Cette crise pose mille questions politiques sur la nature de ce régime qui jette si facilement au caniveau les libertés qu’il prétend priser et s’installe avec délices dans ces états d’urgence interminables qui lui permettent de suspendre le cours normal des choses, la vie des citoyens et l’exercice raisonnable de leur jugement. L’une de ces questions cruciales est celle de la responsabilité. De quoi l’État est-il responsable ? De nous maintenir en vie, de nous éviter la ruine, de nous protéger des vérités déplaisantes, de nous garantir qu’Arte, décorée du label Nation apprenante, diffuse des programmes « reconnus contenu pédagogique par l’Education nationale » ?
À écouter les différents ministres, il semblerait que le gouvernement a pour mission sacrée de défendre sa politique, quelques acrobaties mentales que cela nécessite et quels que soient les démentis que la réalité impose, aujourd’hui ou demain. Ce confinement soudain et total était-il la bonne solution ou un masque jeté sur l’imprévoyance et l’indécision ? La responsabilité du gouvernement était-elle de prétendre éviter des morts – tout en condamnant les Ehpad – en bouleversant le pays entier ou d’administrer le pays en discernant le bon, le juste, l’acceptable et le nécessaire ?
Quand Marlène Schiappa, dans une France aux rues vides et aux maisons pleines, sauf à Villeneuve-la-Garenne, explique que le harcèlement de rue est toujours un délit et que les familles sont le lieu dangereux des plus grandes violences, quelle responsabilité prend-elle ? Sur quelle réalité s’appuie son sens du devoir et la compréhension de sa mission ? Et quand, au moment même où la France, terrorisée par la prétendue guerre déclarée au virus, en est réduite à laisser les gens mourir seuls, Olivier Véran, ministre de la Santé, s’inquiète de la baisse des avortements, quelle responsabilité prend-il et de quelle responsabilité témoigne-t-il vis-à-vis des vies qui, prétendument, justifient que le pays entier soit mené à la ruine ? Et quelle responsabilité prennent les Français en acceptant si vite, et avec de nouveaux rituels crétins, leur privation de libertés ?
Responsabilité individuelle, personnelle, collective, étatique, cette question traverse tous nos étonnements et toutes nos réflexions.