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Vérités assénées

Quel plus beau refuge que la littérature ?

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Vérités assénées

Et quelle meilleure manière de connaître le monde ? Et quel plus beau désir que de bien écrire pour donner à voir, sentir et comprendre le monde ? Et quelle plus amère déconvenue qu’un livre mal écrit ou une réputation indue ? Pierre Mari sait tout cela. Pour lui, la littérature est une religion, une passion, une ascèse, un savoir, un combat. Les mauvais livres ne lui tombent pas des mains, il les empoigne et les met à mort, avec un sens consommé du rythme, une science de professeur et une passion maîtrisée de saint espagnol. On croirait voir un théologien toréer une hérésie naissante. Qu’il s’agisse d’auteur connus (Emmanuel Carrère : « il serait plus exact de parler de néant stylistique, ou d’obstination à raser les trottoirs de la banalité. »), de documents officiels (Lettre ouverte aux auteurs du rapport sur l’intégration – décembre 2013 : « Votre “optimisation du vivre-ensemble”, je n’en veux pas. […] la société française n’est ni un logiciel ni un moteur de voiture dont on peut espérer augmenter les performances. »), du « mariage pour tous » ou d’un rond-point saccagé, Mari frappe vite et juste et ne retire que très lentement la lame qu’il vient de pousser au cœur de la mauvaise œuvre, de l’attitude hypocrite et de la pensée creuse. On imagine les cibles suffoquer à le lire, si précis dans ses attaques au style classique animé d’une fièvre rageuse, celle de qui sait avoir raison sans espoir mais persiste, sans dépit, par principe et pour l’honneur de la langue française, ou de la France, à dénoncer les fausses gloires et les vrais renoncements.

Pierre Mari, Contrecœur. La Nouvelle Librairie, 2021, 284 p., 17,50 €.

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