Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Un livre de Christian Authier vient de paraître sur Michel Déon et, une fois n’est pas coutume, je m’adresse à l’auteur : comprenne qui pourra…
Cher Monsieur,
Le livre de Michel Déon, Les Poneys sauvages fut et reste l’un de mes livres de chevet à partager avec La Carotte et le Bâton, Le Balcon de Spetsai et Mes arches de Noé.
Naturellement j’ai navigué sur les lignes d’autres auteurs, Jacques Laurent, Antoine Blondin et Kleber Haedens. Je ne suis pas étonné qu’au cours de vos études, vous ayez consacré votre « mémoire » à Drieu La Rochelle. Il reste un auteur majeur de sa génération et, à certains égards, supérieur à Brasillach. Trop obsédé par sa recherche intérieure, il lui a manqué le souffle qui animait son ami fidèle de toujours, André Malraux.
Vous appartenez à un Cénacle qui réunit les hommes de goût, épris de liberté, imprégnés de culture classique et surtout arborant au flanc gauche une rapière toujours prête à être dégainée. Dans votre ouvrage vous parcourez au galop l’œuvre et la vie de cet illustre académicien que fut Michel Déon. De chapitre en chapitre, soit vous analysez une des ses œuvres, soit vous tentez de saisir la quintessence de cet homme secret. Votre livre est une alternance de recensions et de développements thématiques sur son œuvre. Vous évoquez tour à tour ses voyages, les aventures romanesques qu’il en a tirées, mais surtout, en toile de fond, vous soulignez sa lucidité devant les événements historiques, la Résistance, la Collaboration, l’Épuration, la guerre d’Algérie, le mouvement de Mai 68 … et, à la genèse de sa création, vous rappelez son engagement auprès de Charles Maurras et son attachement à l’Action Française.
Il arrive que parfois, dans votre livre, et au cours de l’enchaînement de vos chapitres, le fil conducteur se suive plus difficilement. Mais, que voulez-vous, si je ne fais pas quelques réserves, il est des gens qui ne comprendraient pas des nuances qu’un tel personnage réclame pour être jugé correctement. En revanche, on ne saurait nier que vous vous êtes tellement impliqué dans l’étude de l’écrivain que parfois votre style d’écriture rejoint le sien. C’est un compliment. Par ailleurs, j’ai souvent lu des articles ou des essais au sujet des « Hussards », notamment celui de Bernard Frank, connu par une double page qu’il avait consacrée à Drieu La Rochelle, en attribuant le surnom de « Hussards » aux amis de Roger Nimier.
Votre chapitre Au galop des Hussards est un des meilleurs essais parus sur cette génération littéraire tant par sa concision que par la clarté de l’exposition.
Ironie du sort : malgré la terrible dictature de la Doxa intellectuelle et médiatique, il fut élu à l’Académie française. Et son roman Le taxi mauve fut pourtant adapté au cinéma par le réalisateur, Yves Boisset, qui incarna un cinéma de gauche, dans les années 1970 ; cependant à l’issue du tournage le metteur en scène se lia de sympathie avec lui. Et dernièrement « la reine Rouge » de Paris vient d’accepter sous la pression du monde littéraire que Michel Déon puisse bénéficier d’une sépulture à Paris.
Que les cavaliers de la littérature vous remercient pour votre « bouquin » que j’ai lu d’une traite. Avec plaisir et avec passion. Je crois les voir tous, la grande lignée bien française des « Hussards » qui vous saluent : Cardinal de Retz, Duc de Saint-Simon, Stendhal, Alexandre Dumas, Henri de Montherlant, Jacques Chardonne, Paul Morand, Roger Nimier, André Fraigneau, Antoine Blondin, Jacques Laurent, Kléber Haedens, Félicien Marceau, Jean Dutourd, Jean Raspail, Geneviève Dormann, et, en héritiers, Michel Houellebecq, Olivier Maulin, et Patrick Besson, puis d’autres en compagnons de route, comme Patrick Modiano, Françoise Sagan et, sans doute, en personnage principal qui les a tous appréciés, mais toujours dissimulé sous son masque… François Mitterrand.
Au-devant de cette cohorte, Michel Déon lève son sabre.