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Vivre en RDA

Autant il est fréquent de trouver des livres sur la seconde guerre mondiale, autant il est plus rare d’en lire sur l’ex République démocratique allemande, à tout le moins à travers des romans couvrant la fin de la guerre jusqu’à la chute du mur de Berlin et des mois qui ont suivi.

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Vivre en RDA

C’est donc sans surprise que ce livre a remporté un vif succès à sa sortie, peut-être parce qu’il fait œuvre de mémoire pour tous ceux à qui cette période semble presque étrangère ou trop lointaine, peut-être aussi parce qu’il fait la lumière sur tout un pan de l’histoire d’un pays qui, coupé en deux pendant 45 ans, a quasiment ignoré le sort de ses compatriotes de l’autre côté du Mur.

Au sein d’une Allemagne aujourd’hui réunifiée, prendre le risque de donner la parole à ceux qui ont fait des choix souvent incompris des générations suivantes était un pari osé. Pourtant Regina Scheer, elle-même militante et engagée en RDA, n’hésite pas à raviver ses souvenirs et à convoquer les destins particuliers de ceux qui ont vécu l’Histoire à travers la petite, au sein d’un roman choral où les personnages sont certes fictifs mais permettent d’éclairer avec finesse la situation des Allemands durant cette période.

Qu’ils soient réfugiés, socialistes, communistes, qu’ils aient rêvé à un monde meilleur après le nazisme ou qu’ils l’aient subi, qu’ils soient partis à l’ouest ou qu’ils soient restés, qu’ils se soient battus pour plus de libertés ou qu’ils soient entrés à la Stasi, une chose est sûre : les statuts de victime ou de traitres peuvent basculer rapidement de l’un à l’autre, les choix des générations passées sont rarement compris voire inconnus, et des événements de cette nature sont propices à briser des êtres, des vies et des familles.

Sur fond de saga familiale qui se déploie pour partie au sein d’un village appelé Marchandel, les souvenirs des différents personnages viennent s’imbriquer pour former une chronique de l’histoire allemande qui nous saisit et nous prend littéralement aux tripes. Spectateur impuissant et lecteur attentif, nous ne pouvons que redoubler d’humilité face à ces destins pris en étau malgré eux et qui inévitablement finissent par se demander : ai-je opéré le bon choix, comment serons-nous jugés par l’Histoire ?

 

Regina Scheer, Le chant du Genévrier. Actes Sud, 2024, 400 p., 23,90€

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