Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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En cette période de Noël, élevez-vous l’âme en lisant la vie d’un saint contemporain qui eut à affronter la persécution communiste. Il n’est plus guère de mode aujourd’hui d’en parler. Les grandes figures catholiques des pays qui ont eu à subir cet effroyable martyre ont été, pour ainsi dire, effacées de la mémoire collective, terriblement sélective, d’une opinion publique manipulée par des medias toujours gauchardisants, même et, peut-être, surtout à l’intérieur de l’Église. Qui parle, qui se souvient, même après leur béatification, des Mindszenty, des Wyszynski, des Stépinac, en dehors de leur pays d’origine ; n’évoquons même pas les héroïques catholiques chinois fidèles à Rome et, pour ainsi dire, abandonnés, sinon méprisés, par les stratèges romains de la coexistence pacifique. Même la superbe figure orthodoxe d’un Soljénitsyne ne demeure plus celle du plus pur, du plus absolu adversaire de la Révolution sous tous ses modes opératoires, totalitaires ou d’apparence libérale ; tout est fait de nos jours pour la réduire au concept sagement humain d’un conservatisme bourgeois. C’est oublier l’essentiel : l’âme ! La force mystique de l’âme qui a choisi Dieu exclusivement. C’est ce que n’oublie pas Anne Bernet ; c’est ce qui la guide dans la biographie qu’elle vient de consacrer chez Tallandier à François-Xavier Nguyen Van Thuan, devenu le cardinal Thuan, qui, lui aussi, connut les atrocités du système communiste au Vietnam et dont la cause de béatification est en cours à Rome.
Anne Bernet nous plonge dans la réalité profonde du catholicisme vietnamien où depuis le XVIIe siècle la France, les missionnaires français des Missions étrangères de Paris ont tenu un si grand rôle. Cette biographie ne se résume pas : elle se médite.
Il y avait une chrétienté vietnamienne au Tonkin comme en Annam et en Cochinchine, forte, organisée, qui était sortie victorieuse des terribles persécutions du XIXe siècle. De puissantes familles en étaient issues dont les Ngo Dinh d’où proviendront le futur président Diem et toute sa famille ; Nguyen Van Thuan en faisait partie par sa mère. Profondément catholiques, amies de la France historique et catholique, ces familles fidèles qui, grâce à leur éducation et leur élévation jusqu’au plus près du trône impérial, avaient un rôle social important, avaient du mal à cohabiter avec une puissance coloniale protectrice comme la IIIe République, maçonnique dans son essence, révolutionnaire dans son esprit, destructrice des traditions et des mœurs. D’où des rejets.
Ce fut extrêmement dommageable pour la présence française. On se prend à rêver ! Mais quelle merveille d’éducation reçue par le jeune futur héros qui parle toutes les langues, qui apprend tout, qui sait tout. Jeune prêtre et professeur, jeune curé, il passe les horreurs et difficultés de la Seconde Guerre mondiale où le communisme va peu à peu prétendre s’imposer comme la force de libération nationale : ses chefs implacables sont sortis des formations républicaines françaises ! La France punie par elle-même.
Lui maintient sa ligne de plus en plus spécifiquement catholique, dans un Vietnam sans cesse dans la tourmente. Accords de Genève, accords de Paris, le voilà jeune évêque de Nha Trang, bientôt nommé coadjuteur à Saïgon au moment où tout s’écroule, où ses oncles sont assassinés ou condamnés à mort avec la complicité des Américains. Alors commence un effroyable calvaire pendant que les journalistes gauchards de la presse bourgeoise occidentale célèbrent les succès communistes au Vietnam, au Laos, au Cambodge. Il subit le pire pendant plus d’une décennie. Sa grandeur d’âme se révèle ; il retourne ses geôliers. Il poursuit son apostolat dans toutes les conditions, écrit de manière clandestine des œuvres mystiques. Finalement libéré grâce à Jean-Paul II, il finira à Rome à la tête du dicastère Justice et Paix qui ne sera pas entre ses mains un instrument de perversion progressiste, mais, comme le voulait Jean-Paul II, un outil au service de la vraie foi. Rien jamais ne l’arrêtera jusqu’à sa mort en 2002.
Voilà une biographie dont Anne Bernet a le secret. La spécialiste de la Chouannerie, auteur de dizaines de vies de saints et de héros comme Charette, a su rendre dans toute sa clarté l’intense vie, totalement donnée, de cet évêque qui voulut toujours dire non au communisme marxiste sous toutes ses formes. Un livre à offrir à Noël.