Rejetant les pratiques modernes tournées vers le paraître et la quantité, refusant les propos faciles qui condamnent le vin, il invite au contraire à retrouver le sens véritable du vin, ce qu’il est vraiment, ce que nos anciens appelaient la boisson des dieux. Pour faire et tenter de comprendre un vin, il faut de l’humilité : issu d’un terroir particulier, le temps et le silence lui donnent corps ; le travail du vigneron, son savoir-faire ancestral façonnent avec délicatesse la vigne, puis le raisin et enfin ce jus délicat qui ne va cesser de se transformer avant de devenir du vin. Chacun peut alors partir à la découverte, car il s’agit bien d’une découverte dans ces instants où goûter le vin transporte et élève. Des surprises, des plaisirs profonds dépassent le simple savoir revendiqué par de prétendus spécialistes. Goûter, c’est prendre du temps, se laisser gagner par une émotion. Le rapport se fait d’abord personnel, mais invite aussi au partage, car le vin réunit amis et amateurs, qui donnent de ce vin une perception différente et complémentaire.

L’auteur n’hésite pas à comparer le travail du vin avec la construction des églises et des cathédrales. Comme elles, le vin relie les mondes visible et invisible. Il conduit vers l’impalpable. Mais il s’agit bien ici de vin, fruit du travail des hommes ancrés dans un terroir et non pas d’un produit abstrait issu de techniques et d’analyses en laboratoires. Au fond, et l’auteur y insiste, le vin est l’expression d’une culture profonde, dont la France est l’héritière privilégiée. Sans doute faut-il y voir la cause profonde des attaques sournoises dont le vin, et le vin français en particulier, a été et est toujours l’objet. Goûter le vin est une rencontre lumineuse ouverte à tous. À chacun de la saisir. Ce livre nous invite à cette aventure tout humaine.

Bruno Quenioux, La vie mystérieuse du vin. Cherche Midi, 2018, 194 p., 19 €.