Le Premier des Français, le Chef de l’État, celui qui représente la France et en qui les Français devraient se reconnaître, le chef des Armées de la France, le patron des administrations françaises, le premier des magistrats, le représentant suprême des territoires et des communes de France où sa photographie est affichée, le garant des institutions de la France, le titulaire de la totalité de la puissance publique, le souverain qui assume la permanence de la nation entre son passé et son avenir, cet homme qui plus qu’aucun autre devrait veiller à la dignité de sa parole et de sa conduite, passe littéralement son temps, depuis deux ans et plus, à insulter la France et les Français. À croire que c’est un jeu chez lui et qui le fait jouir. Braver la France ! Outrager les Français. C’est son truc. Il tient là son originalité. C’est le seul chef d’État au monde qui se permette de bafouer publiquement et continûment son propre pays. Le seul ! Imaginez les Poutine, les Trump, les Johnson, les Xi Jinping qui cracheraient sur leur pays !
Voilà que récemment encore, fin janvier, revenant d’Israël, il a comparé la guerre d’Algérie à la Shoah. Entendons bien : la France aurait commis en Algérie un crime contre l’humanité, un génocide, la plus épouvantable et la plus programmée des horreurs. Tel fut le sens des paroles présidentielles. Ce n’est pas la première fois que Macron prononce une telle sentence. Il a osé même l’édicter en Algérie, en rompant avec la réserve à laquelle il se devait à l’époque. Il a tenu les mêmes formulations à plusieurs reprises à propos de la colonisation en Afrique noire. Ce misérable petit sciencespotard ne sait rien de ce qu’il débite à longueur de journées, répétant, en toute question, des phrases toutes faites, reprises de lectures mal digérées et de cours tous orientés vers le dénigrement de la France dont la récitation est malheureusement la condition première du succès aux examens. Qui ne connaît ça ? C’est la règle en France : vilipender son pays. Ce qui nous donne aujourd’hui les dirigeants les plus pitoyables de la planète.
Des militaires, des historiens, des économistes lui ont apporté la réplique, en particulier notre ami Bernard Lugan. Mais rien n’y fait. Ce n’est que devant la protestation des autorités juives que Macron a consenti à préciser sa phrase d’une manière aussi fausse qu’alambiquée, en reconnaissant l’unicité de la shoah : il fallait entendre les exégèses ridicules à force d’être lamentables de la parole présidentielle. Car le foutriquet, comme aurait dit Boutang, comme dit fort bien aujourd’hui Onfray, se garde bien de revenir sur son infamie qui stigmatise la France aux yeux du monde entier. Il se dit prêt, en revendiquant l’autorité de Chirac, à affronter ce qu’il appelle « le défi mémoriel » ! Ah, que c’est beau, ce souci psychanalytique ! Il pense par sa thérapie libérer la France de ses horrifiques fantasmes, lui faire expulser les immondices de son innommable histoire.
La France coupable
Son propos est net : la France, tous les Français doivent se sentir coupables, et, cela doit être spécifié, en tant que Français. Il convient d’aller plus loin que Chirac. Les deux mots doivent être définitivement associés devant le Tribunal de l’histoire et du monde : France coupable, Français salauds. En proférant son arrêt, Macron préside avec la haute conscience de son devoir. Il est le maître de la Justice ; il dit le Bien et le Mal, ce qui suppose une supériorité de nature. Tel est le Grand Juge que la France a à sa tête.
Dans sa fatuité où la superbe le dispute à l’ignorance, l’insupportable gamin s’invente une intégrité qui surplombe tous les soupçons. Lui qui a passé sa vie à transgresser toutes les lois divines et humaines, édicte la norme. Il est des gens comme ça : des transgresseurs qui se fixent pour tâche de déterminer la règle. Car cette prétendue intégrité n’est elle-même en fait qu’une transgression ; il y transgresse la plus élémentaire honnêteté intellectuelle et morale, comme il l’a, d’ailleurs, toujours fait, dans la suite innombrable de ses transgressions, à quoi se résume sa vie, bafouant jusqu’à l’honneur des familles, jusqu’à la simple décence, singulièrement dans les honteuses fêtes de la Musique. Il bafoue tout, il ne respecte rien, et quand il fait semblant de respecter en paroles convenues, c’est qu’il prétend utiliser le protocole pour se mettre à l’honneur.
Le citoyen comprend bien que chez lui tout est toujours calculé, y compris dans cette dernière assertion sur la culpabilité française ; il cherche à l’évidence l’électorat arabo-musulman dont il a besoin pour dresser les Français les uns contre les autres : c’est sa tactique pour gagner depuis le début. Il n’en tirera que le plus juste des mépris, comme il ne peut pareillement que s’attirer le dédain des juifs que des mots ne pourront satisfaire. Les gens ne sont pas dupes de tels calculs qui déshonorent la France.
Comment un tel homme peut-il représenter et défendre les intérêts français ? Il est insensible à l’histoire de France, à sa réalité d’hier, d’aujourd’hui et de demain à laquelle il ne croit pas.
Pas d’intérêt français, pas de diplomatie française
Son discours à la Conférence des Ambassadeurs à la fin août porte la marque de cette nullité faussement savante qui le caractérise et qui le gonfle de la plus vaine des suffisances.
Deux heures d’affilée, soixante pages de texte, des phrases confuses, une pensée chaotique et qui se croit géniale dans l’accumulation de considérations aussi vastes que creuses. À chaque phrase, ce ne sont que « réflexions profondes » qui amènent « à réfléchir profondément » sur les « profonds bouleversements » du monde. Dans le texte ! Cent fois répétés. Comment des ambassadeurs, comment des officiers généraux, comment des gens sérieux peuvent-ils endurer pareille logorrhée ? Ce prétentieux grimaud de collège ne fait pas de la diplomatie, ce qui amènerait à considérer concrètement les intérêts français. Non, il fait de « la géostraétégie », ça pose ! « La géostratégie, ça me passionne », a-t-il déclaré ingénument, comme un benêt. Et voilà notre géostratège qui définit des priorités : aucune n’est française ; elles sont toutes mondiales. « Dans la recomposition géopolitique », « notre place est à trouver dans le système qui n’est pas un système français mais européen et mondial ». C’est là que se jouent « la sécurité, la souveraineté, l’influence ». Tout cela, y compris la souveraineté, ne peut donc être qu’européen et mondial ! Car « tout se tient » ! Admirable aphorisme, n’est-ce pas ? « Pour bâtir l’ordre nouveau », « l’esprit français » qui n’est autre que « l’esprit des Lumières », doit « animer le projet humaniste » qui orientera « la stratégie européenne » en vue de l’« ordre international ». N’est-ce pas sublime ? Il s’agit de faire « des avancées », c’est son mot, c’est même sa théorie : « il faut avancer vers l’avenir ». Evidemment, c’est un but !
Pas un mot des intérêts français ! Ce verbiage indéfini se situe dans la suite de tous ses discours aux allures prophétiques avec les mêmes dialectiques ressassées d’ouverture et de fermeture, d’universalisme et de nationalisme. À stigmatiser à tout bout de champ le nationalisme, il n’atteint en réalité que la seule nation française qui est, de fait, son unique ennemi. Il hait la France qui l’empêche « d’avancer » ! Il s’est juré de la faire « autre ». Comment serait-il possible avec de telles nuées de concevoir une honnête diplomatie et une politique nationale française ?
Plus de politique française au Proche-Orient. Macron sait-il seulement qu’Alep et Beyrouth étaient des villes où l’on se flattait de parler français ?
Et l’Afrique ? Y-a-t-il rien de plus outrageant que la manière dont il en parle, dont il convoque les chefs d’État ? Sait-il que cette Afrique profonde aime en réalité la France sous la souveraineté de laquelle elle a connu la paix, la sécurité, le développement spirituel et économique ?
En Europe, dans le monde, à force de chimères, il n’a plus d’amis. Même Merkel l’abandonne. Désormais chacun s’inquiète de ses discours et de ses plans.
Il se croit habile en rencontrant ses plus hauts homologues : Poutine, Trump, Merkel et les autres. À chaque fois il ne peut s’empêcher de donner à penser que, grâce à son génie lumineux, c’est lui qui va rendre son partenaire enfin intelligent. Qu’on se souvienne comme il s’est félicité lui-même après son sommet de Biarritz fin août ! À l’entendre, il avait réconcilié Trump et l’Iran, Poutine et l’Europe, l’Angleterre et la Commission européenne, les Gafa et le monde, l’écologie et l’économie. Même Pinault y était allé de son « Fashion Pact », bien dit en anglais pour donner une dimension globale à pareil engagement. Macron ne tarissait pas de louanges sur lui-même et, bien sûr, sur « ses équipes ». Que reste-t-il cinq mois après ? Ce serait grotesque si ce n’était tragique. La France entre ses mains est en péril.
Ivan Rioufol intitule son dernier essai qui vient de paraître aux éditions Pierre Guillaume de Roux, Les traîtres. Le qualificatif est juste. Macron n’est pas digne de la fonction qu’il exerce.