Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Antoine Assaf fut un élève, un disciple, un ami de Pierre Boutang. Dans cet opuscule il dresse un tombeau à celui qui fut son maître et qui, toute sa vie, s’est reconnu lui-même disciple. C’est une grande qualité d’être disciple, quand le maître ne gagne son titre et l’estime qui l’accompagne que par un don total de soi et du fond de l’âme à la vérité. Pierre Boutang occupa la chaire de métaphysique en Sorbonne où il sut d’Aristote à saint Thomas d’Aquin, comme, à l’étonnement des gens « qui savent », de Pascal à Maurras, tenir les deux bouts de la chaîne de la philosophie éternelle, celle de l’être, celle de la vérité, cette sagesse qui relie tous les biens fragiles, fugitifs, contingents et pourtant nécessaires au seul vrai bien, source de toute bonté, qui ne peut être que l’Absolu et l’Unique Nécessaire. Son ami Georges Steiner en comprit la portée et salua le philosophe qui s’affranchissait du néant. Le néant sartrien qui prétendait dominer l’époque.
Philosophe de la transmission et de la filiation tout autant que de la personne, Boutang, dans son Ontologie du secret, dit le mystère de l’être sans prétendre l’élucider, comme il en montre la finalité dans l’Apocalypse du désir, car tout est finalité, jusque dans la révélation de la grâce, autre mot du désir. Le Purgatoire, son roman le plus autobiographique, porte les marques indélébiles de ce combat de la grâce, le combat de l’Ange et de l’Homme. Car Boutang fut un lutteur, à la manière de son maître, Charles Maurras, qui le remit sur son chemin de bataille dans cette célèbre lettre qu’il lui écrivit pour l’aider à sortir d’un moment de découragement, l’un des plus beaux textes qui fut jamais écrit en faveur et dans l’espérance du bien, du beau et du vrai, « en avant de tous les déluges », que Boutang ne pouvait relire sans pleurer et que tout jeune homme de désir et de grâce devrait apprendre par cœur « face au triomphe des pires et du Pire ». Antoine Assaf sait exprimer toute la poésie de ce choix existentiel.