliers, de rester chez eux – ce qui s’apparente à une assignation à résidence sans contrainte, ce dont le virus devrait se moquer s’il n’a pas de conscience spatiale citoyenne –, mais nos frontières resteront ouvertes. Le dogme de l’ouverture des frontières est testé grandeur nature : on a décidé que nos frontières seraient des passoires, on va voir si les Français considèrent qu’un virus issu de la diversité (et porteur d’un vrai message d’universalisme mortel) a le droit de passer et qu’il serait vraiment trop… russe de reprocher au gouvernement une inaction si ironiquement vertueuse. En attendant, c’est toute la mondialisation qui passe un test : quand l’OMS parle de pandémie, quand les achats s’effondrent, quand les Bourses, enfin et à regret, marquent le pas, quand on apprend que les médicaments fabriqués en Chine risquent de ne pouvoir être exportés, pas plus que les iPhones, quand on comprend que la ville de Wuhan devient le centre névralgique de toutes les économies du monde, on mesure la folie de cette mystique des échanges sans frontières. Mais quels politiques sauront tirer les leçons de cette potentielle catastrophe ?