Les anciens des Colloques Maurras qui se déroulèrent à l’Institut d’Études politiques d’Aix en Provence de 1968 à 1976, se souviennent de cette personnalité étonnante et rayonnante qui les animait, l’ami Victor Nguyen.
Il était apprécié et estimé à sa juste valeur par tous les participants à ce colloque et également par tous les membres des différents organismes ou mouvements auxquels il collaborait comme l’Action française de l’époque, la revue Anthinéa qu’il avait créée dans le cadre de l’université de Nanterre avec celle qui fut son épouse, Elisabeth de Pusy La Fayette, les cahiers des Études maurrassiennes qui publiaient les Actes de ces colloques prestigieux, la revue Politica Hermetica avec Jean-Pierre Brach et Jean-Pierre Laurant. Grâce à la ténacité de ce dernier et d’Elisabeth, les éditions Alcor ont publié un ouvrage commémoratif. La présentation en est simple et élégante, et les textes qui illustrent l’homme et l’œuvre donnent une idée de la tâche à laquelle s’était consacré Victor. Son idée était de donner la compréhension la plus complète du « Maurras avant Maurras », c’est-à-dire, avant 1900, et donc d’une certaine manière de l’Action française avant l’Action française.
C’était le sujet de sa thèse. Comme il était scrupuleux et d’une méticuleuse précision, le travail devenait titanesque et le chantier en continuelle élaboration. Le CNRS ne renouvela pas son accréditation, alors que tout le monde savait l’œuvre prodigieuse qu’il accomplissait et qu’il ne cessait par ailleurs de publier. Discret mais fier, meurtri et désemparé, il mit fin à l’expérience et à l’épreuve, c’est-à-dire à sa propre vie en 1986, alors que sa thèse inachevée prenait sa forme définitive. Dans ce malheur, il eut des amis. René Rancœur, savant bibliothécaire, homme éminent, se mit à l’ouvrage pour présenter et finaliser cette immense recherche sous forme d’un volume et avec l’aide de Pierre Chaunu, l’historien célèbre, qui regrettait le choix absurde du CNRS, la fit publier par les éditions Fayard sous le titre « Aux origines de l’Action française, intelligence et politique à l’aube du XXe siècle ». Au final, c’est l’œuvre la plus complète qui ait jamais été réalisée sur un tel sujet. Remercions-les. Les textes de Chaunu, de notre ami Michel Michel qui resitue Victor dans ses recherches hermétiques, de Victor lui-même, d’Elisabeth de Pusy Lafayette, de Jean-Pierre Laurant, donnent à Victor Nguyen toute la haute place qu’il mérite. J’ai ajouté ma note personnelle sur le Chemin de Paradis, qui peut s’écrire avec un C et un P majuscules, en hommage à ce vieil ami trop tôt disparu et qui s’était si vivement intéressé aux aspects mystérieux de la personnalité de Charles Maurras.
Victor Nguyen sur le Chemin de Paradis, Éditions Alcor, 125 pages, 20 €
